Par

Guillaume Laurens

Publié le

31 juil. 2025 à 17h54

Quand une association de défense des animaux traîne un magasin de sport devant la justice… Après s’est mobilisée devant l’établissement ces derniers mois, l’association PAZ (Projet animaux zoopolis) annonce en effet avoir déposé plainte mercredi 30 juillet 2025 auprès du Tribunal judiciaire de Toulouse contre le Decathlon de Colomiers, aux portes de la Ville rose. 

La vente de poissons vivants ne passe pas

Pourquoi une telle association vise Decathlon ? L’enseigne de sport préférée des Français dispose d’un rayon pêche, où elle vend — dans certains de ses magasins — « des poissons vivants appartenant à des espèces domestiques et destinés à servir d’appâts vivants dans le cadre de la pêche de loisir », développe l’association de défense de la cause animale. Or, et, d’après elle, « tout laisse à penser qu’il n’a pas les autorisations nécessaires pour cela ».

PAZ demande à ce qu’une enquête judiciaire soit diligentée par l’OFB de Haute-Garonne, administration compétente en matière d’animaux non domestiques, et que le magasin soit fermement condamné si l’infraction est confirmée.

L’association Paz

Le siège social de Decathlon aussi visé

La plainte vise également le siège social de Decathlon France, basé dans le Nord, « qui ne peut ignorer la réglementation en vigueur concernant son activité commerciale », poursuit l’association, qui s’étonne que l’enseigne « s’entête à maintenir la vente de poissons et crabes vivants non domestiques dans un certain nombre de ses établissements ».

« Cela fait des années que PAZ dénonce le fait que Decathlon vend des poissons et des crabes vivants destinés à être torturés », soulève Amandine Sanvisens, cofondatrice de Paz.

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Aujourd’hui, nous découvrons que l’enseigne n’a pas les autorisations nécessaires pour effectuer cette vente. Pourquoi l’État a-t-il laissé faire ? Il est temps de mettre définitivement un terme à ce commerce cruel et illégal. 

Amandine Sanvisens
Cofondatrice de l’association Paz

Légende photo : Les poissons vivants vendus au Decathlon de Colomiers (ci-dessus, en mai 2025 ne sont pas du goût de cette association
Légende photo : Les poissons vivants vendus au Decathlon de Colomiers (ci-dessus, en mai 2025 ne sont pas du goût de cette association (©PAZ)« Détenir un certificat de capacité »

L’association explique avoir « récemment appris que la vente de poissons/crabes vivants pour la pêche au vif était réglementée par l’arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles de détention d’animaux d’espèces non domestiques ».

Cela signifie que les magasins qui souhaitent faire ce commerce doivent détenir les autorisations nécessaires, notamment un certificat de capacité. Or, l’obtention de ce document exige une expérience professionnelle avec les espèces concernées de plusieurs années dans un établissement ayant lui-même les autorisations, par exemple une pisciculture.

L’association Paz

D’autres ratés ailleurs en France

Or, « en Haute-Garonne, la DDPP (Direction départementale de la protection des populations, service de l’État, NDLR) ne nous a pas transmis ces documents », s’étonne l’association, qui dit les avoir reçus pour les établissements d’autres départements, où elle avait pointé la même problématique. Et de conclure : « Il apparaît donc hautement probable que l’établissement Decathlon Colomiers n’en est pas détenteur ».

Toujours d’après Paz, ailleurs en France, d’autres services de l’État « nous ont confirmé que les établissements Decathlon qui vendaient des animaux vivants non domestiques dans leur département ne détenaient pas les documents requis ». Un « délit pénal » rappelle l’association, qui est « lourdement sanctionnée par le Code de l’environnement ». D’où sa demande qu’une enquête judiciaire soit diligentée à Colomiers.

Légende photo : Lors d'une mobilisation de l'association PAZ devant le Decathlon Colomiers le 21 juin 2025
Légende photo : Lors d’une mobilisation de l’association PAZ devant le Decathlon Colomiers le 21 juin 2025 (©PAZ)Decathlon défend « la liberté de choix » du client

L’enseigne de sport ne respecte-t-elle pas la législation en la matière, comme le dit l’association ? Et alors que certains magasins ont arrêté de les vendre, entend-elle continuer à commercialiser ces poissons vivants dans les magasins concernés ? « Nous ne commentons pas les procédures en cours », évacue Decathlon, interrogé par Actu Toulouse. Elle assure toutefois développer des alternatives « plus efficaces » :

Depuis plusieurs années, Decathlon est engagé dans la recherche, le développement et la vente de leurres de haute qualité, offrant des alternatives de plus en plus efficaces à la pratique traditionnelle de la pêche aux vifs.

Decathlon

« Respectant la liberté de choix de nos clients, nous les informons sur les avantages environnementaux des leurres et les encourageons à envisager ces options dans le cadre de leurs activités de pêche », ajoute Decathlon, qui revendique prendre le temps de ‘convertir’ sa clientèle : « Pour être durablement ancrée dans les pratiques, nous sommes convaincus que cette transition requiert une approche progressive et pédagogique ».

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