Par

Margaux Rousset

Publié le

1 août 2025 à 17h57

Après avoir vaincu deux cancers en quatre ans, Lydie Coché aurait pu reprendre le cours de sa vie et ne plus entendre parler de cette maladie. Pourtant, elle en a fait son quotidien. Elle raconte son combat, son expérience en tant que patiente avec passion et avec beaucoup d’humour lors de conférences.

« Je refuse le cancer, je n’en veux pas »

Pourquoi elle ? Parce que Lydie est une « patiente partenaire » en cancérologie diplômée de la Sorbonne. Une belle revanche sur la vie pour celle qui n’a jamais aimé les études. « C’est un diplôme universitaire que j’ai passé lorsque j’étais en rémission et il n’y a que 22 places, explique-t-elle. Il se fait en 10 mois avec un mémoire et une soutenance à la fin. »

Son mémoire, cette Normande de 52 ans l’a fait sur « le parcours identitaire après le passage de Mathilde. » Mathilde, comme le surnom qu’elle a donné à ses cancers. « Quand on m’annonce la maladie, c’est un véritable tsunami. Je refuse le cancer, je n’en veux pas », explique-t-elle. Et puis, elle a décidé de se battre avec à ses côtés sa famille et les professionnels du centre François Baclesse. « J’ai vécu énormément d’humanité à Baclesse », confie-t-elle.

Dire que tout va bien se passer

Pourtant il y a une chose qui lui a manqué dans son parcours de soins : avoir une patiente partenaire qui lui tende la main pour lui dire qu’elle ne va pas mourir et que tout allait bien se passer. C’est un des rôles du patient partenaire, peut-être l’un des plus importants. « Quand on arrive à l’hôpital pour sa première chimio, on a peur et on est seul malgré nos aidants », confie-t-elle. Lydie intervient notamment à la Polyclinique du Parc à Caen, en hôpital de jour où elle rencontre certains patients lors de leur première chimiothérapie. « Je discute avec eux. Je leur demande comment ils vont aujourd’hui. On peut parler de tout avec la patiente partenaire, on est un miroir et on dit toujours la vérité. »

Avoir un cancer, c’est comme monter dans un train avec différents wagons. Tant que le patient n’est pas monté dans le premier wagon, je reste avec lui. Puis je le retrouve à la sortie pour qu’il ne rate pas la marche vers sa nouvelle vie.

Lydie Coché

De l’expérience à l’expertise

En plus d’être un lien entre les professionnels de santé et les patients, Lydie a pu transformer son expérience de patiente en expertise grâce à sa formation à la Sorbonne. « J’ai appris énormément de choses sur tous les cancers, les parcours de soins. Il y a aussi un aspect psychologique auquel je suis formée. Je sais ce qu’il faut dire et ne pas dire et comment le dire. Je suis experte en rétablissement en cancérologie. »

Avec son diplôme universitaire, Lydie donne depuis trois ans des conférences à la faculté de médecine de Paris auprès des futurs médecins et pharmaciens. Elle a intégré le comité stratégique du groupe hospitalier privé Vivalto France et est contactée pour former des kinés ou préparateurs en pharmacie via le Cifac. « La prévention de santé au travail m’a appelée pour signer une convention pour prendre en charge les salariés qui veulent reprendre le travail après un cancer. Je reçois les personnes pendant une ou deux heures puis je rends un rapport. » Lydie insiste bien sur un point : il y a un manque de suivi entre la rémission et la reprise du travail. « Moi je vois que j’ai changé. J’ai voulu reprendre mon travail trop vite après mes cancers, j’ai fait une dépression. Il faut une véritable préparation. »

En écoutant Lydie Cochée raconter son expérience de vie, c’est l’espoir qui prédomine. « Regardez ce que je suis devenue après deux cancers. Ma vie a été un peu détruite mais j’ai su rebondir. »

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