D’habitude, c’est lui qui interroge les gens, prend des notes et fait poser ses interlocuteurs. Pour une fois, Philippe Andréoléty a dû laisser son appareil photo sur l’épaule et s’asseoir pour se prêter au jeu des questions-réponses. Un exercice pas évident quand on est correspondant local de presse pour Le Dauphiné Libéré depuis 18 ans !

C’est son goût pour l’écriture qui l’a mené à se lancer dans l’aventure. « J’avais rejoint la plateforme Fulgure sur internet, qui réunissait des personnes aimant écrire. On était limités à 1 000 caractères et on recevait les critiques des autres, sur le fond et la forme. Ça m’a beaucoup aidé dans mon processus d’écriture. »

En 2007, il tombe sur une annonce : le quotidien local cherche des correspondants sur Eybens. « J’ai poussé la porte de l’agence échirolloise du Dauphiné Libéré, qui était à l’époque installée près du Pathé ».

Son premier reportage s’est fait sur la rentrée des associations. « On était deux à couvrir l’événement. J’ai trouvé ça sympa. » Au fil des sujets, « j’ai vu que mes textes étaient publiés sans grosses modifications, que mes photos aussi… J’ai pris confiance en moi » et poursuivi l’expérience.

« J’avais beau habiter à Eybens depuis longtemps, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas ma ville. J’ai donc pris beaucoup de contacts, jusqu’à me créer un gros carnet d’adresses et je me suis immergé dans cette activité. »

« L’aviation me passionne depuis gamin »

L’occasion de découvrir « le gros tissu associatif » de la commune, de parler politique, urbanisme, culture, commerces…

Le tout en ayant un métier en parallèle : « Je suis fonctionnaire et ma hiérarchie m’a donné le feu vert, à condition que ça n’empiète pas sur mes fonctions. Mon poste me permet de façonner mon emploi du temps et de m’organiser pour mes reportages ».

Il y a aussi la vie de famille, qu’il ne néglige pas. « Avant de me lancer, j’en ai évidemment parlé à mon épouse et à mes enfants et ça a été bien accepté. » Une de ses deux filles s’est d’ailleurs laissée tenter et a été correspondante pour le journal pendant quatre ou cinq ans.

En presque deux décennies à relater l’actualité locale, Philippe Andréoléty ne compte plus les reportages, qu’il effectue aussi du côté de Bresson et de Poisat, mais il se souvient de quelques moments marquants, comme ce départ réel du Tour de France donné à Eybens, il y a une dizaine d’années. « Les pompiers étaient en grève et avaient fait péter des fumigènes dans la montée de Tavernolles. J’ai gardé des photos du directeur du Tour et des coureurs qui sortent de ce nuage de fumée… C’était impressionnant. »

Son appareil photo, il le sort aussi pour capturer les moments liés à sa grande passion : l’aviation. « J’adore ça depuis gamin. Je suis capable d’aller au pied des pistes pour faire un beau cliché. » Ou d’embarquer dans un avion de tourisme pour survoler les lacs savoyards. « Mes amis m’avaient offert ce vol pour mes 50 ans. Sauf que j’ai eu la peur de ma vie. La portière du pilote s’est ouverte au décollage ! »

Moins dangereux, Philippe est président de l’association “La main à la pâte” qui fait vivre le four à pain d’Eybens et il dévore aussi les polars, qu’il peut feuilleter en compagnie de son chat Gapian. « Ça veut dire contrebandier en patois savoyard. On l’a récupéré avec son frère près du chalet familial. Sa maman était morte… On a trouvé un foyer à son frère » et l’autre matou a intégré celui de Philippe. « Depuis, il nous suit de partout. » Enfin presque.

Sur le terrain du reportage, Philippe n’emporte que son carnet de notes et son appareil photo. Et à 61 ans, « et à quelques années seulement de la retraite », il compte bien poursuivre l’aventure de correspondant local de presse plusieurs années encore.