F1 : Max Verstappen confirme qu’il restera chez Red Bull en 2026
Repéré par McLaren, celui qu’on surnomme « Gabi » a pourtant choisi de signer chez Sauber, bonne dernière du championnat 2024. Pas flamboyant sur un tour mais redoutable finisseur et impressionnant de solidité pour sa première année en F1, le Sud-Américain a fait mieux que se défendre face au vieux briscard Nico Hülkenberg et a profité de regain de forme de la future écurie Audi pour marquer des points, dont deux le week-end dernier à Francorchamps.
Gabriel, quel bilan dressez-vous à la moitié de votre première saison en F1 ?
« C’est difficile de déjà tirer un jugement. Nous avons bien commencé à Melbourne avec une très bonne qualification où j’ai accédé à la Q2. Nous avons rencontré quelques difficultés. Nous avons longtemps occupé le fond du classement. Mais on sait que beaucoup de choses peuvent se passer. La performance était là d’entrée de jeu mais nous avons beaucoup fait évoluer la voiture depuis le début de la saison. Nous sommes désormais dans une meilleure position pour marquer des points à chaque course. En Autriche, j’ai accédé à la Q3 et j’ai marqué mes premiers points. C’était une bonne occasion pour montrer notre potentiel. »
Personne n’imaginait pourtant à voir Sauber pointer au 6e rang du championnat alors que c’était la lanterne rouge de 2024…
« Au sein même de l’équipe, nous n’imaginions pas être aussi bien. Il y a encore cinq ou six Grands Prix, nous étions dans une mauvaise posture. Mais nous avons amené des changements à Barcelone et cela a porté ses fruits. Cela a même tout changé parce que nous avons beaucoup scoré depuis. Au final, c’est un travail acharné rémunérateur. »
Vous avez choisi d’être titulaire pour une des écuries les plus faibles du plateau alors que vous étiez soutenu par McLaren. C’était un coup de poker, non ?
« Je ne dirais pas ça. Sauber a un projet très clair avec Audi qui prendra la main en 2026. Nous savons ce que nous voulons pour les prochaines saisons et les objectifs que nous nous sommes fixés. C’est un coup de poker quand vous ne savez pas de quoi demain sera fait. Ici, ce n’est pas le cas. »
Vu qu’il n’y a que 20 places en F1, ça n’a pas de prix de verrouiller un baquet de titulaire…
« Bien sûr ! En tant que jeune pilote, je dois faire mes preuves et signer de bons résultats. Ce n’est qu’une question de temps avant de réaliser ça. Marquer des points est déjà une bonne chose, mais j’en veux plus. »
guillement
Quitter McLaren pour Sauber n’était pas un coup de poker.
Sentez-vous déjà l’influence d’Audi au sein de l’équipe ?
« Audi sera clairement la grande nouveauté de 2026. La marque a des ambitions très claires. Je suis très enthousiaste et j’ai hâte d’avoir ces légendaires quatre anneaux sur ma combinaison. »
À Silverstone, Sauber a vécu un week-end magique avec la 3e place de votre équipier Nico Hülkenberg. Même pour vous, ça a dû vous faire plaisir !
« C’était très spécial. Ce podium de Nico était excellent pour donner de la confiance à l’équipe. Et cela a démontré que les évolutions que nous avions amenées fonctionnent. Je suis très heureux pour le team et pour Nico. »
Nico est un des pilotes les plus expérimentés du paddock. C’est comment de travailler avec lui ?
« Se dire qu’il a commencé à courir en F1 avant même que je débute moi-même en karting est amusant. Je suis ravi d’être son équipier. C’est un gars bien. Il me soutient et m’aide. Je m’estime chanceux de l’avoir à mes côtés. »
Après avoir terminé 8e en Autriche, le Pauliste a pris les points de la 9e place en Belgique. ©LUCIEN RENARD LPR PHOTOGRAPHY
Vous êtes le premier pilote brésilien à temps plein en F1 depuis Felipe Massa en 2017. Êtes-vous soutenu par votre pays ?
« Je reçois beaucoup de soutien des fans brésiliens. Ils sont incroyables, très enthousiastes. Ils ont attendu huit ans, mine de rien, pour revoir un pilote en F1. Ils sont conscients de ce que nous pouvons accomplir avec Sauber. »
Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps ?
« Pour un pilote brésilien, c’est particulièrement difficile d’accéder à la F1. Depuis des années, notre pays fait face à des difficultés immenses. Or, pour se faire remarquer et espérer un jour courir en F1, il faut faire carrière en Europe… où les budgets sont considérables. Et comme la monnaie brésilienne est très faible par rapport aux autres devises, c’est encore plus compliqué pour les Brésiliens de trouver l’argent nécessaire. Il faut donc vraiment signer des performances spectaculaires pour se faire remarquer et taper dans l’œil d’une équipe de F1. »
Vous avez vous-même immigré en Italie…
« C’est exact. J’ai passé huit années en Italie. C’est là-bas que tout se passe pour le karting, c’était donc capital d’être sur place. Je suis parti tout seul, avec seulement mon coach à mes côtés. Ma famille est restée au Brésil. C’était dur d’être éloigné de mes parents. Mais mon rêve était de courir un jour en F1. M’exiler était donc un sacrifice nécessaire. »
De nombreux compatriotes, comme Fittipaldi, Senna ou Barrichello ont fait de même !
« Si vous voulez avoir un volant en F1, il faut s’investir et se donner à fond dès vos années en karting. Cela signifie courir en Europe mais aussi s’entraîner et vivre en Europe. »
guillement
Le talent de Senna ne se résumait pas qu’au pilotage. Il était doué dans de nombreux domaines.
Vous portez les couleurs d’Ayrton Senna sur votre casque. Pas trop de pression sachant que c’est un dieu au Brésil ?
« Au contraire, cela m’aide. Ce sont ses couleurs mais aussi celles de mon pays. Pour être honnête, je suis très heureux d’avoir pu les utiliser et de connaître la famille d’Ayrton. À bien des égards, elle me donne un coup de main. »
Ayrton était votre idole ?
« Oui, depuis mes années en karting. Ayrton était un pilote mais aussi un être humain et un entrepreneur. Il était très spécial. Son talent ne se résumait pas qu’au pilotage. Il était doué dans de nombreux domaines. Je n’étais pas encore né quand il était encore de ce monde mais ma famille, notamment mon père, m’a narré ses exploits. Il était un exemple et une référence pour le Brésil. »
Vous êtes le champion en titre de F2. Avez-vous toujours des contacts dans le paddock ?
« Quand j’ai le temps, j’essaye de passer pour dire bonjour. Je dois me concentrer sur mon volant en F1 et chacun sait que les pilotes ont des agendas très chargés sur les GP. Mais je continue de téléphoner et d’envoyer des messages à des pilotes que j’ai côtoyés en F2 pour les soutenir. Mon ancienne équipe, Invicta, a été géniale avec moi quand j’ai été champion avec elle et j’essaye de lui renvoyer l’ascenseur. »
Vous avez été promu en F1, ce qui n’est pas toujours le cas pour les anciens champions de F2. Pourquoi ?
« C’est une question de timing et de marché. Il faut être au bon endroit au bon moment. On l’a vu par le passé, d’excellents champions de F2 n’ont pas été promus. C’est regrettable car ils le méritaient. Mais c’est hélas comme ça. »
Quand vous avez le temps, suivez-vous d’autres championnats ?
« Oui, je tâche de suivre autant de compétitions que possible. En championnat du monde d’Endurance, il y a Dudu Barrichello, le fils de Rubens, qui est un très bon ami. Vous l’avez rencontré ? J’espère qu’il vous a dit de bonnes choses à mon sujet (rires) ! Il fait du boulot incroyable sur son Aston Martin GT3, notamment à São Paulo. Nous avons couru ensemble en Formule Regionale. Je suis content pour lui qu’il s’épanouisse en Europe. »
En parlant de São Paulo, êtes-vous déjà excité à l’idée de courir votre Grand Prix national à l’automne ?
« Ce sera une opportunité incroyable. C’est un rêve qui se réalisera vu que je roulerai littéralement à domicile, étant pauliste. Quand vous êtes gamin, vous ne rêvez que d’une chose : vous produire devant votre public, votre famille et vos amis. Je ferai du mieux que je peux pour représenter dignement mon pays pour mon GP national. »
Gabriel Bortoleto en bref :
- Né le 14 octobre 2004 à São Paulo
- 2012-2019 : karting
- 2020 : F4 Italia (5e, 1 victoire)
- 2021-2022 : FRECA (6e, 2 victoires)
- 2023 : F3 FIA (Champion, 2 victoires)
- 2024 : F2 FIA (Champion, 2 victoires)
- 2025 : F1 chez Sauber (19e, 6 points*)
*Situation après le GP de Belgique