C’est dans une courte vidéo au ton solennel, publiée sur le réseau X (ex-Twitter) le 24 juillet, que Fabien Verdier, maire de Châteaudun (Eure-et-Loir), s’est alarmé du nombre de décès liés au cancer dans sa ville. Pour l’élu, le constat est sans appel : il faut réagir. Il a officiellement saisi l’Agence régionale de santé (ARS) pour exiger des réponses concrètes : « 181 Dunois décédés d’un cancer en 2024. Ce chiffre est dramatique. Et il est révélateur d’un problème grave de santé publique », précise le maire, très inquiet de la situation.
Fabien Verdier partage le cas d’un Dunois atteint d’un cancer du poumon : « Le 1er février, sa tumeur faisait 5 cm. Le 15 mars, elle en faisait 7. En six semaines, elle a pris 2 cm. Si on n’agit pas vite, on laisse les patients sans chance », regrette Fabien Verdier.
En parallèle, il déplore également le manque d’équipements sur place, obligeant les malades à se rendre à Chartres ou Orléans pour leurs soins. « Un Dunois m’a raconté que son père faisait deux heures de route par jour pour ses séances. Et que cela l’avait tué », se souvient-il, encore marqué par ce témoignage.
Un défaut de dépistage et des soins trop éloignés
Selon lui, cette situation résulte de la dégradation progressive de l’hôpital de Châteaudun : « Des services tels que la chirurgie et la maternité ont été supprimés entre 2012 et 2015. On a aussi retiré des bouts de laboratoire, des services ici et là, petit à petit. Et aujourd’hui, on en paie le prix », accuse l’élu.
Selon les données de l’Observatoire régional de la santé, l’Eure-et-Loir présente un taux de mortalité par cancer légèrement supérieur à la moyenne régionale, notamment chez les hommes. Le taux standardisé de mortalité prématurée (décès avant 65 ans) y est, pour l’année 2023, de 194 décès pour 100 000 habitants, contre 161 dans le Loir-et-Cher ou 175 dans l’Indre-et-Loire. Mais l’Eure-et-Loir reste moins touché que le Cher ou l’Indre, où l’on observe une surmortalité de plus de 15 % chez les hommes.
Pour l’Eure-et-Loir, une analyse territoriale de l’Agence régionale de santé indique : « Le taux standardisé de mortalité prématurée par cancer est particulièrement élevé dans certaines zones, notamment le sud-ouest du département. » Une observation qui semble recouper les inquiétudes de Fabien Verdier.
Le maire de Châteaudun demande la mise en place d’un véritable pôle de cancérologie dans sa ville : « Nous avons besoin d’un service avec dépistage, prévention et chimiothérapie. » L’élu souhaite également couper court à certaines rumeurs qui circulent localement, laissant entendre que l’agriculture serait en cause : « Je n’ai aucune information à ce sujet. Ce que je vois, c’est un défaut de dépistage. C’est mon hypothèse. »
L’ARS, selon le maire, a reconnu dans un courrier une prévalence « peut-être un peu plus élevée ». Mais cela reste insuffisant pour Fabien Verdier : « J’attends un vrai plan. Et, si nécessaire, que Santé publique France se penche sérieusement sur la situation. »