Dans les coulisses du paddock Moto2, un homme s’active
en silence, mais avec efficacité. Kenan Sofuoglu, quintuple
champion du monde Supersport et désormais mentor influent dans le
monde du deux-roues turc, est en pleine négociation pour l’avenir
de son protégé : Deniz Öncü. Derrière les résultats sportifs
encourageants du jeune pilote se cache un enjeu stratégique bien
plus large, où la dimension financière pourrait tout faire
basculer.
Après une première saison compliquée en Moto2 en 2024, conclue à
la 20e place, Deniz a pris son envol en 2025. Avec
deux victoires, au Sachsenring et à
Aragon, et une sixième place actuelle au
championnat, le Turc a démontré qu’il pouvait être un acteur majeur
de la catégorie. Cette progression fulgurante n’a pas échappé aux
recruteurs, et encore moins à Sofuoglu, qui voit
dans les résultats de son pilote l’occasion d’obtenir une
revalorisation salariale significative, ou même un transfert vers
une structure plus généreuse.
Selon des indiscrétions du paddock, Öncü
pourrait doubler sa rémunération annuelle en quittant
KTM pour une autre écurie de pointe. Parmi les
plus sérieuses options, l’équipe Marc VDS, en
quête d’un remplaçant de Jake Dixon (promu en
Superbike chez Honda), se montrerait très intéressée. Une
opportunité que Sofuoglu envisage avec
pragmatisme. Car même si Deniz est un produit pur de la filière
KTM — de la Rookies Cup à Tech3
en Moto3, puis Ajo en Moto2 — la loyauté ne peut
pas se substituer indéfiniment à une reconnaissance concrète,
financièrement parlant.
KTM, de son côté, est face à un dilemme :
continuer de miser sur Öncü, devenu l’un de ses
pilotes les plus performants, ou préparer l’arrivée de José
Rueda, actuel leader du championnat Moto3 et jeune espoir
espagnol sur qui Mattighofen fonde de grandes attentes. Le choix
est délicat. Garder les deux serait logique sportivement, mais les
budgets sont contraints et les places limitées.
Le rêve turc Pramac avec
Toprak Razgatlioglu en MotoGP et les frères Öncü en Moto2
?
Autre élément de tension : le contrat de Collin
Veijer, coéquipier d’Öncü chez
Ajo, est sécurisé jusqu’en 2026… malgré une saison
très en retrait. Avec seulement 13 points au compteur contre 100
pour le Turc, l’argument sportif ne joue pas en faveur du
Néerlandais. Mais contractualiser Deniz pour 2026 impliquerait des
ajustements chez KTM.
En arrière-plan, une rumeur tenace alimente les spéculations :
voir les jumeaux Öncü, Deniz et
Can, associés à Toprak
Razgatlioglu dans la future structure Moto2 de Pramac,
aux côtés d’un constructeur japonais ou d’un projet MotoGP élargi.
Mais un trio turc dans une équipe italienne pourrait poser des
questions de positionnement marketing. Le directeur de l’équipe,
Gino Borsoi, a déjà nié tout projet de ce
type, affirmant n’avoir été mis au courant de rien.
En attendant,
Kenan Sofuoglu trace sa route. Derrière son
calme apparent se cache un stratège bien décidé à faire valoir la
valeur réelle de Deniz Öncü sur le marché. Pour
lui, le moment est venu de transformer le talent en contrat. Et
cette fois, ce ne sont pas les chronos, mais les chiffres sur la
table de négociation qui feront la différence.