Firas Abou Latif, habitant de Mont-Saint-Aignan, a été tué le mois dernier par des djihadistes en Syrie. Sa femme, Amjaad, enseignante à Rouen, a pu revenir en France ce jeudi 31 juillet. Elle livre un témoignage poignant.

Firas Abou Latif, docteur en informatique franco-syrien, habitant de Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, a été tué en Syrie par des djihadistes, le mois dernier. Sa femme, Amjaad, 44 ans, enseignante en mathématique au Greta (groupement d’établissements) de Rouen, est revenue en France ce jeudi 31 juillet, le cœur lourd. Elle a confié sa tristesse à nos confrères de franceinfo, présents pour l’accueillir à sa sortie de l’avion. Ils étaient partis avec leurs deux enfants voir des proches sur place, durant les congés.

Selon son récit, Firas Abou Latif a été tué deux jours après leur arrivée en Syrie, auprès de leurs proches restés sur place, car il est issu de la communauté druze. « Les groupes jihadistes sont entrés dans notre maison, ils ont trouvé une petite chambre où étaient cachés mon mari et son beau-frère, raconte Amjaad. Ils ont tué les deux hommes et ont brûlé la maison. Il ne restait plus rien. On a reconnu les cendres de mon mari grâce à sa montre. Il a été tué le jour de notre anniversaire de mariage, 20 ans jour pour jour après notre mariage. »

« Je n’avais pas imaginé revenir sans lui »

À son arrivée à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, dans le hall des arrivées, elle s’avance en tenant ses enfants par la main. Amjaad aperçoit son frère, venu la chercher. Ils fondent en larmes en se serrant dans les bras. « Je n’avais pas imaginé revenir sans lui, sanglote-t-elle en évoquant son défunt mari. On est partis pour passer des vacances ensemble, mais ce n’étaient pas des vacances, c’était un cauchemar ».  Et Amjaad de poursuivre : « Ils entrent dans les maisons et violent les femmes avant de les tuer. Ce ne sont pas des humains. Il ne faut laisser ces gens faire ça en Syrie. La Syrie ce n’était pas comme ça. Après 54 ans de régime Assad, on n’a pas fait la révolution pour que les jihadistes prennent le pouvoir« . Elle serre contre elle la montre pleine de cendres de son mari. « Ce n’est pas un souvenir, conclut-elle, c’est la preuve de ce qu’on lui a fait. »

Amjaad, avec ses deux enfants, est restée deux semaines coincée en Syrie. Impossible de rentrer à Rouen en raison des positions tenues par le groupe État Islamique sur place.

« Il m’annonçait en mai dernier qu’il venait d’acheter une maison au Mesnil-Esnard (Seine-Maritime). Leur vie était en Normandie, et là, ils étaient retournés en Syrie parce que d’après ce que j’ai lu, son père avait des problèmes de santé », témoignait sur notre antenne Nicolas Delestre, enseignant-chercheur à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Rouen qui a encadré la thèse de Firas Abou Latif.

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