200 chauves-souris ont été euthanasiées. Elles étaient issues de l’ancienne serre amazonienne du zoo du Lunaret à Montpellier. La décision remue Ecologistes et défenseurs de la cause animale.

© Illustration. Chauves-souris euthanasiées à Montpelier. .

« Je suis écœuré », déplore Rémi Gaillard, activiste emblématique de la cause animale et candidat aux municipales à Montpellier en 2020. La décision actée par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, dans le cadre d’un arrêté de la Ville en date du 3 février 2025, provoque une levée de boucliers. 200 chauves-souris ont finalement été euthanasiées à Montpellier. Elles étaient issues de l’ancienne serre amazonienne du zoo du Lunaret qui a dû fermer suite à une mise en demeure préfectorale, sa dégradation ne permettant plus la sécurité du public ni des animaux. La préfecture a demandé en 2024 de trouver une autre solution d’hébergement pour les chauves-souris, alors placées dans un endroit provisoire en attendant d’être transférées, car le « bâtiment était inadapté à leurs besoins physiologiques ».

« J’avais depuis contacté moi-même près de mille institutions »

Eddine Ariztegui, adjoint du maire de Montpellier, élu du Parti animaliste, travaillait sur des solutions pour accueillir ces mammifères. « Lorsqu’il m’avait été proposé de mettre à mort les chauves-souris, j’avais refusé car il était possible de les sauver. J’avais depuis contacté moi-même près de mille institutions à travers le monde. Grâce à ces recherches, 80 sont parties à Berlin; 50 autres sont parties dans une institution française en début d’année », liste Eddine Ariztegui. Lequel dit avoir également demandé la création d’un enclos adapté au sein du zoo, mais déplore des financements « jamais été validés ». Il poursuit : « J’ai été scandalisé d’apprendre que les 200 chauves-souris restantes ont été gazées, de surcroît sans que j’en sois informé. Il n’y avait aucune raison, car elles étaient placées provisoirement dans un bâtiment. Elles représentaient la moitié des animaux du zoo ! » 

Eddine Ariztegui dit saisir le tribunal administratif

Selon Eddine Ariztegui, la préfecture n’avait pas fixé d’ultimatum et laissait rechercher des solutions alternatives pour les reloger. « Cette décision s’inscrit en totale contradiction avec la délibération adoptée l’année dernière par le Conseil municipal de Montpellier refusant l’euthanasie pour des raisons non médicales (appelée culling) », abonde l’adjoint du maire qui dit saisir le tribunal administratif pour contester cette décision d’euthanasie. Le protocole choisi était respectueux des animaux, précise la Ville de Montpellier dans un communiqué.

« Cela m’est insupportable ! »

Rémi Gaillard a le haut-le-cœur. « Voilà exactement pourquoi j’ai refusé de collaborer avec M.Delafosse lorsqu’il m’a fait la proposition il y a cinq ans de gérer cette délégation. Je ne veux pas être complice de cette tartufferie à laquelle participe Eddine Ariztegui », clarifie l’activiste de la cause animale. Il poursuit : « M.Delafosse devait trouver une solution, il en a trouvé une finale… Au départ, il est contre la corrida, finalement on s’aperçoit qu’il est en faveur. Cela m’est insupportable cette complicité politique entre des partis qui se disent animalistes mais qui viennent chercher uniquement des indemnités ».

« Eddine Ariztegui doit démissionner »

« Vous allez voir, M.Delafosse va bientôt communiquer sur un virus chez les chauves-souris qui aurait justifié cette euthanasie, je le sens arriver ça… », projette Rémi Gaillard qui précise avoir été contacté par son avocat Jean-Robert Phung. « Il m’a demandé de réunir les preuves et arrêtés pour voir quoi faire juridiquement. Je précise que c’est tout le temps moi qui le contacte, c’est la première fois qu’il me contacte de son propre chef sur un sujet spécifique. Delafosse fracasse toute l’écologie », tranche-t-il.

« J’ai demandé à Peta France que le prix soit retiré à la Ville »

Le 13 mars 2025, Montpellier a reçu le prix de « Ville respectueuse des animaux » décerné par Peta France, saluant son « engagement contre la maltraitance animale », notamment par l’interdiction des tournages avec des animaux sauvages captifs. « C’est ridicule, ce sont des décisions politiciennes d’affichage. Regardez ce qu’il fait derrière avec les chauves-souris… J’ai appelé Péta France ce matin afin de leur demander de retirer ce prix à la Ville« , indique Remi Gaillard qui appelle Eddine Ariztegui à « démissionner ». Le même conclut : « gesticuler et prendre des indemnités, ça sert à quoi ? ».

Jean-Louis Roumégas : « Il s’agit d’un scandale et d’une faute grave »

Jean-Louis Roumégas, candidat EELV à Montpellier en 2026, s’est également emparé du sujet : « Il s’agit d’un scandale et d’une faute grave. D‘abord parce que le maire a signé un arrêté ordonnant ce massacre. Comment peut-on signer un tel arrêté sans trembler ?  Sans poser des questions ? C’est d’autant plus choquant qu’il y a un adjoint en charge de la question animale qui travaillait à des solutions et que la décision a, semble-t-il, été prise dans son dos« . Le député Ecologiste fait un parallèle : « On avait dénoncé cette même méthode pour la gestion des déchets quand le choix d’un incinérateur à CSR a été préparé dans le dos et contre la volonté de François Vasquez ».

Philippe Saurel écrit au préfet

Philippe Saurel, élu d’opposition (Montpellier citoyens), interroge : « que l’on n (courous dise pas que les chauves-souris étaient porteuses du Covid ou d’autres pathologies dangereuses pour les Montpelliérains, sinon pourquoi avoir attendu tout ce temps pour les éliminer ? ». L’ancien maire-président de Montpellier réclame auprès du préfet de l’Hérault (courrier de ce 30 juillet 2025) une enquête sur les « responsables de cette éradication ».