Le Groupe Renault a nommé François Provost à la tête du groupe au moment où l’avenir d’Alpine en Formule 1 suscitait des interrogations. Le nouveau DG a levé l’ambiguïté en affirmant la continuité du projet sportif malgré un contexte technique et économique tendu.
Il aura fallu attendre la première journée du Grand Prix de Hongrie pour que le brouillard se dissipe. Alors que les A525 s’enlisaient dans les profondeurs du classement lors des essais libres, François Provost, nouveau Directeur général de Renault Group, a mis un terme aux spéculations :
« Alpine continuera son aventure en Formule 1. »
Un message clair, lancé en marge de la présentation des résultats semestriels du groupe, et qui vient rétablir une ligne de conduite après une période de flou initiée par le départ de Luca de Meo fin juin.
La prise de fonction de François Provost marquait une nouvelle ère, mais son silence initial laissait planer le doute sur ses intentions vis-à-vis du programme F1. Cette déclaration tranche.
François Provost : un profil technocratique pour un tournant stratégique
François Provost, 57 ans, n’était pas le favori pour succéder à Luca De Meo, mais sa désignation a été motivée par la stabilité et l’ancrage historique. En poste chez Renault depuis 2002, après une première carrière dans la haute administration française, il a occupé des fonctions clés à l’international, de Lisbonne à Séoul en passant par Moscou et Pékin.
Depuis 2020, il supervisait les partenariats internationaux et les achats, et a joué un rôle discret mais structurant dans le déploiement du plan « Renaulution ». Sa nomination consacre une ligne de continuité, mais avec une approche plus sobre, moins médiatique.
BWT Alpine Formula One Team : François Provost fixe le cap et confirme Alpine en F1 4
Son intérêt pour le sport automobile reste à ce jour peu documenté, ce qui avait nourri certaines incertitudes au sein de la communauté F1. Mais sa parfaite connaissance des dossiers internes, notamment ceux liés à la marque Alpine, a fini par rassurer en interne comme en externe.
Dès 2024, la direction avait tranché : à compter de 2026, l’équipe ne sera plus motorisée par Renault, mais par Mercedes. Un changement de paradigme profond, acté sous la direction précédente.
Ce choix marque la fin d’un cycle entamé en 1977, année de l’entrée de Renault en F1 en tant que motoriste. Malgré 12 titres mondiaux et des innovations majeures, le bloc de Viry-Châtillon n’a jamais retrouvé son lustre de l’ère Red Bull (2010–2013). La rigidité du gel moteur, combinée à un manque de latitude réglementaire en pleine crise post-Covid, a définitivement scellé son destin.
Sur le plan humain, l’équipe reste en reconstruction. Depuis la transformation de Renault F1 en Alpine en 2021, la stabilité fait défaut. Team principals évincés, directions techniques volatiles, stratégies contrariées… L’arrivée récente de Flavio Briatore comme conseiller spécial – en remplacement officieux d’Oliver Oakes – illustre cette urgence à retrouver un cap.
Sportivement, Alpine vit une saison douloureuse. Avec seulement 20 points inscrits après 13 Grands Prix, la structure est distancée par le peloton et surclassée par des équipes comme Haas ou Aston Martin.
À Budapest, l’A525 a encore montré ses limites sur un tracé peu favorable. Manque de grip à l’arrière, motricité erratique, comportement instable : le diagnostic est connu, les solutions, encore en chantier. Seule éclaircie, les progrès de Franco Colapinto en essais libres, avec un rythme prometteur sur les longs relais.
La vraie échéance, toutefois, s’appelle 2026. Nouveau moteur, nouvelles règles techniques, plafonnement budgétaire renforcé : toutes les cartes seront redistribuées. Reste à savoir si Alpine saura enfin capitaliser.
François Provost, Directeur général de Renault Group :
« C’est avec fierté et gratitude que j’accueille cette nomination. […] Vous pouvez compter sur mon engagement et ma détermination pour écrire ensemble la prochaine page de notre histoire. »
« Alpine continuera son aventure en Formule 1. »
Pierre Gasly, pilote BWT Alpine F1 Team :
« Il faut être lucide sur ce qu’on peut accomplir. Le soutien de la direction est là, mais le chemin reste long. »
Le tableau du championnat ne ment pas. Alpine est aujourd’hui en retrait, et les espoirs d’un sursaut en 2025 semblent minces. La saison n’est pas encore perdue, mais tout indique que les efforts sont désormais recentrés sur le moyen terme.
La confirmation par François Provost de la présence d’Alpine en F1 n’est pas un simple geste politique. Elle engage le groupe Renault dans une phase critique de sa stratégie industrielle, sportive et marketing.
Le cap est donné, mais l’exécution reste à prouver. Dans un monde où chaque dixième de seconde se paie au prix fort, Alpine devra convertir les déclarations en résultats concrets.
Et 2026, plus que jamais, sera l’année de vérité. Et prouver si oui ou non Enstone est capable de mener la victoire sans le bloc Renault.
Source : Groupe Renault