Quels pays de l’Union européenne seront les plus touchés par les droits de douane de Donald Trump ? Le président américain a annoncé dimanche 27 juillet des droits de douane à 15 % pour tous les pays de l’Union européenne (UE).
Cette surtaxe va porter un coup à l’économie européenne : l’UE, dans son ensemble, dégageait un excédent commercial vis-à-vis des États-Unis de 235,6 milliards de dollars (201,5 milliards d’euros), selon le Bureau d’analyse économique (BEA), qui dépend du département américain du Commerce et qui a publié ses statistiques pour 2024 début février. Seule la Chine affiche un montant supérieur. Par ailleurs, selon Eurostat, 20 % des biens exportés depuis l’Union le sont à destination des États-Unis.
Mais les Vingt-Sept, plus ou moins exportateurs, ne seront pas pénalisés de la même façon quand la mesure entrera en vigueur le 7 août.
Allemagne
En valeur, c’est de loin l’Allemagne qui, au sein de l’UE, exporte le plus de marchandises vers les États-Unis, pour un montant de 161,2 milliards d’euros en 2024, selon des données Eurostat. Première économie de l’UE, l’Allemagne a dégagé en 2024 un excédent commercial record avec les États-Unis atteignant 84,8 milliards de dollars.
Les États-Unis absorbent à eux seuls 10,5 % des exportations allemandes, selon l’office fédéral de statistiques allemand Destatis. Les Américains se montrent friands des marques automobiles venues d’Allemagne, mais aussi de machines-outils et de produits pharmaceutiques « Made in Germany ». La banque centrale allemande a averti en début d’année que l’imposition de droits de douane américains sur les produits allemands pourrait réduire de 1 % le produit intérieur brut du pays.
Irlande
L’Allemagne est suivie par l’Irlande, avec 72 milliards d’euros d’exportations. L’Irlande enregistre l’excédent commercial le plus large des membres de l’Union avec 86,7 milliards de dollars en valeur. C’est aux États-Unis que l’Irlande exporte plus du quart de ses produits. Cela s’explique notamment par l’implantation en Irlande de grands groupes américains, notamment pharmaceutiques, comme Pfizer, Eli Lilly ou Johnson & Johnson, qui se sont installés dans cet État membre pour y bénéficier d’un impôt à 15 % sur les grandes sociétés, contre 21 % aux États-Unis.
Ces sociétés peuvent ainsi héberger leurs brevets en Irlande et vendre sur le marché américain, où les prix des médicaments sont traditionnellement plus élevés que dans le reste du monde. Donald Trump a précisé dimanche que le secteur pharmaceutique ne bénéficierait pas d’un traitement particulier.
L’Irlande accueille par ailleurs sur son sol la plupart des sièges européens des géants américains de la « tech », comme Apple, Google ou Meta, également séduits par la fiscalité irlandaise attractive.
Italie et France
L’Italie et la France, avec respectivement 65 et 47 milliards d’euros d’exportations, seraient vraisemblablement moins touchées. Les deux pays enregistrent respectivement 44 milliards de dollars et 16,4 milliards de dollars d’excédent, selon les Américains (mais pour la France un déficit de quelques milliards, selon les statistiques des douanes). Toutefois, les retombées varient d’un secteur d’activité à l’autre au sein de chacune de ces deux économies.
L’agroalimentaire et les produits viticoles en particulier seraient affectés dans les deux pays. Les Américains ont l’habitude de consommer des produits « Made in France » et « Made in Italy », mais pourraient en raffoler nettement moins si les prix grimpent pour tenir compte des droits de douane. Le secteur français du luxe (parfums, maroquinerie, etc.) est également très exposé.
Pour le numéro un mondial du luxe, LVMH, un droit de douane de 15 % « serait un bon résultat », avait fait savoir le groupe jeudi 31 juillet en publiant ses résultats semestriels, marqués par une chute du bénéfice net et des ventes. Il pense pouvoir compenser en augmentant ses prix et en optimisant sa production, notamment aux États-Unis.