Mise en service en 1979, la tranchée couverte de Firminy avait permis de dévoyer la circulation de la RN88 en dehors du centre-ville de la localité. Mais à peine six ans plus tard, voilà qu’un incident spectaculaire se produit, obligeant à fermer sans délais le tunnel.
Il est 19h05, le lundi 29 juillet 1985, lorsque les faits se produisent. Comme chaque soir, le trafic est dense dans le tunnel quand, soudain, « une plaque de voûte du tunnel anti-bruit s’est écroulée sur la chaussée », écrit La Tribune – Le Progrès au lendemain de l’incident.
1,5 tonne de béton tombée du ciel
Cette plaque, ce n’est autre qu’un énorme bloc de béton de 6 m² pour 20 centimètres d’épaisseur pour un poids de 1,5 tonne.
« Le bruit fut effrayant et la chute encore plus », relate notre quotidien dans son édition du mardi 30 juillet 1985. Par miracle, aucune voiture ne se trouvait en-dessous au moment du détachement de la plaque. En revanche, suite aux ralentissements causés en amont, un carambolage se produit, impliquant trois voitures et un camion : on relève alors un blessé léger.
Des plaques qui ont glissé
Au surlendemain des faits, alors que les ingénieurs de l’équipement sont dépêchés sur place, on ne s’explique pas comment l’incident a pu se produire. « Ces plaque sont posées sur des poutres en demi-lune avec, de chaque côté, une importante portée. Mais cette portée n’est aujourd’hui plus identique pour toutes les plaques comme elle devait l’être », explique notre reporter Jean-Yves Dupain dans La Tribune – Le Progrès du mercredi 31 juillet 1985.
« Sur certaines parties de la couverture, ces plaques ne sont pas posées horizontalement mais en légère pente. C’est sur ces dernières que le décalage se constate, car si une seule plaque a chuté, il y en a plusieurs qui ont bougé ! ».
Plusieurs facteurs sont alors évoqués pour expliquer ces désordres. On pense notamment aux « vibrations auxquelles sont soumises les plaques, dues au trafic routier et au bruit qui en découle ». A cela s’ajoute les affres du temps : « Les conditions atmosphériques ont peut-être pu également jouer un rôle, le béton étant sensible aux différences de température ».
Le centre-ville renoue avec les bouchons des années soixante-dix
Tandis que les visites d’experts se multiplient et qu’une solution est recherchée pour sécuriser l’ouvrage, la tranchée couverte de Firminy est fermée… Et pendant plusieurs semaines, Firminy retrouve le rythme de ses bouchons infernaux dont elle pensait s’être débarrassée. « Le boulevard Fayol, la rue Jean-Jaurès, la rue Victor-Hugo ou encore la rue du Champ-de-Mars retrouvent ainsi une intensité de circulation que les Appelous avaient oubliée », peut-on lire dans notre journal du jeudi 1er août 1985. « On se rend compte ainsi du bienfait de cet autoroute au niveau du bruit ! ».
La situation perdure ainsi pendant encore quelques semaines, le temps de procéder aux réparations nécessaires. « La chance a souri une fois, il est inutile de la retenter ».
Le tunnel qui ne déviait que partiellement la ville
Mis en service en 1979, le tunnel de Firminy a permis de soulager le trafic dans le centre-ville appelou en détournant le tracé de la RN88. Mais cette déviation, réalisée à grands frais (il avait fallu, en 1974, exproprier et démolir les maisons de la place Lachaux), n’est pendant longtemps restée que partielle.
En effet, jusqu’en 1995, la tranchée couverte de Firminy a débouché sur un itinéraire non aménagé, s’engouffrant sur le boulevard Saint-Charles et rejoignant la très dangereuse descente du Pinay pour ensuite se raccorder aux aménagements qui, du côté de la Haute-Loire, avaient déjà été finalisés. Ce n’est que le 1er septembre 1995 que la déviation globale de Firminy a été terminée et mise en service, soit seize ans après l’ouverture de la tranchée couverte.