Minsk aimerait détourner les Européens de l’influence américaine. « Ils ne devraient pas nous combattre, mais plutôt chercher un terrain d’entente », a plaidé Alexandre Loukachenko, lors d’un point presse à l’occasion d’une rencontre avec Vladimir Poutine, le 1er août sur l’île russe de Valaam. Le président biélorusse a vanté les atouts d’une union allant de Brest à Vladivostok, selon des propos rapportés par l’agence de presse officielle BelTa : « L’Union européenne et la Russie, unies, deviendraient une force irrésistible. Bien sûr, les Américains ne laisseraient jamais cela se produire. Ils sont terrifiés par cette perspective. Cela les effraierait plus que la coopération avec la Chine ». Et d’enfoncer le clou : « Unis, (Européens et Russes) constitueraient une force irrésistible. Mais les responsables politiques de l’UE ne le comprennent pas. »
« Les Américains ne laisseraient jamais cela se produire. Ils sont terrifiés par cette perspective »
Commentant l’accord commercial récemment conclu entre les États-Unis et l’UE – foncièrement désavantageux pour cette dernière -, le président biélorusse a assuré qu’il accélérerait la désindustrialisation de l’Europe, rejoignant sur ce sujet l’analyse des autorités russes. « Ce processus est déjà en cours. (Les Américains) détruiront l’Europe, l’UE elle-même. Il a été dit que l’Amérique cherchait à affaiblir ce centre de pouvoir. Après tout, l’Union européenne n’était pas vraiment faible. Eh bien, c’est désormais chose faite », a assuré Loukachenko.
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Minsk impliqué aux côtés de Moscou dans la guerre en Ukraine
Cet appel à l’unité entre l’UE et la Russie paraît incongru dans le contexte extrêmement tendu entre les deux blocs. Après l’annexion de la Crimée en 2014 puis le lancement de la guerre d’invasion de l’Ukraine en 2022, les États membres de l’Union européenne ont multiplié les sanctions économiques et diplomatiques contre la Russie. De nombreux dirigeants européens accusent Moscou de mener une guerre hybride contre l’UE, et certains services de renseignement occidentaux considèrent même que Moscou envisage une confrontation militaire de grande ampleur dans les années à venir.
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De leur côté, les autorités russes reprochent à l’UE de favoriser l’expansion de l’OTAN à ses frontières, de livrer à Kiev des armes représentant une menace pour leur territoire et, globalement, de se soumettre aux intérêts américains. Récemment, la Russie a fustigé l’accroissement des dépenses militaires de plusieurs nations européennes, y voyant une « euphorie militariste » dirigée contre elle.
La Biélorussie est quant à elle accusée d’avoir joué un rôle clé dans la guerre en Ukraine, en soutenant directement les actions militaires russes. Ainsi, Bruxelles a adopté en mars 2022 un train de sanctions contre Minsk, pour avoir autorisé la Russie « à tirer des missiles balistiques » depuis son territoire, permis « le transport de militaires et d’armes lourdes » ou encore stocké « des armes et du matériel militaire russes ». Ces sanctions s’ajoutent à celles déjà prises par l’UE pour condamner les violations des droits de l’Homme et les élections jugées frauduleuses en Biélorussie.
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Pour autant, le président Alexandre Loukachenko, qui a prêté serment en début d’année pour un septième mandat consécutif, souhaiterait réchauffer ses relations avec l’Ouest : comme le relevait récemment Euronews, le chef d’État entendrait réduire sa dépendance à la Russie… et adoucir les sanctions occidentales à l’encontre de son pays.