Le paysage de campagne défile à vive allure par la vitre à ouverture manuelle. Le pare-brise est constellé d’insectes écrabouillés. Une fumée bleuâtre flotte dans l’habitacle. Des mégots débordent légèrement du cendrier. Une odeur persistante de tabac froid émane des tissus.

Voici une scène d’un autre temps. De celui où les insectes étaient encore nombreux, mais aussi où les voitures étaient livrées avec des cendriers et allume-cigares. Et cette disparition est volontaire de la part des constructeurs automobiles.

« Les constructeurs ont simplement suivi le mouvement vers une société sans tabac. Les cendriers ont commencé à disparaître des voitures en même temps qu’il devenait interdit de fumer dans les avions, les trains, à l’intérieur des bars et restaurants », note auprès de 20 Minutes Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes.

Dans cette continuité, fumer dans un véhicule en compagnie d’un mineur est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 750 euros. Mais pour autant, fumer au volant ne reste pas par principe interdit, tant que cela n’engendre pas « un défaut de contrôle du véhicule », comportement qui reste à l’appréciation des agents.

Des « kits fumeurs » en option à l’achat

Et dans les faits, la disparition des cendriers et allume-cigares est venue en même temps que la généralisation des smartphones. « Dès lors, à choisir entre un allume-cigare et une prise 12V ou USB pour recharger les téléphones, le choix est vite fait », estime Pierre Chasseray.

Mais les constructeurs n’ont pas pour autant abandonné toutes possibilités d’installer un « kit fumeur » à bord de leur véhicule. Il vous faudra simplement pour ça débourser un supplément. Chez Renault par exemple, le cendrier amovible format gobelet et l’allume-cigare 12V coûtent 30 euros. Chez BMW, pour le bloc cendrier et allume-cigare qui vient s’insérer devant le levier de vitesses, il faudra vous alléger de 200 euros.

Aussi, cet abandon des cendriers dans les véhicules et parfois décrié pour « encourager » le jet par la fenêtre de son mégot. Un comportement qu’admet avoir en France un fumeur sur cinq, et responsable parfois de feu de forêts aux conséquences dramatiques, comme en 2021, dans le Vardeux personnes sont mortes et 8.000 hectares de forêts détruits.

Une tentative de loi pour réintroduire les cendriers

Face à ce constant d’inconscience et de manque de responsabilité de certains fumeurs, une sénatrice DVG du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE) avait bien tenté en 2019 de proposer une loi rendant obligatoire l’installation de cendriers dans les véhicules neufs. Mais la sénatrice Nathalie Delattre n’avait pas été suivie par le gouvernement, qui estimait alors que cela aurait brouillé les messages de politiques de lutte contre le tabagisme.

Une analyse à laquelle souscrit le psychologue des comportements routier et auteur d’Homo automobilis Jean-Pascal Assailly, qui ajoute dans la volonté de disparition de la cigarette aussi au volant, une forme de « lutte contre la distraction des conducteurs, tentés de quitter la route des yeux pour chercher leur paquet de clopes ».