Face à
l’augmentation alarmante des troubles cognitifs dans le
monde, les chercheurs scrutent notre alimentation à la recherche
d’alliés insoupçonnés. Une nouvelle étude révèle qu’un
oligo-élément discret, le cuivre, pourrait jouer un rôle crucial
dans la préservation de nos capacités mentales après 60 ans. Mais
cette découverte cache une subtilité importante : tout est question
de dosage.
Un
oligo-élément aux multiples visages
Le cuivre occupe une
position particulière dans notre organisme. Cet oligo-élément
essentiel participe activement au métabolisme énergétique des
neurones, facilite la synthèse des neurotransmetteurs et contribue
à notre système de défense antioxydant. Pourtant, son rôle dans les
maladies neurodégénératives reste paradoxal : selon sa
concentration et sa biodisponibilité dans le tissu nerveux, il peut
se révéler tantôt protecteur, tantôt délétère.
Cette dualité intrigante a
motivé une équipe de chercheurs à explorer plus finement la
relation entre consommation de cuivre et performances cognitives.
Leur étude, publiée dans Scientific Reports, apporte des éclairages
nouveaux sur cette question complexe.
Une
enquête d’envergure sur le territoire américain
L’investigation s’est
appuyée sur les données de l’Enquête nationale sur la santé et la
nutrition américaine (NHANES), analysant le profil de 2 420
participants âgés de 60 ans et plus entre 2011 et 2014. Cette
cohorte représentative a permis d’établir des corrélations robustes
entre habitudes alimentaires et fonctions cérébrales.
Les chercheurs ont
méticuleusement évalué l’apport en cuivre via des rappels
alimentaires détaillés sur 24 heures, puis ont soumis les
participants à une batterie de tests cognitifs : substitution de
chiffres et symboles, fluence verbale (capacité d’une personne ou
d’un système à délivrer rapidement une information et avec
expertise), tests de mémoire immédiate et différée. Cette approche
multidimensionnelle offre une vision complète des capacités
mentales.
Des
résultats qui dessinent une courbe optimale
Les résultats révèlent une
relation fascinante en forme de « L inversé » entre
consommation de cuivre et performances cognitives. Les participants
consommant le plus de cuivre (au moins 1,44 mg par jour) surpassent
systématiquement ceux qui en consomment le moins (moins de 0,76 mg
par jour) dans la majorité des tests.
Cette amélioration n’est
cependant pas linéaire. Les bénéfices cognitifs progressent avec
l’apport en cuivre jusqu’à atteindre des seuils optimaux situés
entre 1,22 et 1,63 mg par jour selon les tests. Au-delà de ces
niveaux, les associations perdent leur signification statistique,
suggérant qu’un surplus de cuivre n’apporte plus d’avantages
supplémentaires.
Crédit :
iStock
Crédits : Mariia Vitkovska/istockUne
protection renforcée pour les survivants d’AVC
L’étude dévoile également
une découverte particulièrement intéressante : les personnes ayant
survécu à un accident vasculaire cérébral montrent une association
encore plus marquée entre apport en cuivre et cognition globale.
Cette observation suggère que le cuivre pourrait jouer un rôle
protecteur particulièrement important dans la récupération et la
préservation des fonctions cérébrales après un traumatisme
vasculaire.
Des
mécanismes biologiques plausibles
Bien que les mécanismes
précis restent à élucider, les chercheurs considèrent ces résultats
comme biologiquement cohérents. Le cuivre intervient dans trois
processus fondamentaux pour la santé cérébrale : il renforce nos
défenses antioxydantes contre le stress oxydatif, facilite la
production de neurotransmetteurs essentiels à la communication
neuronale, et optimise le métabolisme énergétique des cellules
nerveuses.
Vers une
approche nutritionnelle personnalisée
Cette recherche s’inscrit
dans un mouvement plus large visant à identifier les stratégies
nutritionnelles capables de préserver nos facultés mentales avec
l’âge. Elle souligne l’importance d’une approche nuancée : plutôt
que de chercher à maximiser absolument nos apports en cuivre,
l’objectif serait d’atteindre une zone optimale, ni trop faible ni
excessive.
Ces découvertes ouvrent
des perspectives prometteuses pour la prévention du déclin
cognitif, suggérant qu’une alimentation équilibrée, riche en cuivre
à des niveaux modérés, pourrait constituer une stratégie accessible
pour préserver notre capital cognitif tout au long du
vieillissement.