Malgré son ambition artistique, Shelly (Pamela Anderson) n'a pas peur de regarder sa vie de danseuse de cabaret bien en face dans "The Last Showgirl".Malgré son ambition artistique, Shelly (Pamela Anderson) n’a pas peur de regarder sa vie de danseuse de cabaret bien en face dans « The Last Showgirl ».

L’originalité du film de Gia Coppola tient dans son propos et son regard plein d’empathie, porté à hauteur de femmes (Shelly et ses collègues Jodie et Mary-Anne). Un regard glissé dans les coulisses et le quotidien d’une danseuse campée droit sur ses talons, ni aigrie, ni défaitiste. Le résultat est un film touchant et éclairant, sans une once de misérabilisme, magnifié par une photographie emplie d’humanité, riche en contrastes et en cadrages audacieux. Cette façon de filmer l’envers du décor de Las Vegas dans une lumière fuyante ou rasante, souvent à contre-jour, confère un parfum de fin de règne à The Last Showgirl.

Mettre en avant son physique ou l’artistique ?

Réalisé par Gia Coppola (Mainstream, Palo Alto), petite-fille de Francis Ford et nièce de Sofia Coppola, sur le scénario de Kate Gersten, d’après sa pièce originale, le film capture la face cachée du rêve américain et du scintillement de Vegas. Lorsque le spectacle s’arrête, chacun se retrouve face à la réalité des choix faits tout au long de son parcours – souvent désapprouvés par la famille – , des décisions qui ont forcément des conséquences aujourd’hui.

Le choix de Pamela Anderson, pin-up télévisuelle, pour camper Shelly est évidemment éminemment symbolique en raison du rapport à la beauté et au vieillissement des corps entretenu par Hollywood. L’actrice pose depuis longtemps la question de la portée de l’art et pas seulement du côté purement sexy et divertissant de ses rôles.

Découvert en maillot de bain rouge très échancré sur les plages de Malibu dans la plus célèbre série de sauvetage en mer de l’histoire de la télévision (Baywatch ou Alerte à Malibu), le physique plantureux de Pamela Anderson a beaucoup joué dans son parcours notamment à travers son nombre record d’apparitions en « Une » du magazine Playboy.

L’actrice donne toute la mesure de son talent dans ce rôle de danseuse de cabaret, en fin de carrière, dont la meilleure amie est une serveuse de cocktails extravertie bossant au cœur d’un casino. Un rôle dans lequel l’actrice Jamie Lee Curtis (66 ans) fait miroiter son légendaire sens de la repartie. À deux, elles forment un duo digne des iconiques Thelma et Louise, défiant les attentes des hommes et de la société tout entière, en balayant d’un revers de la main les prescrits et les interdits.

À travers ce rôle périlleux, Pamela Anderson prouve la pertinence de ses choix : ce 21e film met en lumière sa sensibilité, son intelligence émotionnelle, son sens de la dérision et sa formidable capacité d’empathie.

The Last Showgirl Portrait en lutte De Gia Coppola Scénario Kate Gersten Avec Pamela Anderson, Jamie Lee Curtis, Kiernan Shipka, Brenda Song, Billie Lourd… Durée 1h29