Par

Lisa Rodrigues

Publié le

1 août 2025 à 6h46

L'association Lazare propose des colocations solidaires entre jeunes actifs et personnes sans-abri en France et dans le monde. L'une d'entre elle est en projet sur Grenoble.L’association Lazare propose des colocations solidaires entre jeunes actifs et personnes sans-abri en France et dans le monde. L’une d’entre elle est en projet sur Grenoble. (©Document remis à actu Grenoble – Association Lazare)

« Plus que d’un toit, ces personnes ont besoin d’un lien social pour repartir de l’avant. » Gratien Regnault est directeur développement à l’association Lazare. Son travail : aider les bénévoles à développer des colocations solidaires entre des jeunes actifs et des personnes sans-abri.
Aujourd’hui, il existe 15 « maisons » en France et l’une va être créée prochainement à Grenoble. Les recherches immobilières sont en cours. L’association espère ainsi accueillir « dans quelques mois » ses premiers colocataires.

« Il y a un vrai besoin à Grenoble »

À l’origine du projet grenoblois, il y a une petite équipe de bénévoles, qui a commencé à travailler sur le sujet il y a près d’un an. « La volonté est venue du terrain, résume Gratien Regnault. On n’a pas vocation à être présent dans toutes les villes de France, mais il y a un vrai besoin à Grenoble. »

Pendant plusieurs mois, les bénévoles explorent le terrain, prennent de premiers contacts avec des associations et travailleurs sociaux, et s’assurent de la possibilité de développer la colocation.

Il faut s’assurer d’avoir un vivier de familles prêtes à prendre la tête de la maison, un vivier de jeunes actifs et savoir si on répond à un besoin social.

Gratien Regnault
Directeur développement de l’association Lazare

Tous les feux étant au vert sur Grenoble, la direction de l’association valide le projet.

L’association Lazare, c’est quoi ?

L’association Lazare, créée par Étienne Villemain, ancien journaliste à l’hebdomadaire Famille chrétienne, va fêter ses 15 ans d’existence. Elle dispose aujourd’hui de 15 maisons en France – la première a d’ailleurs été ouverte à Lyon -, mais aussi de logements en Espagne, Belgique, Suisse et au Mexique.
En 2024, l’association a accueilli 352 personnes dans ses maisons et a permis d’éviter 28 599 nuitées passées à la rue.

Il ne manque plus que la maison

Problème : après presque un an de recherche, ils n’ont toujours pas trouvé de maison. « On a des pistes, mais elles n’avancent pas. »

Leurs critères sont précis : la maison doit être à proximité du centre-ville, faire entre 400 et 500 m², et avoir un jardin. Car outre les colocataires – jusqu’à une vingtaine par maison, avec une colocation de femmes et une d’hommes -, il y a aussi des espaces communs et un appartement pour accueillir la famille responsable de la maison, qui change tous les trois ans. Des studios peuvent aussi être aménagés pour « un retour progressif à l’autonomie » des personnes sans-abri accueillies.

« Ça fait un an qu’on galère : Grenoble, en termes immobilier, ce n’est pas simple« , reconnaît Gratien Regnault. Alors, pour démarrer et en attendant de trouver mieux, l’association Lazare est prête à voir un peu plus petit, « sur du 300 m² environ pour avoir une famille avec une colocation seulement » non mixte. 

Des colocataires sélectionnés pour « leur état d’esprit »

Ce ne sera qu’une fois la maison trouvée que la sélection des colocataires se fera. « Pour les jeunes actifs, on s’assure qu’ils ont envie de venir pour les bonnes raisons. Il faut avoir le bon état d’esprit, se prêter au jeu, et pas uniquement venir pour une question financière », le loyer étant plus bas que dans le privé.

Les colocations Lazare, non mixtes, voient cohabiter de jeunes actifs et des personnes sans-abri. 15 maisons abritant des colocations de ce type sont en activité en France.Les colocations Lazare, non mixtes, voient cohabiter de jeunes actifs et des personnes sans-abri. Quinze maisons abritant des colocations de ce type sont en activité en France. (©Document remis à actu Grenoble – Association Lazare)

Côté personnes sans-abri, la sélection se fait avant tout avec les associations et travailleurs sociaux locaux.

Lazare est une solution parmi d’autres à la grande précarité, mais on n’est pas là pour faire à la place de ceux déjà en place.

Gratien Regnault
Directeur développement de l’association Lazare

Des psychologues et soignants peuvent accompagner ces habitants aux besoins particuliers, avec des trajectoires de vie souvent difficiles, voire des problématiques de santé mentale. « Les jeunes actifs qui viennent vivre avec eux ne sont pas dans une posture d’aidant ou de sauveur, insiste le salarié de l’association. Ce n’est pas ça l’esprit Lazare. »

Concernant le projet sur Grenoble, malgré le contretemps immobilier, les bénévoles restent confiants. « On est convaincus du projet, on y arrivera ! »

Pour rejoindre une colocation, se renseigner sur les activités de l’association ou faire un don, rendez-vous sur le site internet de Lazare.

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