Par

Nicolas Zaugra

Publié le

3 août 2025 à 7h54

À Vénissieux, il y a le quartier des Minguettes frappé par l’insécurité et le trafic de stupéfiants depuis bien des années. Mais la ville populaire de la métropole de Lyon concentre aussi d’autres secteurs touchés par le fléau du trafic de drogue.
Même si la préfète du Rhône se félicite d’avoir repoussé une vague de trafiquants venus de Marseille et d’obtenir des résultats sur ce sujet, le quartier Ambroise-Croizat de Vénissieux est aussi « cerné » par le trafic. Des riverains dénoncent la présence de dealers, des tirs, des nuisances et des conditions de vie difficiles. Pour la troisième fois fin juillet, en moins d’une semaine, des coups de feu ont encore été tirés.

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« Nous sommes en détresse »

Le secteur a vu ces dernières années arriver le tramway T4 et de nouveaux immeubles modernes sortir de terre. Monique (le prénom a été modifié) a emménagé en 2022 dans une résidence senior flambant neuve. « L’immeuble est cerné par les dealers », constate-t-elle amèrement trois ans après son arrivée. « Ils s’étaient installés dans le local vélo. Après de nombreuses alertes, Lyon Métropole Habitat (le bailleur social) l’a fermé. »

Une action qui n’empêche pas de déplacer le problème. Elle liste des « dégradations de barrière de parking, de prise d’eau et d’électricité dans le local poubelles » avec des dealers « sous les fenêtres à côté des garages, dans l’allée avec du sang et du vomi ». À plusieurs reprises, elle affirme même avoir dû prendre les devants et « les mettre dehors ». 

« La police est réactive. Seulement, c’est épuisant de toujours téléphoner, nous sommes en détresse », poursuit la riveraine qui vit dans cet immeuble avec une dizaine d’autres personnes âgées dont « certaines très vulnérables ».

C’est une honte de nous laisser seuls pour nous défendre. L’immeuble est dégradé et sale. Malgré notre collectif et différentes pétitions, on nous traite avec mépris. Il y a des pannes d’ascenseur récurrentes, de chauffage et d’eau chaude pendant deux mois l’hiver.

Une habitante de Vénissieux

« Ils ont incendié le portail de l’immeuble »

Une autre habitante au 40 du boulevard est aussi à bout. « J’ai entendu les tirs, les deux jours (de juillet), et même ceux de 13h », survenus dans le quartier il y a plus d’une semaine. 

« C’est une guerre de territoire ici. On se sent en danger à cause d’eux. Il y a de la violence, ils se battent entre eux, et tout se passe sous notre nez. »

« Ces incidents changent notre quotidien. Tout est trop près des habitations (…), poursuit la riveraine. Ils ont incendié le portail de l’immeuble. On risque de se retrouver au milieu des tirs, c’est horrible. M. Retailleau annonce des dispositifs, on verra bien, mais tout ce qu’on veut, c’est vivre tranquille chez nous, sans avoir peur en descendant la poubelle ou en allant chercher le courrier. »

Ces gamins, ils choisissent cette vie, c’est leur choix, mais nous, on veut juste la paix. Ils me font plus de peine qu’autre chose.

Habitante du quartier

« Personne n’arrive à réduire le trafic », reconnaît un élu

« En ce moment, c’est tous les jours » (les tirs ou les mortiers), confirme un habitant qui assure que ses voisins « ont peur ». Une riveraine réclame le même dispositif que celui mis en place dans le quartier difficile du Tonkin à Villeurbanne. Une brigade spécialisée a été déployée il y a plusieurs mois sur décision de l’État après des demandes répétées du maire.

Une remarque partagée par l’adjoint PCF au maire de Vénissieux en charge du logement, Pierre-Alain Millet, cité récemment par Le Progrès. « Pourquoi on ne mobilise pas les mêmes moyens à Vénissieux ? Personne n’arrive à réduire le trafic (…) On essaye de le repousser avec la résidentialisation, mais le niveau de violences augmente », constate l’élu.

Le boulevard Ambroise-Croizat est touché par le trafic de drogue à Vénissieux.
Le boulevard Ambroise-Croizat est touché par le trafic de drogue à Vénissieux. (©Google Street View)Une situation qui dure malgré des « solutions »

Les faits dénoncés cet été 2025 par les habitants n’ont rien de nouveau. Déjà en 2023, certains dénonçaient un « quotidien invivable ». Coups de feu, bagarres, seringues usagées laissées dans la rue, tapage nocturne, toxicomanes « zombies » errants au pied des immeubles…

La préfecture assurait alors que le secteur faisait l’objet « d’une attention toute particulière des services de l’État et de la Ville dans le cadre des réunions de tranquillité publique pour renforcer les actions coordonnées face aux trafics de drogue ».

Une résidence au numéro 32 a fait l’objet de sécurisation, mais le portail a été attaqué au chalumeau et incendié à plusieurs reprises, à tel point qu’il ne ferme plus. De nombreux habitants s’accordent : à chaque « solution » mise en place, les dealers s’adaptent, se déplacent, et les dommages collatéraux du trafic continuent. 

La préfecture défend son action

La préfecture indique ce vendredi 1er août que de « nombreuses opérations de visite de parties communes » sont effectuées, avec chiffres à l’appui : 40 au total, 39 procédures pour de la lutte contre les stupéfiants sont ouvertes et 42 mis en cause ont été interpellés.

Ce vendredi matin, les policiers de la Bac ont interpellé un homme habillé tout en noir se débarrassant d’un sac près de la gare de Vénissieux. Son comportement louche avait interpellé la police. Dans son sac se trouvait une arme à feu chargée.

Avec Julien Damboise et notre correspondant local

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