Le Pipa était en concurrence avec le territoire de Belfort, et surtout avec le Québec, «puisque le Canada promettait une énergie à bas coût grâce à ses centrales hydroélectriques amorties depuis longtemps», dévoile Laurent Wauquiez, qui a suivi le dossier de près.
Raccordement électrique accéléré et subventionné
Safran à 30 minutes de Lyon : c’était loin d’être gagné. Pour rappel, la métropole de Lyon avait réservé une friche de 15 hectares à l’industriel déjà présent à Villeurbanne. Mais celui-ci avait mis son projet d’usine entre parenthèses à l’automne 2022. Quelques mois plus tard, lassé de geler ce terrain, Bruno Bernard, président écologiste de la métropole de Lyon, avait annoncé qu’il récupérait ces terres pour y implanter un village d’entreprises autour de la chimie durable, des matériaux et de l’environnement. La métropole espère ainsi générer 700 emplois à l’horizon 2027-2028. Du côté de Safran, pas de réaction officielle à ce changement de cap, à l’époque. Mais cette rupture a sans doute alimenté l’agacement d’Olivier Andriès à l’égard des villes dirigées par les écologistes.
Ces derniers mois, le Territoire de Belfort et surtout le Canada semblaient favoris. Selon le gouvernement, la France a mis dans la balance un « effort considérable » sur le raccordement électrique par une subvention de 15 millions d’euros, alors que la région s’engage sur environ 16 millions d’euros. Le délai du raccordement aux réseaux de transport d’électricité RTE, point clé pour Safran, a été raccourci à 45 mois pour ce projet contre 60 mois habituellement.
Modération fiscale
Enfin, le Parc industriel de la plaine de l’Ain (Pipa), qui est la plus grande zone industrielle de la première région industrielle de France, dispose encore d’une réserve foncière alors que la région lyonnaise voisine n’en a plus, hormis des friches. De plus, elle vante sa modération fiscale. «Seules nos bases évoluent, les taux sont les mêmes depuis la création du parc», assure Jean-Louis Guyader, président (DVD) de la communauté de communes de la Plaine de l’Ain, un amoureux de l’industrie qui a fondé un bureau d’études dans l’acoustique. «La région AURA n’a pas appliqué non plus le versement mobilité ouvert aux régions, alors que la région Bourgogne Franche Comté l’a fait», souligne Laurent Wauquiez.
Il restera à régler la desserte de ce secteur qui accueille quelque 9000 salariés, qui viennent essentiellement en voiture. «Nous espérons obtenir un nouvel échangeur sur l’A42 ainsi qu’une augmentation de capacité du pont de Loyettes qui relie les départements de l’Ain et de l’Isère», dit Daniel Fabre, maire (Horizons) d’Ambérieu-en-Bugey, vice-président économie de l’intercommunalité.
Enfin, concernant les recrutements, la région et la CCPA ont mis en place un campus de l’aéronautique au lycée d’Ambérieu-en-Bugey, validé par le Rectorat, et qui dispense déjà des formations. Cela devrait faciliter la vie des RH de Safran, d’autant que le défi est de taille. Avec la montée en puissance des EPR 2 au Bugey, et la présence de 180 entreprises sur le Pipa, ce bassin de vie est quasiment au plein emploi. Le taux de chômage est inférieur à 5%. «La région accompagnera les dispositifs de formation, y compris financièrement», promet Laurent Wauquiez.