Étant donné que la Royal Navy devra se séparer de ses deux derniers navires d’assaut amphibie, à savoir les HMS Bulwark et HMS Albion [classe Albion], les Royal Marines ne pouvaient plus compter que sur le RFA Argus pour leurs opérations contre le littoral.
En effet, dans le cadre du concept de « groupe d’attaque littoral », ce navire, mis en œuvre par la Royal Fleet Auxiliary [RFA], devait être modifié pour soutenir les opérations amphibies des Royal Marines, dans l’attente du remplacement des deux bâtiments de la classe Albion.
À l’origine, le RFA Argus était un porte-conteneurs réquisitionné en 1982 lors de la guerre des Malouines/Falklands. Acquis deux ans plus tard par le ministère britannique de la Défense [MoD], il fut modifié une première fois pour être utilisé comme plateforme d’entraînement pour les futurs pilotes d’hélicoptères de la Fleet Air Arm. Lors de la guerre du Golfe, en 1991, il fut transformé pour accueillir un hôpital et mener des missions humanitaires.
Puis, alors que son désarmement était prévu en 2024, le MoD décida de le prolonger jusqu’en 2030 et d’en faire l’unité principale de son « Littoral Response Group » après de nouvelles modifications. Initialement, il était question de convertir l’un des trois navires auxiliaires de débarquement de la RFA pour ce rôle. Mais cette idée fut abandonnée pour des raisons budgétaires.
« La modernisation du RFA Argus et son exploitation aux côtés des navires de classe Bay dans leur configuration actuelle constituent la solution optimale pour soutenir un groupe d’intervention littoral », avait alors soutenu le MoD, en 2022.
Après un déploiement en Méditerranée et en Indopacifique, le RFA Argus a récemment achevé une « période de maintenance planifiée » de cinq mois à Falmouth. Et il était censé reprendre son cycle opérationnel après une campagne d’essais en mer.
Seulement, il restera finalement au port. Ainsi en ont décidé l’Agence maritime et des garde-côtes [Maritime and Coastguard Agency – MCA] et la Lloyd’s Register, ce navire étant trop dangereux pour naviguer.
.@RFAArgus is stuck in Portsmouth, deemed unsafe to sail. The Royal Navy / RFA currently does not have a single active amphibious vessel.https://t.co/qNgLWARVlO
Photo @AWenham1 pic.twitter.com/wsSGBcNr9M
— Navy Lookout (@NavyLookout) July 28, 2025
« Les problèmes de sécurité du navire comprennent […] une fuite persistante du ballast, des portes coupe-feu déficientes, et des joints usés qui nécessitent d’être remplacés », a résumé le Telegraph.
« Nous collaborons étroitement avec les experts de Lloyd’s, la Maritime and Coastguard Agency et nos partenaires de l’industrie pour résoudre les problèmes récemment identifiés à bord du RFA Argus. Il n’est actuellement pas prévu que le navire quitte le port tant que tous les défauts identifiés n’auront pas été corrigés », a commenté un porte-parole de la Royal Navy.
Reste que l’indisponibilité du RFA Argus pourrait « potentiellement affecter le rôle de la Grande-Bretagne au sein de l’Otan car, selon des plans élaborés depuis longtemps, les Royal Marines seraient déployés en Norvège grâce à un navire d’assaut amphibie dans le cas où la Russie attaquerait un membre de l’alliance », relève The Telegraph.
D’autant plus que les trois navires auxiliaires de débarquement mis en œuvre par la Royal Fleet Auxiliary ne sont pas non plus en mesure de prendre la mer : les RFA Lyme Bay et Mounts Bay sont en cale sèche tandis que le RFA Cardigan Bay n’a pas d’équipage. « Il ne reste plus un seul navire disponible pour soutenir les opérations amphibies » britanniques, a résumé le site spécialisé Navy Lookout.