Par

Hervine Mahaud

Publié le

3 août 2025 à 17h06

Alors que l’insertion professionnelle des jeunes reste un défi national, certains territoires se révèlent plus hostiles que d’autres au moment de débuter sa carrière. C’est le cas du Nord qui, selon une étude de la plateforme internationale de recherche d’emploi JobLeads, figure ex æquo à la dernière place d’un classement des départements métropolitains les plus favorables aux jeunes actifs. Voici les trois raisons qui plombent le tableau.

Loyers élevés, opportunités rares

Avec un score de 2,74 sur 10, le Nord partage la queue du classement avec le Gard. Si Lille rayonne par son attractivité étudiante et son dynamisme culturel, la transition vers la vie active se heurte à de sérieux obstacles.

« Malgré la forte activité étudiante de Lille et un salaire net moyen de 1 727 € (près de 300 € au-dessus du Smic), le département peine à offrir des conditions favorables aux jeunes en début de carrière », explique l’étude.

En effet, le loyer moyen pour un T2 atteint 721 € charges comprises, un montant élevé pour la région, tandis que les opportunités professionnelles accessibles aux débutants restent limitées : seulement 2,38 offres pour 10 000 habitants, bien en dessous de la moyenne du classement (3,51).
Enfin, s’ajoute un indicateur particulièrement préoccupant : 173 jeunes inscrits à France Travail pour 10 000 habitants,  soit l’un des pires taux du classement.

Un contraste saisissant

Ce mauvais classement peut surprendre au regard de la vitalité économique et urbaine de Lille. Mais pour Jan Hendrik von Ahlen, cofondateur et directeur général de JobLeads, cela illustre un écart persistant entre l’envie de travailler des jeunes et la réalité du marché :

« Contrairement à certains discours dominants qui prétendent que ‘les jeunes ne veulent plus travailler‘, les données racontent une toute autre histoire. Beaucoup se heurtent à une réalité qui épuise : loyers trop élevés, salaires bas, précarité des contrats, manque d’opportunités accessibles en début de carrière. Il est donc facile de sombrer dans le défaitisme lorsqu’on a le sentiment de faire tout ‘comme il faut’ sans que cela paie. »

Selon lui, 80 % des jeunes actifs continueraient à travailler même sans nécessité financière, à condition que leur emploi ait du sens. Par ailleurs, 40 % des 18–34 ans se disent prêts à gagner moins si leur emploi est utile à la société. « Mais encore faut-il pouvoir se loger, se nourrir et vivre dignement sans se priver pour œuvrer dans ces secteurs. »

Où commencer sa carrière ?

En tête du classement, on retrouve des territoires comme la Savoie, l’Aveyron ou la Manche, où les loyers sont plus abordables, les salaires décents et les offres accessibles plus nombreuses.
Pour le directeur général de JobLeads, identifier ces zones est crucial pour « adapter nos modèles aux aspirations d’une génération lucide, engagée et bien plus travailleuse qu’on ne le pense ».

Méthodologie : l’étude, réalisée le 5 juillet 2025, a analysé les loyers moyens constatés pour les T2 de 30 à 55 m², le salaire net mensuel moyen pour les moins de 26 ans, le nombre d’offres accessibles aux profils débutants et taux de chômage des moins de 25 ans dans chaque département métropolitain (les départements et régions d’outre-mer n’ont pas été inclus, en raison de données insuffisantes), pour établir un indice de lancement de carrière sur 10. L’ensemble des données est disponible ici.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.