Mois de juillet sportif. Pas possible de faire reposer l’objectif. Sportif et même un poil étouffant. Vague de chaleur, vague de labeur. De La Grave au Nord, d’Intervilles au fait divers, on imagine Thibaut, l’homme de la photo, se dire « lâche pas le morceau ! ». Le sourire, toujours, mais en serrant un peu les dents. C’est à se demander si sa nouvelle série n’est pas un peu imprégnée de cette cadence effrénée de juillet ; avec un petit supplément de dureté dans le cliché.
Illustration à La Grave avec cette image qui donne à voir des Haut-Alpins âgés dont les soins dépendent d’un infirmier, d’un sauveur venu d’ailleurs. La Grave toujours. Depuis le cimetière, Thibaut Durand illustre deux faces de La Meije, si belle et mortelle. Même la photo sportive, ce mois-ci, se veut plus incisive. Briançon, montée verticale pendant la Coupe du monde de course en montagne : pas d’explosion de joie, pas de sourire qui fend la poire, mais un trailer au bout de lui-même qui s’écroule sous la douleur. Puy-Saint-Vincent, championnats de France de VTT : « La réalité, c’est ça, pose Thibaut Durand. La poussière, les uns contre les autres. C’était vraiment dur. Même impressionnant de voir autant de souffrance. »
Autre réalité photographiée en juillet, celle d’éleveurs mécontents, avec un slogan affiché dans le dos, qui espèrent des réponses de leur ministre. « Je n’aime pas trop prendre des écrits politiques en photo mais ils en avaient gros sur la patate. Ce sont des gens qui se battent pour leur cause », explicite le photojournaliste du Dauphiné Libéré. Alors que vient faire dans cette galère un Nagui tout sourire, venant tout juste de couronner les Gapençais rois d’Intervilles à Wallers-Arenberg ? Lui aussi « se bat vraiment, il est impressionnant dans la performance et l’énergie qu’il donne ».
« C’est l’énergie de vouloir faire le mieux possible »
Si ce n’est pas de la dureté alors c’est peut-être l’expression d’une combativité qui transparaît, de celle qu’il a fallu mobiliser en juillet pour ramener ces images. De celle qu’il faut montrer chaque jour pour témoigner, par le texte ou la photo. Parce qu’à pied dans les Alpes du Sud, en voiture ou en train à travers la France, « il faut déployer une énergie pour chercher ces clichés, rappelle le principal intéressé. C’est l’énergie de vouloir faire le mieux possible. C’est le moteur. Je joue ma vie à chaque photo. »