Le groupe lyonnais GL Events succède à Vinci-Bouygues et prend les clés du stade de Saint-Denis pour 30 ans. Ce passage de relais s’effectue dans un climat tendu.
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France Télévisions – Rédaction Culture
Publié le 02/08/2025 13:52
Temps de lecture : 5min
Les fans du groupe autralien de hard rock AC/DC au Stade de France, lors du « Rock or Burst World Tour », le 23 Mai 2015, à Saint-Denis. (MARTIN BUREAU / AFP)
Transition électrique : après trente ans aux mains de Vinci-Bouygues, le Stade de France, propriété de l’Etat, sera géré dès mardi 5 août par le groupe lyonnais GL Events qui, au terme d’une intense bataille en coulisses, ouvrira une nouvelle ère en accueillant le groupe de hard rock légendaire AC/DC.
Après deux ans de procédure et plusieurs recours judiciaires du concessionnaire éconduit qui ont retardé l’épilogue, le transfert des clés du stade situé à Saint-Denis aura bien lieu pour les trente prochaines années. Autant dire que le passage de relais est « compliqué », a convenu récemment une source proche du dossier à l’AFP. De fait, personne ne souhaite l’évoquer officiellement.
Dans un rare communiqué gouvernemental, publié après la signature du contrat de concession, les deux ministres de l’Economie et des Sports ont indiqué qu’il fallait que « la période de transition qui s’ouvre permette la continuité du service, et notamment le transfert des personnels, afin que les concerts prévus en août se déroulent dans les meilleures conditions pour le public, les artistes et les salariés ».
En effet, le groupe lyonnais GL Events, spécialisé dans l’évènementiel, doit reprendre une partie du personnel du consortium Stade de France qui compte plus d’une centaine de salariés. Ceux-ci ont dû préparer les concerts du groupe de hard-rock AC/DC les 9 et 13 août, coincés entre leur ancien et leur nouveau patron.
Pour l’entreprise, « deux objectifs clairs : une intégration réussie avec des équipes de professionnels sereins et la réussite des concerts des 9 et 13 août avec des artistes et des visiteurs satisfaits », a résumé Christophe Cizeron, directeur général de la branche « venues », de GL Events, dans un message écrit transmis à l’AFP. Alexandra Boutelier, patronne « depuis 12 ans » du consortium évincé, a sobrement dit au revoir dans la newsletter de juillet du Stade de France, concluant : « Je suis certaine que le Stade de France, si cher au cœur des Français, continuera d’incarner un lieu unique, fédérateur et porteur d’émotions inoubliables ».
L’ère Vinci-Bouygues (respectivement deux tiers et un tiers des parts) s’achèvera avec les concerts du groupe sud-coréen de K-pop Blackpink le samedi 2 et le dimanche 3 août 2025. Après deux ans de pause, ce célèbre « girls band » formé de quatre jeunes femmes, a entamé en juillet une tournée en Corée du Sud qui passera notamment par Los Angeles, Toronto, New York et Barcelone.
Depuis qu’il a été officiellement désigné, GL Events a détaillé un peu son projet. Il a l’ambition de faire venir de nouveaux sports (baseball, foot américain…) mais aussi un musée, un nouveau restaurant, une salle de musique immersive. « L’enjeu, c’est de le faire tourner, de le faire vivre et d’en faire une vraie destination au-delà des 20 dates par an », avait déclaré Christophe Cizeron à l’AFP en mai 2025. Quelque 120 millions d’investissements sont programmés mais sans interruption de l’activité.
Le groupe lyonnais se prévaut d’avoir remis en selle l’ancien Stade Gerland à Lyon, et d’avoir exploité avec succès certains sites olympiques des JO de Paris. « Le job sera fait, il sera bien fait », avait assuré le dirigeant, aussi pour couper court aux accusations de préférence politique, le président du groupe Olivier Ginon étant réputé proche d’Emmanuel Macron selon plusieurs sources.
GL Events s’est déjà accordé avec la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue de rugby pour jouer « cinq matches par an à des conditions économiques plus favorables » qu’actuellement, relève l’Etat. « Un accord qui permet 5 à 6 millions d’euros d’amélioration », a détaillé Florian Grill à l’AFP.
En revanche, pas d’accord à ce jour avec la FFF pour jouer dans ce stade construit pour la Coupe du Monde de football et théâtre du sacre des Bleus en 1998. « Je ne manquerai pas de reprendre les échanges avec GL Events puisque j’ai dit tout l’intérêt et l’attachement que le Fédération portait au Stade de France », avait indiqué le patron de la FFF Philippe Diallo en juin.
Attribuée à la va-vite entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1995, la concession a coûté cher à l’Etat entre les contentieux juridiques et diverses compensations. La Cour des comptes avait calculé en 2018 que le stade et les infrastructures associées ont représenté au total quelque 778 millions de dépenses publiques.