C’est, pour lui, une première. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a déclaré, dimanche 16 février au soir, qu’il était disposé à envoyer des soldats britanniques en Ukraine dans le cadre d’une éventuelle force de maintien de la paix post-guerre, alors que doivent s’ouvrir cette semaine des négociations destinées à mettre fin au conflit. Une position imitée peu de temps après par la cheffe de la diplomatie suédoise.
Le dirigeant britannique a dit ne pas avoir pris à la légère la décision de mettre « en danger » des soldats britanniques, mais a souligné que garantir une paix durable en Ukraine était essentiel pour dissuader le président russe, Vladimir Poutine, de lancer une nouvelle offensive.
À LIRE AUSSI Trump torpille ZelenskyUne délégation américaine doit se rendre cette semaine en Arabie saoudite afin d’y rencontrer des représentants russes, après que le président américain Donald Trump est convenu, lors d’un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, d’ouvrir des négociations destinées à mettre fin à la guerre entre Moscou et Kiev.
La fin de la guerre, pas « une pause temporaire »
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré dimanche que l’Ukraine et l’Europe seraient impliquées dans toute « négociation concrète », décrivant les discussions prévues en Arabie saoudite comme une opportunité pour Washington d’évaluer les intentions de Moscou. Pour sa part, Keir Starmer fait partie d’une dizaine de dirigeants européens attendus lundi à Paris pour une réunion informelle destinée à tenter d’élaborer une ou des réponses face aux initiatives américaines sur le dossier ukrainien et la sécurité du continent.
La fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, quand elle sera scellée, ne peut « pas devenir une pause temporaire avant que Poutine n’attaque à nouveau », a écrit le dirigeant britannique dans une tribune publiée par le journal Daily Telegraph.
À LIRE AUSSI Les Européens vont tenter de gagner leur place entre Trump et PoutineC’est la première fois que Starmer déclare explicitement qu’il envisage de déployer des soldats britanniques de la paix en Ukraine. Il avait déjà déclaré auparavant que la Grande-Bretagne était prête à jouer un rôle dans tout accord de paix qui serait négocié. Dans l’article, Starmer a déclaré qu’il était prêt à contribuer aux garanties de sécurité de l’Ukraine en « déployant [leurs] propres troupes sur le terrain si nécessaire ».
La Suède se propose également
« Je ne dis pas cela à la légère, a-t-il écrit. Je ressens très profondément la responsabilité qui accompagne le fait de mettre potentiellement en danger des militaires britanniques. »
Peu après les déclarations de Londres, la Suède s’est aussi prononcée pour envoyer des troupes en Ukraine dans le même contexte. « Nous devons maintenant d’abord négocier une paix juste et durable qui respecte le droit international, qui respecte l’Ukraine et qui, avant tout, garantit que la Russie ne puisse pas simplement se retirer, construire de nouvelles forces et attaquer l’Ukraine ou un autre pays dans quelques années seulement », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard dans une interview. « Une fois que nous aurons établi une telle paix, nous devrons nous assurer qu’elle pourra être maintenue et que notre gouvernement n’exclura rien », a-t-elle ajouté.
Dans le sillage de ses voisins européens, le porte-parole des affaires étrangères du parti allemand CDU, Jürgen Hardt, a également appuyé l’idée d’envoi de soldats : « Nous ne voulons pas intervenir avec des troupes dans cette guerre, mais au cas où il serait nécessaire de déployer une force de paix pour surveiller la paix négociée entre la Russie et l’Ukraine, l’Allemagne ne restera pas en retrait et assumera ses responsabilités », a rapporté le Times.
Pour la Norvège, le moment n’est pas venu
Il a souligné que cela ne pouvait pas être une « fausse paix » et qu’une force de maintien de la paix aurait besoin d’une « base claire en droit international ». Ses propos ont cependant été nuancés par la porte-parole du gouvernement : « Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises sur le fait que nous devions d’abord attendre de voir si et comment la paix, comme nous l’espérons, s’instaure en Ukraine », a ainsi déclaré Christiane Hoffmann. « Ensuite, nous pourrons discuter des conditions et de la manière dont cela peut être organisé. »
En Norvège, le Premier ministre Jonas Gahr Støre a jugé que « le moment n'(était) pas venu » pour discuter de l’envoi de soldats norvégiens. « Ce n’est pas encore le moment de tirer des conclusions sur la manière dont une garantie de sécurité devrait être formulée et sur le type de contribution à y apporter », a-t-il insisté au micro de la radio NRK.
La position est identique en Pologne. « La Pologne soutiendra l’Ukraine comme elle l’a fait jusqu’à présent : sur le plan organisationnel, en fonction de nos possibilités financières, humanitaires et militaires. Nous n’envisageons pas d’envoyer des soldats polonais sur le territoire de l’Ukraine », a déclaré le Premier ministre Donald Tusk.
« Une question existentielle pour l’Europe »
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a surpris ses alliés européens au sein de l’Otan et en Ukraine lorsqu’il a annoncé qu’il avait eu une conversation téléphonique avec Poutine sans les consulter et qu’il allait lancer un processus de paix. L’envoyé de Trump pour l’Ukraine, Keith Kellogg, a ensuite laissé entendre que l’Ukraine et les autres dirigeants européens n’auraient pas leur place dans les négociations de paix.
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Starmer devrait se rendre prochainement à Washington et il a suggéré dimanche que la Grande-Bretagne pourrait jouer un « rôle unique » dans les négociations pour mettre fin à la guerre, en servant de pont entre l’Europe et les États-Unis pendant le processus de paix en Ukraine. « L’Europe et l’Amérique doivent continuer à travailler en étroite collaboration – et je crois que le Royaume-Uni peut jouer un rôle unique pour contribuer à y parvenir », a-t-il déclaré.
« Nous sommes face à un moment unique en son genre pour la sécurité collective de notre continent. Il ne s’agit pas seulement d’une question concernant l’avenir de l’Ukraine. Il s’agit d’une question existentielle pour l’Europe dans son ensemble. »
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