Jean Sol, sénateur des Pyrénées-Orientales, vient de remettre un rapport d’information sur la santé mentale en France. Grande cause nationale, le secteur manque pourtant cruellement de moyens, alors que depuis la crise sanitaire, les pathologies augmentent.

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Érigée en « grande cause nationale » pour 2025, la santé mentale n’est pourtant pas au beau fixe en France.

Un rapport sénatorial remis le 25 juin 2025 révèle notamment qu’en 2024, les risques de troubles anxio-dépressifs touchaient près d’un jeune sur trois, âgé de 11 à 24 ans. Et les troubles psychiques chez les jeunes devraient augmenter à l’avenir.

Jean Sol, sénateur LR des Pyrénées-Orientales, est à l’origine de ce rapport, corédigé avec les sénateurs Céline Brulin et Daniel Chasseing. Il défend la nécessité d’allouer plus de moyens aux services de santé psychiatriques.

Jean Sol : C’était une nécessité absolue, parce que nous avions réalisé un premier rapport pendant la crise sanitaire pour essayer d’en mesurer l’impact sur la santé mentale des jeunes.

C’était le moment de mettre en place une nouvelle mission d’information sur ce sujet, qui venait en plus d’être érigé en grande cause par le gouvernement.

La mission d’information du Sénat sur la santé mentale en France depuis la crise du Covid-19 a rendu son rapport le 25 juin 2025.

La mission d’information du Sénat sur la santé mentale en France depuis la crise du Covid-19 a rendu son rapport le 25 juin 2025.

© FTV

Quel constat faites-vous sur l’évolution de la santé mentale entre ces deux rapports ?

Le premier constat, c’est que les problématiques ont été majorées, notamment les troubles anxio-dépressifs. On le voit chez les jeunes, mais aussi à tous les âges de la vie et pour toutes les catégories socioprofessionnelles.

Il était de notre devoir de refaire un état des lieux pour déboucher sur un certain nombre de propositions qui soient réalisables, c’est-à-dire assorties de moyens.

C’est le titre de votre rapport : « pas de grande cause sans grands moyens« . Pouvez-vous l’expliquer ?

C’est un titre percutant. Nous avons mis du temps à le trouver. Nous l’assumons pleinement : il ne peut pas y avoir de grande cause nationale sans grands moyens. Nous l’avons constaté dans le cadre de nos nombreuses observations de terrain à la rencontre de professionnels.

Le sénateur Jean Sol a mené une mission d’information sur la santé mentale.

Le sénateur Jean Sol a mené une mission d’information sur la santé mentale.

© FTV – Laura-Laure GALY

Quels sont les moyens dont a besoin la psychiatrie ?

Il nous faut des moyens humains, des compétences. On a mis un focus particulier sur les centres médico-psychologiques (CMP), qui sont pour nous la pierre angulaire de la prise en charge, et les soins de premier recours.

Dans certains départements, on attend six mois ou un an pour avoir un rendez-vous ne serait-ce qu’avec un infirmier en santé mentale, et a fortiori avec un psychiatre ou pédopsychiatre.

Jean Sol, sénateur LR des Pyrénées-Orientales

Nous sommes en pénurie de psychiatres et pédopsychiatres. C’est la raison pour laquelle nous préconisons dans notre rapport le développement des formations d’infirmiers en pratique avancée spécialité psychiatrie et santé mentale. C’est le premier maillon.

Dans votre rapport, vous parlez beaucoup de la prévention auprès des jeunes et des parents. Pour ne pas arriver à une prise en charge lourde et coûteuse, on peut aussi prévenir ?

Oui, un des points émergents de ce rapport est de travailler sur la prévention pour faire un « repérage précoce ».

La santé scolaire a son rôle à jouer. Là aussi, il manque 50 % d’infirmiers de santé scolaire. C’est pourquoi dans la proposition de loi sur la profession des infirmiers que nous venons de voter, nous avons intégré la possibilité pour les infirmiers de pouvoir s’orienter vers la pratique avancée.

C’est bien au plus jeune âge qu’on peut repérer et détecter, pour ensuite diriger ces enfants vers une CMP et mettre en place un traitement thérapeutique.

"Si on ne s'y colle pas, on va vers des jours sombres", déplore Jean Sol, sénateur des Pyrénées-Orientales.

« Si on ne s’y colle pas, on va vers des jours sombres », déplore Jean Sol, sénateur des Pyrénées-Orientales.

© FTV

Pourquoi est-ce nécessaire ?

Parce que toutes ces problématiques de santé mentale vont se majorer avec des conduites addictives, comme l’exposition aux écrans pour les tout-petits.

Plus on va investir dans la prévention, et moins on va dépenser ensuite. Si on ne s’y colle pas, on va vers des jours sombres.

Qu’est-ce que ça coûte à la société de ne pas prendre en charge les problèmes de santé mentale ?

La santé mentale est le premier poste de dépense de l’assurance maladie aujourd’hui. Il y a des moyens. Mais il faut qu’ils soient mis au bon endroit.

On s’est rendu compte pendant ce travail qu’il y avait des inégalités territoriales, c’est pourquoi on propose une cartographie des besoins en santé mentale. À partir de là, il faudra cibler les moyens pour les départements les moins dotés.