Les sept premiers mois de 2025 ont été marqués par un nombre élevé d’arrêtés de péril à Marseille. 141 immeubles ont été l’objet d’un arrêté de mise en sécurité dont 79 en procédure urgente avec des évacuations partielles ou totales traitées par la Direction de la protection des populations et de la gestion des risques (DPPGR). Dans le même temps, 156 mainlevées ou abrogations d’arrêté ont clôturé les procédures sur attestations vérifiées de travaux réalisés. En 2024, 400 immeubles ont été mis en péril dont 130 en urgence.

Courant juillet, 17 nouvelles adresses ont été mises en péril dont 6 en urgence et 30 mainlevées ont été prononcées dont le fameux immeuble situé 9 place de Rome / 1 rue Lafon qui était en péril grave et imminent depuis le 21 novembre 2018. Il a obtenu le 25 juillet la mainlevée après de très lourds travaux structurels. Notre décompte de juillet n’intègre pas les 69 adresses à l’Estaque (dont 45 maisons détruites totalement ou en partie) qui sont frappées d’une interdiction d’occupation à la suite de l’incendie du 8 juillet.

Des cas singuliers émergent de la consultation des arrêtés de mise en sécurité. Le 4 rue Jean Roque (1er) est de nouveau sous le coup d’une procédure de mise en sécurité urgente depuis mai alors qu’il était sorti de péril fin 2023. C’est le cas aussi du 179 avenue Roger Salengro (3e) et du 30 boulevard Catrano (15e).

Tension sur le relogement

Une centaine de signalements touchant à la sécurité bâtimentaire sont reçus tous les mois au standard téléphonique des marins-pompiers et d’Allo Mairie, moindrement sur la plateforme Signal Logement. Ils mobilisent fortement les techniciens et architectes de la Division diagnostics et interventions de la Ville.

Les évacuations restent élevées sans atteindre le niveau de 2023 où 1 170 personnes avaient été évacuées de 150 immeubles. Le rythme reste soutenu en 2025 à une dizaine d’évacuations d’immeubles par mois, ce qui met à rude épreuve le système déjà tendu du relogement. En juin, la Ville déclarait que depuis le drame de la rue d’Aubagne, le 5 novembre 2018, 1 333 immeubles étaient sous procédure de mise en sécurité et 556 ménages, soit 1 350 personnes, étaient hébergés par ses soins. En six ans et demi, plus de 1 000 immeubles ont été évacués et 7 200 personnes délogées.

Pour gérer ce flux de masse, la Ville s’appuie sur son marché d’« assistance au relogement et à l’accompagnement des ménages évacués de leur logement », passé avec Soliha Provence qui disposait en 2021 d’environ 400 logements dans le parc social et privé. Il apparaît de plus en plus difficile de trouver dans des délais courts des relogements adaptés à la composition familiale. En 2023, jusqu’à 1 350 personnes avaient dû être temporairement hébergées. Aujourd’hui encore, trois quarts sont pris en charge par Soliha et Adoma, le restant sont distribués en hôtels, chez des amis ou bien directement relogés par leur propriétaire. Dans ce flux entrant-sortant, un tiers des délogés, nous dit-on, refusait de réintégrer leur domicile après mainlevée du péril, les logements retrouvés étant souvent encore inhabitables.