Santé en Suisse –

Le patch à la nicotine est une lueur d’espoir pour les oubliés du Covid long

Publié: 31.07.2025, 07h31Christoph Anderegg, patient atteint de longue COVID, teste un patch de nicotine, assis sur son canapé chez lui à Herisau.

Depuis sa première infection, Chris A. souffre de troubles de la concentration et de la mémoire. Les patchs à la nicotine l’aident partiellement.

SILAS ZINDEL

Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.BotTalkEn bref:

  • Un informaticien suisse de 44 ans a investi 60’000 francs dans divers traitements contre le Covid long.
  • Il constate une amélioration partielle de ses troubles cognitifs grâce aux patchs à la nicotine.
  • Les patchs réduisent les symptômes de 20% en moyenne chez de nombreux patients.

Chris A. a contracté le Covid pour la première fois à l’été 2021. Il s’est ensuite fait vacciner, mais a contracté le virus à quatre autres reprises. Malgré des symptômes relativement légers lors de sa première infection, cet homme de 44 ans a encore des séquelles. Contrairement à certaines personnes atteintes de Covid long, il souffre moins d’épuisement physique que de troubles cognitifs. Sa mémoire et sa concentration lui font défaut.

Cet informaticien de Suisse orientale ne peut désormais travailler qu’à 20% et vit essentiellement de ses économies. «Souvent, je ne me souviens plus de ce que j’ai fait la veille. Je dois regarder mon agenda», raconte-t-il. «Je me sens complètement à côté de mes pompes, comme si j’avais fait une nuit blanche ou si j’étais défoncé.»

Il n’existe à ce jour aucun traitement efficace contre le Covid long. Faute de solutions médicales, les personnes atteintes se tournent vers tout ce qui pourrait leur apporter un peu de soulagement.

«J’ai à peu près tout essayé, des compléments alimentaires aux substances stimulantes, des médicaments contre la démence à la chambre à oxygène sous pression et à la filtration du sang», raconte Chris A. Cette dernière méthode a certes fait ses preuves, mais son coût, environ 2000 francs par traitement, la rend inaccessible pour un usage régulier. En effet, les caisses d’assurance maladie ne remboursent pratiquement rien. «J’ai dépensé au total environ 60’000 francs.»

Table couverte de diverses bouteilles de médicaments et suppléments, illustrant une tentative de traitement du long Covid par Christoph Anderegg à Herisau.

Chris A. a tout testé, dont les compléments alimentaires. La facture s’est révélée salée.

SILAS ZINDEL

Depuis deux ans, une autre approche prometteuse gagne du terrain dans les réseaux dédiés au Covid long. Chris A. l’a également expérimentée. Une équipe de chercheurs allemands a obtenu des résultats prometteurs avec les patchs à la nicotine. Une étude publiée en janvier 2023, bien qu’elle ne portait que sur quatre personnes, a révélé de nettes améliorations en quelques jours. Les participants, tous non-fumeurs, ont appliqué quotidiennement un patch faiblement dosé et ont comparé leur état de santé à celui qu’ils présentaient avant le traitement.

D’après leurs observations, les symptômes tels que l’épuisement, l’essoufflement et l’intolérance à l’effort ont disparu en six jours. En cas de perte d’odorat et de goût, il fallait compter environ deux semaines pour récupérer ces sens. En février 2025, les chercheurs ont publié une autre étude sur les patchs à la nicotine. Cette étude révèle une amélioration subjective de l’état de santé chez près de trois quarts des 231 personnes testées, soit une progression moyenne de 20%.

Cette approche repose sur des recherches antérieures concernant l’apparition du Covid long. Ces études suggèrent que le coronavirus bloque, chez certaines personnes, les sites de fixation du neurotransmetteur acétylcholine. Par conséquent, la transmission des signaux entre les cellules nerveuses et le système nerveux central autonome ne fonctionne plus correctement. La nicotine semble empêcher le virus de se fixer sur les récepteurs cellulaires. Le système immunitaire peut alors mieux le combattre.

Cette hypothèse a été confirmée par le cas d’une femme de 44 ans qui souffrait de Covid long depuis trois ans. Un examen d’imagerie médicale a révélé une augmentation des récepteurs d’acétylcholine libres dans son cerveau après consommation de nicotine. De plus, ses troubles du langage s’étaient nettement atténués.

Le tabac aggrave l’évolution du Covid-19

Cette hypothèse repose sur une observation: les non-fumeurs paraissent surreprésentés parmi les personnes atteintes de Covid long, par rapport à l’ensemble de la population. Mais il n’est en aucun cas admissible de promouvoir le tabagisme comme un moyen efficace contre le Covid-19, souligne le responsable de l’étude, Marco Leitzke, chef de clinique en anesthésiologie, médecine intensive et traitement de la douleur à la Clinique Helios de Leisnig, près de Leipzig. «La fumée de cigarette endommage les poumons et aggrave l’évolution du Covid-19 et d’autres maladies respiratoires.» Elle contient, outre la nicotine, plus de 8000 substances nocives pour la santé.

L’organisme absorbe la nicotine de façon irrégulière. Pendant que l’on fume une cigarette ou une e-cigarette, le taux augmente rapidement, procurant un effet stimulant agréable. Un patch, en revanche, libère la substance de manière continue, ce qui explique le très faible risque de dépendance. Des effets secondaires peuvent néanmoins survenir: rougeurs et démangeaisons, nausées, maux de tête, accélération du rythme cardiaque ou troubles du sommeil en cas d’utilisation nocturne. Ces effets s’atténuent souvent avec le temps.

Commencer par de petites quantités de nicotine

Pour un premier essai, le spécialiste recommande un dosage bien inférieur à la dose la plus faible disponible dans le commerce, soit 7,5 milligrammes par jour. Le médecin conseille de ne pas découper les patchs, ce qui implique qu’une partie de la surface contenant le principe actif doit être recouverte. Toutefois, en raison de la diversité des tableaux cliniques, le dosage optimal reste propre à chacun. Il doit être testé systématiquement.

Au début du traitement, la situation peut s’aggraver. Si une amélioration durable se manifeste par la suite, il convient de réduire progressivement la dose. Les personnes concernées partagent leurs expériences, notamment dans le groupe Facebook «The Nicotine Patch Test» recommandé par l’expert. Certains se félicitent du succès du traitement, d’autres sont déçus.

Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions scientifiquement fondées, souligne Marco Leitzke. Les chercheurs comptent poursuivre leur étude en augmentant le nombre de participants, avec un protocole en double aveugle. Les personnes testées sont réparties en deux groupes. L’un reçoit des patchs à la nicotine, l’autre des patchs placebo sans substance active. Ni les patients atteints de Covid long ni la personne qui administre le traitement ne savent qui appartient à quel groupe. Le financement du projet n’est pas encore assuré.

Bien que ce remède ne soit pas encore validé scientifiquement, il reste accessible sans ordonnance et son prix demeure abordable. Si vous souffrez d’autres pathologies ou prenez des médicaments, il est cependant recommandé de consulter votre médecin traitant avant de vous lancer.

Un médecin conseille d’essayer les patchs à la nicotine

Huldrych Günthard, infectiologue à l’Hôpital universitaire de Zurich, encourage les personnes souffrant de Covid long à tester les patchs à la nicotine. «Sous cette forme, la nicotine n’a pratiquement pas d’effets secondaires», précise le médecin-chef. «Malheureusement, nous n’avons toujours pas trouvé de remède contre le Covid long.» Il observe une diminution du nombre de personnes qui demandent des conseils et viennent en consultation.

Cela pourrait s’expliquer par le net recul du nombre de nouveaux cas. En effet, nos systèmes immunitaires sont désormais mieux armés grâce aux infections passées et à la vaccination, ce qui explique l’amélioration de l’état de santé de nombreuses personnes. Il est également possible qu’une grande partie des personnes concernées ait tout simplement baissé les bras.

Pour les non-fumeurs, les patchs à la nicotine demandent un temps d’adaptation

Quand Chris A. a découvert ce traitement sur le groupe Facebook, il a d’abord cru à une plaisanterie. Mais il y a un peu plus d’un an, il a tenté l’expérience. La première fois qu’il s’est collé un patch, il a eu une sensation bizarre, raconte-t-il. N’ayant jamais fumé, il n’était pas habitué à la substance. «Je me sentais tendu et je devenais agressif.» Mais avec le temps, les effets secondaires ont en grande partie disparu. «Je peux à nouveau parler avec plus de fluidité, sans devoir constamment chercher mes mots.»

L’informaticien indépendant a également plus de facilité à travailler avec le patch à la nicotine. Avant, il avait parfois du mal à envoyer un mail. Pourtant, le médicament n’a pas vraiment révolutionné sa vie. Certains jours, il se sent mieux et peut se rendre à la salle de sport. «Mais ensuite, je craque à nouveau.»

Traduit de l’allemand par Emmanuelle Stevan

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Andrea Söldi ist Redaktorin im Ressort Zürcher Unterland und berichtet schwerpunktmässig über das Wehntal sowie über Gesundheitsthemen.

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