Plusieurs associations et collectifs de riverains appellent à ouvrir une halte soins addictions, dite «salle de shoot», à Marseille. Certains habitants se disent victimes collatérales du blocage de ce projet depuis plus d’un an.
Plusieurs associations et collectifs de riverains du centre de Marseille réclament des moyens, et notamment l’ouverture d’une HSA (Halte soins addictions) dans la deuxième ville de France, dénonçant la dégradation rapide de la situation des personnes en grande précarité et consommatrices de drogues.
«Pour la première fois, associations et collectifs de riverains ont décidé de joindre leurs forces», dans l’espoir «d’être enfin entendus», ont écrit jeudi dans un communiqué conjoint des riverains et plusieurs associations de prévention comme Médecins du monde.
Nous demandons la «reprise des discussions concernant l’implantation d’une HSA», un projet suspendu en janvier 2024, écrivent-ils. Les signataires du communiqué affirment que les associations travaillant dans le centre-ville «constatent toutes depuis 2023 une hausse sans précédent du nombre de personnes qui ont besoin d’accompagnement médico-psycho-social sur le long terme».
Des riverains, victimes collatérales
Ils expliquent également que le nombre de consommateurs de drogues «ultra-précarisés» a doublé en centre-ville depuis 2023, faute notamment de «structures permettant une consommation supervisée ouvrant une porte vers le soin» et en l’absence «d’une réelle politique d’accès au logement».
Les habitants des quartiers concernés deviennent des «victimes collatérales d’une politique des drogues aussi archaïque qu’inopérante» et les «tensions» entre riverains et personnes à la rue s’accroissent, déplorent également les signataires.
Indiquant avoir été reçues par la préfecture des Bouches-du-Rhône le 15 juillet, les associations déplorent le fait qu’«aucune annonce spécifique» n’ait suivi et qu’«aucun moyen concret n’ait été mis sur la table», en dehors d’un communiqué exclusivement axé sur «la lutte contre le narcotrafic et la délinquance en centre-ville».
Suspendu en 2024
Le projet d’HSA, qualifiée souvent de «salle de shoot», avait été suspendu en 2024 «sur pression du ministère de l’Intérieur et d’une poignée d’opposants», regrettent les signataires du communiqué, en demandant par ailleurs la «mise en place d’une politique ambitieuse d’accès au logement pour les publics les plus précarisés» et la «réouverture de centres médico-psychologiques».
Lancées il y a 40 ans en pleine épidémie de sida, les HSA sont aujourd’hui une centaine en Europe, mais seulement deux en France, à Paris et Strasbourg, qui arrivent fin décembre au terme d’une phase d’expérimentation.
Dans les villes où elles ont été installées, les HSA ont permis de réduire «de façon drastique les risques liés à l’usage de drogue et les problématiques de tranquillité publique pour les habitants des quartiers concernés», font valoir les signataires du communiqué.