Daria Kulesh Boreillo, artiste franco-russe, en résidence comme artiste invitée au Centre d’art contemporain de la rue Jean-Bringer à Carcassonne, livre deux sculptures inspirées de Prosper Montagné et Joë Bousquet.
Elle a toujours eu en elle ce désir de s’exprimer par le pinceau ou la sculpture. Originaire de Moscou, Daria Kulesh Boreillo a d’abord fait des études d’économie, avant de travailler pour une grande entreprise pétrolière russe. Mais elle n’a jamais mis de côté sa fibre artistique, malgré les réticences familiales, prenant des cours notamment avec l’artiste peintre Oleg Leonov. Quand il y a 12 ans, elle change de vie et se retrouve à Carcassonne, le chemin vers l’art s’ouvre devant elle. « Pendant le Covid, j’ai décidé d’arrêter de travailler pour l’argent et de me consacrer à ma passion », confie-t-elle. Elle se rend même à l’Académie des Beaux-Arts de Florence en Italie pour apprendre la sculpture. L’artiste, désormais franco-russe, va développer un travail figuratif empreint de douceur et de mélancolie, où elle mêle ses souvenirs d’enfance en URSS et son attachement au territoire occitan.
Impression de les faire revivre
Artiste invitée comme coup de cœur du maire, elle s’est installée en résidence au Centre d’art contemporain depuis son ouverture le 6 juin et jusqu’au 21 août. Avec un projet intitulé « Les patrimoines : regard contemporain ». « J’ai choisi Prosper Montagné pour le patrimoine gastronomique et Joë Bousquet pour le patrimoine littéraire. Je me suis intéressé à leur vie, à ce qu’il représentait, à leur passion. Cela leur redonne de la visibilité. » Deux Carcassonnais illustres qu’elle a d’abord commencé à dessiner au fusain pour ensuite les façonner avec ses mains dans la masse de l’argile. Dans son atelier installé dans le Centre d’art, elle a ensuite conçu les moules en silicone dont elle tirera quatre sculptures en résine de ses modèles. Un buste de Prosper Montagné au regard perçant derrière ses petites lunettes rondes et un buste de Joë Bousquet surmontant une pile de livres, « son mouvement à lui qui était paralysé ». « C’était quelque chose de nouveau pour moi, de travailler sur des hommes qui ne sont plus de ce monde. J’ai l’impression de les faire revivre », poursuit-elle.
Au cœur de cette résidence estivale, elle s’est aussi consacrée à un travail pictural qui parle de son patrimoine, de sa vie en URSS, avec toujours un regard critique. Cette toile met en scène des pionniers, un mouvement de la jeunesse communiste, « pour devenir un bon communiste », qu’elle a vécu. Trois jeunes garçons sont debout sur des crânes, illustrant un monde de mensonges.