Cette cellule, observée dans les abysses, présente une structure inédite qui défie les classifications existantes – DailyGeekShow.com
Une minuscule cellule cachée dans un plancton marin bouleverse aujourd’hui les fondements de la biologie. Baptisée Sukunaarchaeum mirabile, cette entité microscopique floute la frontière, déjà fragile, entre ce qui est vivant et ce qui ne l’est pas vraiment. Un cas biologique inédit qui laisse les chercheurs perplexes… et fascinés.
Une découverte inattendue qui remet en cause les bases de la biologie
Tout commence par une anomalie génétique repérée dans l’ADN du plancton Citharistes regius. Des chercheurs, en pleine étude de ses symbiotes bactériens, détectent une boucle d’ADN inconnue, absente de toutes les bases de données. Très vite, ils réalisent qu’ils ont mis le doigt sur un organisme jamais observé auparavant.
Lire aussi Sous les glaces de l’Antarctique, un monde vieux de 30 millions d’années refait surface
Baptisé Sukunaarchaeum mirabile, ce micro-organisme vit en parasite au sein du plancton. Cependant, il ne ressemble ni à une bactérie, ni à un virus. En réalité, il semble occuper une zone grise inexplorée entre les deux.
Un génome ultra réduit, dédié exclusivement à la survie
L’un des éléments les plus surprenants est la taille du génome de cette cellule. Il ne compte que 238 000 paires de bases, soit bien moins que certains virus géants. Ce chiffre est exceptionnellement bas pour une cellule, même parasitaire.
Ce génome minuscule ne contient aucune voie métabolique identifiable. Autrement dit, Sukunaarchaeum ne produit ni énergie ni nutriments par lui-même. En revanche, il conserve les gènes nécessaires à trois fonctions clés : la réplication de l’ADN, sa transcription en ARN, et la traduction en protéines.
Grâce à cette stratégie de réduction extrême, il se concentre uniquement sur l’essentiel : se reproduire. C’est pourquoi les chercheurs le qualifient de cellule au fonctionnement minimaliste, mais redoutablement efficace.
Ni virus, ni cellule classique : un parasite aux allures d’ovni biologique
Ce qui rend Sukunaarchaeum si fascinant, c’est sa double nature. D’un côté, il possède des ribosomes, de l’ARN messager, et peut fabriquer ses propres protéines. Ces éléments sont typiques des cellules vivantes, et absents chez les virus. De l’autre, il dépend totalement de son hôte pour toutes ses autres fonctions vitales.
« Dans notre étude, les cellules zombies représentent jusqu’à 10 % de toutes les cellules de la mer », souligne ainsi le chercheur.
Par conséquent, il occupe une position intermédiaire unique. Il peut se répliquer sans l’aide directe de la machinerie de l’hôte, mais il ne peut pas survivre sans lui. Cette contradiction biologique soulève une question fondamentale : peut-on encore parler de cellule vivante ?
Lire aussi Des alliés précieux : ces arbres africains transforment le CO2 en pierre
Les analyses indiquent qu’il appartient au groupe des archées, ces microbes anciens dont sont issus les eucaryotes (animaux, plantes, humains). Pourtant, il ne ressemble à rien de ce que nous connaissions jusqu’ici.
Une entité limite qui pourrait réécrire notre définition du vivant
La découverte de Sukunaarchaeum mirabile bouleverse notre compréhension de la vie minimale. En effet, elle remet en cause les distinctions établies entre autonomie biologique et parasitisme total. Ce cas unique oblige les biologistes à repenser les critères fondamentaux de la vie.
Au-delà de cette cellule, les chercheurs pensent qu’elle pourrait n’être que la première d’une série. Il existerait peut-être tout un écosystème d’entités similaires, invisibles jusque-là, qui évoluent à la lisière du vivant.
Lire aussi Un contraceptif masculin non hormonal offre des résultats prometteurs lors d’essais cliniques
En définitive, cette énigme vivante nous rappelle que la nature est pleine de surprises. Et surtout, que même dans les profondeurs du plancton, elle continue de repousser les frontières du possible.