Par

Enzo Legros

Publié le

3 août 2025 à 15h12

Des toiles allongées sur plusieurs mètres au sol, des œuvres dans un piteux état et surtout inconnues. Depuis le début de l’été, beaucoup de visiteurs du Couvent des Jacobins de Toulouse se posent une question : quelles sont ces peintures exposées dans le réfectoire de l’église ? La réponse à cette question mélange histoire locale méconnue et rareté artistique exceptionnelle. On vous explique pourquoi.

Des toiles oubliées pendant 70 ans

Les peintures déposées sous le regard de tous depuis début juillet ont été peintes par l’artiste toulousain Paul Gervais, entre la seconde moitié du XIXe siècle et le début de la Première Guerre mondiale, une période aussi surnommée « la Belle époque ».

« J’ai retrouvé ces toiles qui n’avaient jamais été déroulées en 70 ans et qui se trouvaient autrefois au boulevard de Strasbourg, à Toulouse », explique Pierre Catalo, chargé de conservation au Couvent des Jacobins.

Les toiles de Paul Gervais n'avaient pas été déroulées depuis 70 ans.
Les toiles de Paul Gervais n’avaient pas été déroulées depuis 70 ans. (©Christian Nitard)

Plus précisément, ces peintures se trouvaient au Café Sion, un établissement majoritairement fréquenté par la bourgeoisie toulousaine de la « Belle époque ». Après la disparition du café, les œuvres avaient été rangées dans le sous-sol du Couvent des Jacobins, avant d’être oubliées pendant des dizaines d’années.

Des restes rares du passé

Aujourd’hui, il ne reste plus « qu’un passage assez glauque » sur l’emplacement de l’ancien Café Sion, indique Pierre Catalo. Les seuls restes de ce lieu de vie historique de la Ville rose sont d’une grande rareté. « Ces toiles sont les seuls décors du patrimoine encore existants », ajoute même le conservateur.

Les rendre connus aux yeux de tous était donc une opportunité de mettre en lumière une partie méconnue de l’histoire de Toulouse. « C’est une période où l’industrie est fleurissante et Toulouse va suivre la tendance des grands travaux type haussmannien, il fallait des lieux pour divertir la bourgeoisie », raconte Pierre Catalo.

Inviter le public dans les coulisses de la conservation

Dérouler ces pièces d’art face aux yeux du grand public était aussi un moyen d’emmener les visiteurs dans les coulisses du Couvent des Jacobins. Jusqu’au 28 septembre, des visites guidées permettent aux spectateurs de comprendre pourquoi les toiles sont aujourd’hui dans un état déplorable. « Il y a des parties qui se sont désagrégées car elles avaient été placées près d’une source de chauffage », illustre Pierre Catalo.

À la fin du mois de septembre, les peintures seront de nouveau enroulées, cette fois dans de meilleures conditions de conservation. Elles ne seront pas restaurées faute de budget, mais un reconditionnement pourrait avoir lieu pour les remettre en état. « Si on ne les avait pas déroulées cette année, les toiles n’auraient peut-être jamais été rouvertes », confie le conservateur de ces bijoux d’histoire locaux. 

Des visites guidées « flashs » de 30 minutes ont lieu le matin en semaine, et des visites plus détaillées de 45 minutes se déroulent l’après-midi. Dans les deux cas, il faut réserver à l’avance sur le site de la mairie de Toulouse. Le prix du ticket est à cinq euros pour les adultes et à 3 euros pour les moins de 18 ans et les étudiants. 

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