Illustration de la Terre en feu, métaphore visuelle d’un avenir climatique menacé par l’inaction humaine – DailyGeekShow.com
Imaginez un monde où 90 % de la vie disparaît. Il y a environ 252 millions d’années, cette catastrophe s’est réellement produite. Cette extinction massive, appelée « Permien–Trias », a été causée par un réchauffement brutal probablement déclenché par une intense activité volcanique.
Aujourd’hui, des chercheurs révèlent que les forêts tropicales ont joué un rôle décisif. Et surtout, ils préviennent : un tel scénario pourrait se répéter, si l’on ne protège pas mieux ces écosystèmes vitaux.
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L’effondrement des forêts tropicales a amplifié le réchauffement et bloqué la régulation du climat
Pour comprendre comment le climat a pu s’emballer aussi violemment, les scientifiques ont analysé des fossiles végétaux tropicaux. Grâce à ces archives naturelles, ils ont pu retracer l’évolution de la productivité des forêts pendant cette période critique.
Leurs conclusions sont frappantes : à cette époque, les forêts tropicales ont littéralement disparu. Or, ces forêts sont des puits de carbone naturels. Elles absorbent le CO₂ et le stockent dans leur biomasse. Mais lorsque la végétation s’effondre, ce filtre climatique disparaît. Le dioxyde de carbone reste alors dans l’atmosphère… et le réchauffement s’emballe.
En conséquence, le climat s’est figé dans un état de surchauffe. Et cela a duré non pas quelques siècles, mais plusieurs millions d’années. Tout cela à cause d’un effondrement écologique initial mal compensé.
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Le point de non-retour climatique peut être franchi, même si les émissions humaines cessent
À travers cette reconstitution du passé, les chercheurs mettent en lumière un phénomène que l’on redoute aujourd’hui : les points de basculement climatiques. Autrement dit, il existe des seuils au-delà desquels le climat devient incontrôlable.
Dans le cas du Permien–Trias, la disparition des forêts tropicales a constitué ce point de non-retour. Une fois passé, même l’arrêt complet des émissions n’aurait pas suffi à rétablir l’équilibre climatique. Le système terrestre était déjà trop profondément perturbé.
Les scientifiques redoutent que nos forêts tropicales actuelles, affaiblies par la déforestation, le stress hydrique et les incendies, puissent subir le même sort. Et si cela arrivait, le réchauffement pourrait continuer, même si l’on atteignait la neutralité carbone. Cela nous placerait sur une trajectoire de dérèglement autonome, échappant à toute correction rapide.
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Pourquoi les conditions climatiques actuelles rappellent dangereusement celles du Permien-Trias
Ce constat est d’autant plus alarmant que les conditions de notre été actuel rappellent certains signes avant-coureurs du Permien–Trias. Les vagues de chaleur extrême, les feux de forêt massifs et la chute de biodiversité forment un cocktail préoccupant.
Si nos forêts venaient à s’effondrer sous le poids combiné du réchauffement et de l’activité humaine, alors, le CO₂ ne serait plus absorbé. Le climat continuerait alors à se réchauffer de lui-même. Et ce, même si l’on arrête toute émission.
Autrement dit, ce n’est pas seulement notre capacité à réduire les gaz à effet de serre qui compte. Il faut aussi préserver les mécanismes naturels de régulation, comme les forêts, les sols vivants et les zones humides. Car sans eux, le climat peut très bien s’emballer sans retour possible.
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Un avertissement venu du passé : protéger les forêts, c’est éviter un futur hors de contrôle
Finalement, cette découverte n’est pas seulement une avancée scientifique. C’est aussi un message clair à destination de nos sociétés modernes. Elle nous rappelle que les forêts tropicales sont bien plus que des refuges pour la biodiversité. Ce sont aussi des régulateurs essentiels du climat mondial.
Si elles tombent, ce ne sont pas seulement des arbres que nous perdons. C’est une partie de notre stabilité climatique. Une stabilité déjà mise à mal, et qu’il devient urgent de renforcer.
Comprendre ce qu’il s’est passé il y a 252 millions d’années, c’est aussi nous donner les moyens de ne pas répéter l’histoire. Et comme le disent les chercheurs, l’avenir est encore entre nos mains… mais pour combien de temps ?