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Rédaction Fiches du cinéma

Publié le

1 août 2025 à 9h00

Dimanche 3 août 2025, à 18h : Jean de la Lune (à partir de 4 ans)

Adapté du conte imaginé et dessiné par Tomi Ungerer, Jean de la Lune est un film d’animation à la fois fidèle et inventif. À partir d’une idée toute enfantine il développe l’histoire poétique d’un apprentissage et exalte la force de l’amitié vraie.

Le résumé

En revenant en voiture du cinéma en plein air avec son père et son chien, une petite fille brune constate, ravie : “Jean de la Lune est dans la lune !” La présence réconfortante de ce bonhomme blanc aide tous les enfants à s’endormir le soir. Mais il est seul et s’ennuie ; s’accrochant à la queue d’une comète, il tombe sur Terre.

Ce qu’on en pense

Adapté du délicieux livre illustré de Tomi Ungerer, Der Mondmann, traduit en français par Jean de la Lune, ce long métrage d’animation en restitue le superbe graphisme et les couleurs chatoyantes (ah ! le bain du petit bonhomme blanc, la nuit, parmi les nénuphars verts, jaunes et rouges…).

Côté scénario, il a fallu, avec l’aide de l’auteur, étoffer le matériau de départ en ajoutant des personnages, notamment le président du Monde, qui apporte une dimension politique, et la petite fille dans la voiture qui ouvre et clôt le film, bouclant la boucle d’une structure joliment sphérique… comme l’astre lunaire !

À quelques gimmicks artificiels près (un méchant très monolithique, une logique des rencontres parfois un peu forcée), le résultat est formidable. Poétique, surréaliste et iconoclaste, l’univers du strasbourgeois Ungerer (qui vécut en Amérique et au Canada avant de s’installer en Irlande) est adapté pour la deuxième fois au cinéma après Les Trois brigands (2007) de Hayo Freitag, dont le producteur n’était autre que Stephan Schesch, ici réalisateur.

Jean de la Lune, de Stephan Schesch
Jean de la Lune, de Stephan Schesch (©Le Pacte)

Le mouvement sied très bien à Jean de la Lune, d’autant que le film respecte l’indolence du personnage principal, encore renforcée par le débit saccadé de sa voix. Une des trouvailles étant de lui donner dans les trois langues de la production le timbre rauque (et à accent léger en français) de la comédienne allemande Katharina Thalbach (Le Tambour, 1979).

Une bande-son incluant le rock de Iron Butterfly (In a gadda da vida) et le jazz de Louis Armstrong (Moon River) accompagne cette épopée où coexistent la nostalgie des années 1950 (drive-in et conquête de l’espace) et l’éternelle magie des fables humanistes. / Isabelle Danel

Infos pratiques : Jean de la Lune, de Stephan Schesch. À partir de 4 ans.

Vendredi 8 août 2025, à 18h : Chicken Run (à partir de 6 ans)
Chicken Run, de Nick Park et Peter Lord
Chicken Run, de Nick Park et Peter Lord (©Pathé)

Le meilleur de l’animation au service de la meilleure des causes : le sauvetage de poules en détresse. On en caquette encore.

Le résumé

À la ferme des Tweedy, le poulailler est en ébullition. Menées par Ginger, les poules tentent de s’enfuir encore et encore. Mais Mr Tweedy veille avec ses molosses.

Ce qu’on en pense

Depuis que Gromit, un sympathique chien en pâte à modeler, était devenu notre meilleur ami, on se méfiait un peu des facéties des studios Aardman qui, un jour ou l’autre, nous pousseraient à transformer notre salon en ménagerie. C’est chose faite avec Chicken Run. Et plus personne ne pourra dire dorénavant qu’il ne savait pas ce qu’était une vie de poule.

Parce que pour Ginger et ses copines, le quotidien c’est La Grande évasion et Indiana Jones, un peu de sport et beaucoup de courage. Il faut dire que Nick Park et Peter Lord, qui disposent aujourd’hui de moyens considérables, ont concocté un premier long métrage aux petits oignons : un scénario soigné (peut-être un tout petit peu moins inventif que les précédents), une technique proche de la perfection et une musique digne des grandes productions hollywoodiennes.

Ça commence par une impressionnante description concentrationnaire du poulailler qui donne la chair de poulet et ça se termine par une histoire d’amour qui ferait passer Autant en emporte le vent pour une gentille bluette. Entre-temps, on aura vibré devant les risques encourus par la belle Ginger, pesté devant la faconde toute américaine de Rocky, maudit le couple Tweedy et leur machine à tourtes et ri devant les exploits militaires du vieux poulard.

De quoi effacer d’un trait toutes les heures perdues de notre enfance devant une pâte qui s’est toujours refusée à se laisser modeler. Et bannir à jamais de nos assiettes le coq au vin et la poule-au-pot. en l’honneur de Ginger ! / David Nathanson

Infos pratiques : Chicken Run, de Nick Park et Peter Lord. À partir de 6 ans.

Mercredi 6 août 2025, à 18h : Calamity (à partir de 6 ans)
Calamity, de Rémi Chayé
Calamity, de Rémi Chayé (©Gebeka Films)

L’enfance de la future Calamity Jane, filmée comme par des peintres, dans un subtil jeu d’aplats de couleurs. Au gré de multiples péripéties, se raconte l’émancipation de la turbulente fille de l’Ouest. Une réussite totale, signée par une équipe quasi paritaire.

Le résumé

En 1863, Martha Jane, ses petits frère et sœur, et leur père veuf, sont à bord du chariot familial, au sein du convoi de pionniers qui progresse vers l’Oregon. À sa tête le chef Abraham et son fils Ethan, en bisbille avec Martha Jane. Blessé par un cheval, le père de Martha se voit alité et c’est sa fille aînée qui prend les commandes du chariot, aidée par Ethan.

Ce qu’on en pense

Calamity Jane, alias Martha Jane Cannary, née le 1er mai 1856 dans le Missouri, ne cessa d’inventer sa vie et sa légende, inspirant moult films, BD, séries, biographies, et aujourd’hui cette nouvelle variation autour du mythe. Sous-titré Une enfance de Martha Jane Cannary, ce “western à hauteur d’enfant” revient à la genèse du personnage, pour comprendre comment une jeune pionnière pauvre se transforme en icône féministe.

Si le dossier de presse parle d’aventure avec un grand A, ajoutons d’emblée A comme grand art. Car le réalisateur Rémi Chayé nous offre un somptueux film d’animation, dont chacun des 1400 plans se contemple comme un tableau, façon école Nabi convoquée ici en référence. Avec son équipe, l’ancien illustrateur a travaillé par aplats de couleur, technique qui s’avère idéale pour transmettre la sensation d’espace et d’immensité de l’Ouest américain, des montagnes Rocheuses, de la nature sauvage, balayée par des rafales de vent.

Calamity, de Rémi Chayé
Calamity, de Rémi Chayé (©Gebeka Films)

Le style des personnages sans cernés, sans contour, participe à les immerger dans les décors. En se distinguant ainsi clairement d’une animation en 3D triomphante et hyperréaliste, l’épopée de Calamity laisse libre cours à l’imagination du spectateur, qui se remplit les yeux de cette palette de couleurs douces et intenses.

Après Tout en haut du monde, en 2016, le second film de Chayé impose avec maestria ce qu’on appellera un style, et deux thèmes chers : une héroïne forte sur le chemin de l’émancipation, et les grands espaces. Martha Jane succède à Sacha, et le Grand Ouest américain au Grand Nord arctique. Le dernier Festival international du film d’animation d’Annecy ne s’y est pas trompé, qui lui a décerné son Cristal du long métrage. / Isabelle Boudet

Infos pratiques : Calamity, de Rémi Chayé. À partir de 6 ans.

Mercredi 13 août 2025, à 18h : Stuart Little (à partir de 4 ans)

Mélange réussi de cinéma à l’ancienne et d’effets spéciaux. Aventures cocasses et fable humaniste : l’empathie est plus forte que les préjugés.

Le résumé

Le jour de la rentrée des classes, Mr et Mme Little vont adopter un petit frère pour George. À l’orphelinat, ils sont charmés par une petite souris et ils l’adoptent sous le nom de Stuart, au grand drame de leur chat Snowbell qui n’en ferait bien qu’une bouchée. George est déçu par ce petit frère minuscule, et Stuart a du mal à s’adapter à sa nouvelle demeure, malgré les jouets miniatures de George.

Ce qu’on en pense

Ce conte new-yorkais a le bon goût de faire oublier ses effets spéciaux (mêlant cinéma d’animation et acteurs en chair et en os) si bien que l’on se croit en train de feuilleter un livre pour enfants qui prendrait vie tout à coup. Comme pour Babe, le cochon dans la ville, c’était à l’époque l’une des premières fois que des images de synthèse rejoignaient le charme du cinéma artisanal classique.

Les décors de studios, avec des toiles de fond délicieuses (les gratte-ciel et Central Park), accompagnés efficacement par une musique à la Gershwin, contribuent à une stylisation qui permet d’assumer la situation de base invraisemblable. Dès la première réplique de la souris, on accepte la convention, d’autant plus que les adultes du film sont les premiers à trouver cette situation naturelle.

Et comme Stuart est intelligent, le film n’est pas bêtifiant et ajoute les émotions aux gags, les scènes d’action (régates en modèles réduits ou poursuites de chats) aux scènes domestiques burlesques, dues aux échelles disproportionnées, un peu comme dans le grand classique L’Homme qui rétrécit.

Les parents apprécieront la satire de la vie familiale américaine, et certaines connotations cocasses (comme le nom du modèle réduit de George : WASP). Nous avons là un conte de fées sans fée, une fable humaniste et souriante où même les méchants chats ne sont pas faits d’un bloc monolithique et dont la morale est formulée par la souris : “Ce n’est pas la peine de se ressembler pour être une famille”. / Michel Berjon

Infos pratiques : Stuart Little, de Rob Minkoff. À partir de 4 ans.
Pour plus d’informations, et pour retrouver les horaires de toutes les séances, rendez-vous sur le site du Cinéma en plein air de La Villette.

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