Tout a commencé quand il était adolescent. Dans le grenier de son oncle, Jean-Luc découvre un carton rempli de boîtes d’allumettes coloniales. Une quinzaine d’années plus tard, lors d’une visite au Carrefour des collectionneurs, il découvre des passionnés de boîtes d’allumettes ce qui réveille en lui le souvenir de ce trésor familial qui dormait. La passion est née.
« Ce que j’aime, c’est le contact »
Pour ce collectionneur, la recherche est avant tout une affaire de contact humain. Il sillonne les brocantes dans un rayon de 100 kilomètres. L’échange avec d’autres collectionneurs, la découverte de l’objet rare au détour d’une allée, voilà ce qui motive Jean-Luc. « Ce que j’aime, c’est le contact », explique le passionné qui refuse d’acheter sur des sites internet afin de conserver des relations humaines. Si dans un premier temps, Jean-Luc achetait toutes les boîtes qu’il trouvait, sa quête s’est maintenant restreinte.
Propriétaire de boîtes de 110 pays différents, il a décidé dorénavant de se limiter aux boîtes d’allumettes françaises d’avant 1960, date à laquelle la Seita (Société d’exploitation des tabacs et des allumettes) a cessé sa production de boîtes. Aujourd’hui, il n’existe plus d’allumettes françaises, elles sont principalement importées d’Inde ou d’Afrique du Nord ce qui renforce l’intérêt pour ces productions d’antan.
Au-delà de l’accumulation, le philuméniste est attiré par le graphisme et les slogans désuets tels que « Pas de bon repas sans vin » ou « Le vin à l’école ». Les boîtes de la fin du XIXe siècle, d’une grande rareté sont parmi ses préférées.
Une collection de 16 000 boîtes d’allumettes
Outre les boîtes d’allumettes proprement dites, Jean-Luc collectionne aussi les étiquettes de boîtes d’allumettes, il est cumyxaphile. Avant les années 1960, les boîtes étaient ornées d’étiquettes colorées collées avant que le graphisme ne soit directement imprimé sur le carton.
« J’affectionne particulièrement une série d’étiquettes sérigraphiées chinoises, données à l’association France-Chine, il y a une vingtaine d’années, par un collectionneur chinois de passage à Saint-Etienne. Ne sachant comment mettre ces documents en valeur, l’association me les a gentiment offerts », explique le connaisseur. Cette série magnifique est un exemple de rencontre inattendue et constitue un héritage précieux à préserver.
Cette collection impressionnante composée de 16 000 boîtes d’allumettes et 7 000 étiquettes de boîtes de tous pays confondus, est soigneusement rangée dans des cartons, à l’abri de la lumière, pour la préserver des affres du temps.
Les allumettes : une histoire de progrès et de sécurité
Les premières allumettes avec soufre et phosphore sont inventées à la fin du XVIIe siècle par l’Anglais Robert Boyle. Il s’agit alors de simples bûchettes de bois, trempées dans du soufre fondu qui s’enflamment au contact d’un corps brûlant. À partir de 1832, le Français Charles Sauria crée les allumettes au phosphore qui sont fabriquées industriellement en Allemagne. Conçues avec du phosphore blanc, hautement toxique, elles provoquent des empoisonnements.
En réponse à cette problématique, un Suédois remplace le phosphore blanc par du phosphore rouge, moins nocif, donnant naissance aux allumettes dites de sûreté ou suédoises. Cette innovation est à l’origine du bout rouge que l’on retrouve encore sur les allumettes modernes. La philuménie offre une véritable plongée dans l’histoire, le design et l’ingéniosité humaine.