Ils s’appellent Jean-Louis et Raoul. Un curieux duo composé d’une grenouille à casquette et d’un koala en slip à la cool. Deux loustics bien déterminés à te suivre partout cet été, croisés dans les pages d’un cahier de vacances ludique, décalé – et auto-édité – d’une illustratrice strasbourgeoise qu’on suit depuis des années : Organe K. Une pépite pleine de pep’s et d’humour à lire en terrasse à Strasbourg ou à glisser dans ta valise pour la Bretagne ou Venise.
Leurs aventures t’embarqueront cet été jusqu’à « Nulle Part-les-Pins », mais c’est à Strasbourg que ces deux loustics ont vu le jour, à l’aube de l’été. Un projet mûri pendant trois ans, par la Strasbourgeoise Organe K (Organe Kauffmann).
Si en 2020, celle-ci nous disait encore être graphiste à côté, elle est désormais illustratrice à temps complet, se consacrant pleinement au dessin. Outre ses projets perso, elle arbore même une nouvelle casquette depuis 4 ans : celle de prof’ intervenante sur la section illustration de la MJM (un boulot qui la passionne puisqu’elle peut y transmettre sa passion).
Organe K avec sa BD imprimée, et un T-shirt imprimé de ses créations. © Document remis
Et si hier, elle voulait faire de Strasbourg « la ville des petits culs », sa patte a depuis bien évolué.
Fan d’insectes et de « trucs chelous » – qu’elle collectionne en photos dans son téléphone –, la nature l’inspire, plus encore qu’autrefois.
Dans son bestiaire ? « Des petites créatures marrantes et mignonnes » qu’elle distille avec malice dans ses œuvres – et qui rejoignent les chats oranges qu’elle aimait déjà incorporer. Des hannetons, des asticots, des bourdons qui s’affichent en petit… Ou en très très grand sur des fresques : de la place de la Rép’ sur des poteaux, au sol de la Krutenau, en passant par une chambre au Graffalgar, et d’autres projets de grande envergure.
Pylones décorés par Organe K dans le cadre de Colors, place de la République. © @nid0hs / Documents remis
Chambre décorée par Organe K à l’hôtel Graffalgar. © _isogram_ / Document remis
Réveiller « notre part de rêverie »
Si Organe K a su « faire évoluer son monde », celui-ci continue de polliniser partout dans Strasbourg… Et même jusqu’au Luxembourg ! Avec toujours comme objectif : mettre « du fun » dans nos journées, en nous faisant « voyager dans [son] monde complètement barjot, qui est sûrement dans [sa] tête quelque part ».
Avec son univers coloré, plein d’humour, elle vise à réveiller « notre part de rêverie », quel que soit notre âge, pour en oublier, ne serait-ce qu’un instant, la lourdeur du quotidien. (Comme ses interventions dans des foyers pour enfants, par exemple). « Si j’arrive à esquisser juste un sourire, […] j’ai tout gagné. »
Fresque place de Zurich réalisée par Organe K. © Organe K / Documents remis
Et puis, au printemps, elle crée la surprise sur ses réseaux, en lançant une campagne de financement participatif. L’objet ? Une première BD, mais pas seulement. « Une BD pleine de situations improbables, de jeux pour griller le temps en vacances. » Succès total.
En à peine quelques jours, le compteur explose déjà et L’Été infernal de Jean-Louis et Raoul, auto-édité, peut partir en impression (à Strasbourg), le mois suivant.
Organe K avec Jean-Louis et Raoul, pour annoncer la sortie de sa BD sur les réseaux. © Organe K / Document remis
La genèse du projet
Ce qu’elle aime dans son travail d’illustratrice, c’est la variété des sujets, des projets : être « multisupport ». « Le matin tu te réveilles et tu te [demandes] sur quoi tu vas bosser : une fresque, le lendemain sur une étiquette de vin, […] et ainsi de suite. » Et puis un jour, il y a trois ans, elle se dit : une BD. « Un support sur lequel je m’étais jamais lancée, que je n’avais jamais fait. »
« L’Été infernal de Jean-Louis et Raoul » d’Organe K. © Organe K / Document remis
Mieux encore : une BD sous forme de cahier de vacances. Une idée qui lui vient de son enfance, et de « [s]on papa ». Un passionné qui en achetait un pour lui et un pour elle, chaque été avant le départ. Des livres-jeux pour enfants, adaptés à son âge à elle – et un peu moins au sien.
Depuis, l’habitude est restée. « Y a un truc passionnant à jouer. Tu fais quelque chose. Tu t’amuses. Seule. »
Son classique ? Les « multi-jeux pour enfants […] en petit format pocket », regorgeant de « mots-croisés avec des images, [et de] sudokus très simples, [ce] qui est très satisfaisant ».
Des ouvrages colorés et détente, à l’inverse des mots croisés de sa mère : « Classiques, chiants, [sans] images, […] hypercompliqués, Force 4, [et] où tu te pètes le crâne à avoir un mot sur une grille entière. »
« L’Été infernal de Jean-Louis et Raoul » d’Organe K. © Organe K / Document remis
Pendant trois ans, le projet mûrit dans un coin, avant de se relancer pour de vrai, en janvier. Aidée de stagiaires (le premier pour la construction narrative, la deuxième pour le lancement et la comm’), le cahier prend forme.
Et depuis juin, voilà qu’il s’affiche dans plusieurs bonnes librairies de la ville : Quai des Brumes, Kléber, Canal BD, Le Tigre et Tonton Gâteau (un salon de thé où Organe K a ses habitudes, et où elle nous a reçue, avec un de ses deux cappuccinos quotidiens à la main).
En librairie. © Organe K / Document remis
Carnet coquin
Le format est petit et mignon, comme les personnages qui l’incarnent. Il se glisse dans une banane, un sac de plage ou se déguste tranquille chez soi, page par page. De loin, avec les bonnes bouilles de ses personnages, ses couleurs pep’s, on le croirait presque destiné qu’aux enfants.
Mais à regarder de plus près, les blagues qui s’y cachent feront toutefois rougir celles et ceux qui les comprendront. Des références à l’alcool (comme le « Richard », pastiche du célèbre pastis), quelques « putain » et autres grossièretés bien placées, dans le texte… L’idée : offrir une doubleclecture. Si certains jeux sont accessibles dès 8-10 ans, le carnet a d’abord été pensé pour divertir les adultes, les parents.
« L’Été infernal de Jean-Louis et Raoul » d’Organe K en vente chez Tonton Gâteau. © Fanny Soriano / Pokaa
Entre deux pages de BD, et un petit feuillet « flash info sur la réalité des bébêtes », on y croise « des jeux vraiment complexes et d’autres très simples ». « Parce que ce qui m’agace dans les jeux pour enfants, c’est que c’est trop facile et trop rapide : ça dure pas assez longtemps », nous confie-t-elle.
Le classique jeu des 7 différences se voit donc ainsi augmenté, offrant ici 15 erreurs, « et certaines personnes n’ont pas réussi à le faire ».
Organe K avec sa BD imprimée, et un T-shirt imprimé de ses créations. © Document remis
Et pour vraiment cocher toutes les cases du parfait magazine de bord de plage : Organe K y a glissé un test d’amour.
« Ça, c’était très important parce qu’avec ma meilleure amie, on achetait toujours des Cosmopolitan, et on y faisait tous les tests. On les [prenait] que pour ça, et on passait nos après-midis à en faire. » Mais comme tout ce qu’on trouve dans sa version : le second degré n’y est pas en option.
Et la suite ?
Avec ses 25 pages rapidement feuilletées et griffonnées, Organe K nous confie qu’on lui réclame déjà le tome 2. Des retours très positifs et encourageants.
Un succès qu’elle doit aussi à ses deux stars. D’un côté, l’hyperactif Raoul, un peu bêta atterri en vaisseau spatial, et décrit comme ayant « un âge mental de 10 ans ». De l’autre, plus terre-à-terre et mature : Jean-Louis, une grenouille. Une créature déjà omniprésente dans ses précédentes illustrations : un animal-totem, finalement, pour celle que son père surnomme « La Reine des Grenouilles ».
Deux personnages pensés pour qu’ « on [s’y] attache ». Tout comme leurs copains : Lorenzo un asticot, « astycologue de renommée mondiale », ou Frankfurt, l’abeille « livreur de saucisses glacées ». En bref : un univers absurde et barré qu’elle pourrait tout à fait décliner dans un carnet spécial fêtes.
Organe K avec Jean-Louis et Raoul à la soirée de lancement de sa BD (à la Librairie Le Tigre, en juin 2025). © Document remis
En attendant, elle nous glisse quelques exclus pour sa fin d’année. Tout d’abord : un premier projet de livre pour enfants – de 4 à 8 ans – à paraître cet automne, dans la collection Tadam ! (un concept made in Strasbourg) ; et un second, pour lequel elle commencera à démarcher des maisons d’édition d’ici la rentrée.
Si elle est déjà sur une belle lancée, en attendant, pour les vacances, place à L’Été infernal de Jean-Louis et Raoul !
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Pour retrouver L’Été infernal de Jean-Louis et Raoul :
En vente à Strasbourg dans les librairies Quai des Brumes, Kléber, Canal BD, Le Tigre et Tonton Gâteau