Présenté à la mi-juillet, le projet de budget à long terme de la Commission européenne comporte une proposition qui laisse présager de vives discussions entre les États membres. Doté de 2.000 milliards pour la période 2028-2034, ce budget pourrait être, selon cette proposition, utilisé pour financer l’énergie nucléaire à travers l’Union européenne.
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Plus précisément, la Commission prévoit une enveloppe de 865 milliards d’euros à cet égard. Les pays membres de l’UE pourraient ainsi soumettre des projets visant à atteindre de «nouvelle capacité de fission ou capacité additionnelle installée en GW», selon une annexe de la proposition de budget. Actuellement, aucun financement n’est attribué à l’atome, considéré comme une priorité «négative» et donc non éligible à des fonds européens.
En aucun cas, les fonds européens ne devraient être consacrés au financement direct de nouvelles capacités électronucléaires.
ministère luxembourgeois de l’Environnement
À travers cette suggestion, la Commission européenne alimente un véritable conflit qui oppose les États membres. D’un côté, on retrouve les pronucléaires, comme la France, la République tchèque et la Suède. De l’autre, les anti, à l’instar du Luxembourg, de l’Autriche et de l’Allemagne.
Le Luxembourg et l’Allemagne alignés
«L’Allemagne rejette toute subvention de l’énergie nucléaire via le budget de l’UE», a immédiatement réagi le ministre de l’Environnement, Carsten Schneider, bien que disant respecter la volonté d’autres pays de construire des réacteurs.
Interrogé par Virgule, le ministère de l’Environnement luxembourgeois tient une position similaire. «Les fonds européens dédiés au secteur énergétique devraient être orientés vers les énergies renouvelables, les réseaux transfrontaliers d’électricité et d’hydrogène, la rénovation des bâtiments, ainsi que l’amélioration de l’efficacité énergétique. En aucun cas, ils ne devraient être consacrés au financement direct de nouvelles capacités électronucléaires», souligne le ministère.
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Des positions que les deux pays seront en mesure de faire connaître à la Commission, puisque la proposition budgétaire marque le début d’un processus de négociation qui doit durer plusieurs années. Pour rappel, tous les États membres sont tenus d’approuver le budget final.
Un coût financier de plus en plus élevé
Sans surprise, Greenpeace Luxembourg se positionne également contre la proposition de la Commission européenne. «Il y a quelques années, nous nous étions déjà opposés au fait que le nucléaire soit inclus dans la taxonomie verte. Il en va de même pour cette proposition, et ce, pour différentes raisons, comme le manque de solution pour stocker ou traiter les déchets nucléaires, les risques liés à la production d’énergie ou encore la pollution engendrée par la production du combustible», énumère Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire au sein de l’ONG.
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Le militant souligne par ailleurs le coût croissant lié à la production de ce type d’énergie. «Le nucléaire devient beaucoup plus cher que les prévisions d’il y a quelques années. Pour l’EPR de Flamanville, le budget initial était de trois milliards d’euros, et il se situe aujourd’hui à plus de 20 milliards. On voit donc que le nucléaire, c’est très cher, et c’est pour ça que les pays qui développent le nucléaire veulent toucher des financements européens.»
Chaque euro ne peut être investi qu’une fois, donc il serait à la fois plus raisonnable et rentable d’investir l’argent européen dans l’énergie renouvelable et dans des mesures d’efficacité énergétique.
Roger Spautz
chargé de campagne nucléaire chez Greenpeace
Greenpeace renvoie également aux objectifs de transition énergétique. «Pour lutter contre le changement climatique, il faut que la transition énergétique soit effective dans les 10 ans au plus tard. Or, la construction d’un nouveau réacteur prend plus ou moins 15 ans. Les premiers EPR que la France prévoit de construire devraient être mis en service en 2040. C’est beaucoup trop tard», déplore Roger Spautz.
À l’image du ministère luxembourgeois de l’Énergie, l’ONG de protection de l’environnement se positionne en faveur du financement de l’énergie renouvelable. «Chaque euro ne peut être investi qu’une fois, donc il serait à la fois plus raisonnable et rentable d’investir l’argent européen dans l’énergie renouvelable et dans des mesures d’efficacité énergétique, comme la rénovation des bâtiments.»
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