Nation où la liberté règne en souveraine, les États-Unis ont nourri les légendes de la saga napoléonienne. Celle, par exemple, du maréchal Ney, fusillé en 1815, mais que certains imaginèrent reconverti fermier après qu’il eut été soustrait au peloton d’exécution des Bourbons…

L’Amérique, promesse d’un nouveau départ impérial

En juillet 1815, réfugié à Rochefort après la défaite de Waterloo, l’Empereur lui-même aurait envisagé brièvement cette hypothèse. Mais les Britanniques n’exaucèrent même pas son second choix, qui était l’Angleterre rurale. Direction Sainte-Hélène ! Fit-il miroiter ce projet avorté à son frère aîné ? Joseph Bonaparte (1768-1844) arriva en Amérique à la fin du même mois, fort d’un passeport tamponné par Fouché. Celui qui se faisait désormais appeler « comte de Survilliers » y investit dans le foncier et la construction du chemin de fer et lança un journal francophone, Le Courrier des États-Unis.

Un héritier impérial sous haute surveillance

Il se fit construire une résidence somptueuse dans le New Jersey, où il achemina ses tableaux de maîtres et une bibliothèque de 8 000 livres – la plus belle du pays, disait-on… Durant la Seconde Restauration, les espions de l’ambassade de France l’eurent à l’œil, de crainte qu’il n’ourdisse l’évasion de Napoléon, jusqu’à la disparition de celui-ci en 1821. En 1832, à la mortde l’Aiglon, Joseph, désormais héritier de l’Empereur, rentra en Europe pour postuler – en vain – au trône. Las, il repartit aux États-Unis durant trois ans, avant de mourir à Florence en 1844. Un lac apprécié des pêcheurs, situé sur l’une de ses terres dans l’État de New York, porte encore son nom.

➤ Article paru dans le magazine GEO Histoire n°102, « La saga des Français qui ont fait l’Amérique », de juillet-août 2025.

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