Le président américain a réclamé, vendredi 1er août, le «renvoi immédiat» d’Erika McEntarfer, patronne du Bureau fédéral des statistiques. Sa faute ? Avoir publié un rapport qui montre une détérioration forte du marché du travail
«Renvoyer la responsable d’une agence gouvernementale stratégique parce que vous n’aimez pas les chiffres qu’elle produit, c’est ce qui arrive dans les pays totalitaires, pas dans les pays démocratiques,» a ainsi dénoncé Larry Summers, ancien ministre des finances du président Bill Clinton puis conseiller de Barack Obama.
Furieux contre les mauvais chiffres concernant l’emploi aux États-Unis publié vendredi 1er août, le président Donald Trump a aussitôt dénoncé des résultats «truqués» et a demandé le renvoi d’Erika McEntarfer, la directrice de la principale agence de statistiques économiques du pays.
Pour Trump, tout ce qui n’est pas favorable à sa politique est forcément de Biden
«Je viens d’apprendre que les chiffres de l’emploi sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden qui a truqué ces chiffres avant l’élection pour augmenter les chances de victoire de Kamala Harris sa rivale démocrate à la dernière présidentielle,» a d’abord affirmé le chef de l’État sur les réseaux sociaux. Et d’ajouter dans un second message, un commentaire accusatoire : le second rapport est « truqué pour donner une mauvaise image des républicains et de moi-même.» « J’ai demandé à mon équipe de renvoyer cette personne immédiatement. Elle sera remplacée par quelqu’un de beaucoup plus compétent et qualifié,» a-t-il ajouté, sans apporter de preuves de ses accusations.
Erika McEntarfer est la commissaire du Bureau fédéral des statistiques, un organisme qui publie les résultats de référence sur l’emploi, la productivité et les prix aux États-Unis. Son dernier rapport mensuel dépeint un tableau plus sombre qu’attendu de l’état du marché du travail.
Il pointe ainsi que le nombre d’emplois créés les mois de mai et de juin a été beaucoup moins important qu’escompté : 19 000 en mai et 14 000 en juin contre les 258 000 attendus, soit le niveau le plus bas depuis la pandémie de Covid.
Une économie américaine pas si «triomphante»
Un piètre résultat qui met à mal le discours triomphaliste de Donald Trump sur l’économie américaine. Alors qu’il vante les succès de son offensive mondiale sur la hausse des tarifs douaniers, les experts, eux, pointent les effets contrastés d’une telle mesure qui pourrait entraîner un ralentissement de l’économie américaine.
Le rapport publié de l’agence fédérale est en tous les cas le signe que le marché du travail américain se détériore rapidement.
Fâché avec les statistiques, Donald Trump l’est également avec les taux d’intérêt. Depuis son accession au pouvoir, il ne cesse de réclamer à la Réserve fédérale (FED), la banque centrale américaine, de diminuer ses taux d’intérêt pour mieux soutenir l’investissement et la croissance.
Ce à quoi la réserve fédérale s’est encore refusée cette semaine, laissant ses taux inchangés pour la cinquième fois. Au grand dam de Donald Trump qui ne cesse de proclamer que le patron de la Fed, Jerome Powell, «devrait démissionner.»
Une pratique «totalitaire» pour ses opposants
À défaut d’avoir sa tête – Jerome Powell est censé présider l’institution monétaire jusqu’en mai 2026 –, Donald Trump s’est estimé «très heureux» de la démission surprise annoncée vendredi 1er août, d’Adriana Kruger, une autre opposante à sa politique au sein de la Fed.
Nommée gouverneure en 2023 par l’ancien président Joe Biden, Adriana Kruger n’a pas expliqué les raisons de son départ, apparemment pour «motifs personnels.» En apprenant la nouvelle depuis son golf du New Jersey, Donald Trump s’est réjoui de ce départ inopiné qui lui offre l’occasion de nommer un allié au sein du comité monétaire qui fixe les taux.
En attendant, l’annonce du renvoi d’Erika McEntarfer suscite l’émoi de nombre d’économistes et les vives réactions des opposants démocrates au président milliardaire.
«Renvoyer la responsable d’une agence gouvernementale stratégique parce que vous n’aimez pas les chiffres qu’elle produit, c’est ce qui arrive dans les pays totalitaires, pas dans les pays démocratiques,» a ainsi dénoncé Larry Summers, ancien ministre des finances du président Bill Clinton puis conseiller de Barack Obama.
Par La rédaction, Comité Éditorial – Casablanca