Par
Brian Le Goff
Publié le
2 août 2025 à 17h50
« Franchement, c’est presque zéro si on regarde la balance au bout du compte. » S’il considère comme « une bonne chose » l’arrivée prévue de renforts dans les rangs des effectifs de police à Rennes en septembre 2025, Anthony Grelet, délégué départemental du syndicat Alliance Police 35, ne mâche pas pour autant ses mots.
Une trentaine de renforts attendue
En effet, ils devraient être une trentaine de nouveaux membres des forces de l’ordre à rejoindre la capitale bretonne : 14 profilés et 18 autres pour renforcer les unités de la circonscription de Rennes, notamment sur la voie publique. Les premiers sont spécialisés dans leur domaine. Quatre d’entre eux viendront renforcer la brigade des stupéfiants de la division de la criminalité territoriale.
Les autres vont renforcer les unités d’investigations déficitaires. Ils combleront en même temps les 10 départs prévus, que ce soit dans la brigade criminelle ou la brigade financière entre autres, selon le syndicaliste Anthony Grelet. « Ces derniers ont postulé pour d’autres fonctions dans le but de quitter leur service pour la direction zonale particulièrement. C’est elle qui coordonne l’action des policiers sur le terrain et gère les demandes et les besoins ponctuels. »
C’est le même résultat avec les 18 autres arrivées, il y a aussi des départs prévus dans les effectifs qui travaillent sur la voie publique. On se fait déplumer. On est sous-armé.
Anthony Grelet
Délégué départemental du syndicat Alliance Police 35
« En judiciaire, aux renseignements, au centre de rétention administrative (CRA)… Tous ont besoin de renforts. » Anthony Grelet prend pour exemple le CRA. Aujourd’hui, il compte 56 places, mais, par manque d’effectifs de police, il ne peut actuellement accueillir qu’une quarantaine de personnes retenues. Dans le même temps, un projet d’évolution du centre est prévu pour accueillir à terme 106 personnes, continue-t-il.
Un nouveau service qui va aussi prendre de nouveaux effectifs
Dans le même temps, un service de « diffusion des fiches judiciaires » doit être créé. Il sert à enregistrer les profils des personnes mises en cause dans des affaires et condamnées. « C’est un service qui doit fonctionner 24 heures sur 24. Il va donc mobiliser au minimum 10 collègues, qui vont ainsi être pris dans les effectifs actuels ou sur les nouvelles arrivées », note Anthony Grelet.
Enfin, lors du dernier conseil municipal qui s’est tenu en juin, et auquel étaient conviés procureur de la République et préfet, ce dernier avait assuré qu’en termes de policiers, « Rennes n’était pas oubliée ».
Selon nos informations, Rennes compte environ un millier de policiers, dont un petit peu plus d’un tiers (environ 360) pour la voie publique (police-secours, brigade de jour et de nuit, brigade canine, motards, compagnie d’intervention, brigade anti-criminalité, brigades spécialisées de terrain, SITC).
Des départs anticipés à la retraite pas remplacés
Mais pour le syndicaliste, ce qui est en revanche oublié de la part des autorités, ce sont tous les collègues qui vont partir à la retraite et qui pour beaucoup d’entre eux partent en anticipation pour solder toutes les heures supplémentaires travaillées. « Ils sont ainsi toujours considérés dans l’effectif, mais ne sont pas en poste. Pour certains, ça représente plusieurs semaines et mois d’absence qui n’est pas remplacée. »
Pour Anthony Grelet, « pour pouvoir rester juste à flot », il leur faudrait 90 collègues en plus. « On a aussi des missions de sécurisation ponctuelles qui ajoutent des heures et des jours supplémentaires à rattraper par la suite. C’est le cas pour les mouvements sociaux et des grandes manifestations sportives, comme les matchs de foot. »
Deux demandes précises de la part des syndicats
Mais cette demande semble loin d’être une hypothèse envisageable à court terme. Alors, le syndicat Alliance police 35 demande que Rennes soit inscrite dans le plan national de sécurisation renforcée. Selon Anthony Grelet, elle permettrait au directeur de la police de disposer d’une demi-compagnie de CRS, soit une quarantaine d’effectifs, mobilisables à des moments charnières pour les autres services.
Face aux épisodes de violences qui touchent régulièrement Rennes, le syndicat insiste depuis plusieurs années sur le placement de la capitale bretonne en « secteur difficile ».
Être en secteur difficile, c’est avoir plus de moyens et d’effectifs en stock. Elle permet aussi d’attirer davantage et de fidéliser les collègues avec une indemnité spécifique. À titre de comparaison, des villes comme Nice, Le Havre et Rouen sont inscrites en secteur difficile.
Anthony Grelet
Délégué départemental du syndicat Alliance Police 35
À défaut d’avoir suffisamment de nouveaux renforts, la réintégration du parcours de formation des policiers adjoints au niveau départemental va permettre, après quatre mois de formation théorique, d’équilibrer les effectifs de police, selon le syndicaliste. « Sans eux, on ne pourrait faire fonctionner les services. »
Sollicité par actu Rennes, Yannick Blouin, le directeur interdépartemental de la Police Nationale (DIPN) d’Ille-et-Vilaine, ne souhaite ni confirmer, ni infirmer les chiffres avancés dans notre article. Également contactée, la préfecture explique que c’est au DIPN de s’exprimer à ce sujet qui relève par ailleurs du ministère de l’Intérieur, avant de finalement nous répondre : « La question des moyens des services de police en Ille-et-Vilaine fait l’objet d’un suivi particulièrement attentif, dans un contexte dans lequel les policiers ont obtenu des résultats remarquables avec notamment l’interpellation de tous les auteurs de règlements comptes liés aux stupéfiants. »
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