Par
Lou Batteux
Publié le
4 août 2025 à 15h15
Alors que Catherine Le Scolan, médecin généraliste et photographe rennaise, militait depuis le début de la guerre à Gaza pour faire évacuer son ami Bashar Al Belbesy en France, il est finalement arrivé à Rennes jeudi 31 juillet 2025. Le jeune homme de 25 ans a été pris en charge par le CHU de Rennes dès son arrivée, en raison d’une blessure à la jambe. Lundi 30 juin, il avait été victime d’un bombardement dans un café à Gaza.
« Enfin », a soufflé Bashar Al Belbesy à son amie Catherine Le Scolan lors de son arrivée à Rennes. Cette dernière, sensible à la cause palestinienne, a rencontré le jeune danseur palestinien à Morlaix, à l’été 2023. Celui-ci réalisait une tournée en France avec sa troupe de danse Al-Fursan. Les deux artistes deviennent alors rapidement amis.
Alors que la guerre démarre à Gaza, Catherine, qui est restée en contact avec Bashar, se mobilise pour le faire venir en France. Elle parvient même à l’inscrire à Rennes 2 pour la rentrée 2025, en licence Arts du spectacle.
« Je vous ai entendus »
Au terme de longs efforts, la mobilisation acharnée de Catherine Le Scolan, et d’autres personnes engagées à ses côtés, a porté ses fruits. Dans la nuit de mercredi 30 à jeudi 31 juillet, Bashar a quitté Gaza. Il est arrivé à l’aéroport de Rennes jeudi, vers deux heures du matin.
La police et les pompiers l’ont directement pris en charge pour le transporter à l’hôpital Pontchaillou.
Nous n’avions pas le droit de venir à sa rencontre dès son arrivée à l’aéroport. J’attendais derrière les grilles du tarmac avec d’autres amis de Bashar. On lui criait « bienvenue » en arabe.
Catherine Le Scolan
Médecin généraliste et photographe rennaise
Nathalie Appéré, maire de Rennes, et Flavie Boukhenoufa, adjointe aux relations internationales, ont « suivi la situation très attentivement » et « se réjouissent de le savoir désormais en sécurité, et en capacité de recevoir les soins nécessaires ».
Dès le lendemain, Catherine s’est rendue à l’hôpital pour voir Bashar. Beaucoup sont également venus lui rendre visite, notamment le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) ainsi que les personnes qui ont assisté aux cours de danse de Bashar à distance, pendant que la guerre faisait rage à Gaza.
Les deux acolytes se sont serrés dans les bras, émus, puis Bashar a dit à Catherine : « Je vous ai entendus », évoquant le soutien reçu à son arrivée à l’aéroport. « Ça m’a fait chaud au cœur », confie la médecin.
Va-t-il pouvoir danser à nouveau ?
Depuis, Catherine explique que les visites sont interdites en raison de l’infection de Bashar. Elle seule reste autorisée à venir le voir et passe deux à trois heures par jour avec lui. « Hier, je lui ai apporté des falafels », raconte-t-elle. Bashar, qui est arrivé à Rennes amaigri et fatigué, se dit très reconnaissant d’être ici.
Sa douleur s’apaise grâce à la morphine qu’il n’avait pas à Gaza. Cela lui redonne un peu d’appétit et lui permet enfin de redormir correctement. « À Gaza, il ne dormait que deux heures par nuit à cause de sa douleur », explique Catherine Le Scolan.
Bashar va être opéré dans la semaine. Des chirurgiens se sont déjà réunis pour constater son état et décider de l’opération. Moi, je ne connais pas l’état de sa blessure.
Catherine Le Scolan
Médecin généraliste et photographe rennaise
Mais alors, Bashar va-t-il pouvoir danser à nouveau et réaliser sa rentrée à Rennes 2 ? « On y va étape par étape », avoue Catherine. « Pour l’instant, la priorité, c’est sa jambe ».
Le parcours de Bashar
Avec le déclenchement du conflit en octobre 2023, Bashar n’a pas pu obtenir son diplôme de pharmacien. Il a tout de même travaillé bénévolement dans une tente médicale alors que les bombes pleuvaient.
La guerre se poursuivant, il a alors décidé de se tourner vers sa passion. Avec sa troupe de danse Al-Fursan, « il utilisait la danse comme une thérapie pour les enfants, en leur apprenant le dabkeh », une danse traditionnelle palestinienne, mais aussi en leur donnant « des cours de yoga tous les jours », raconte Catherine Le Scolan.
Sa famille est restée à Gaza
Si la famille de Bashar devait venir à Rennes avec lui, « elle n’a pas pu sortir de Gaza », raconte Catherine Le Scolan. Et cette dernière constate que leur situation ne risque pas de bouger tout de suite puisque vendredi 1ᵉʳ août, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a annoncé que « la France n’accueillera plus de personnes évacuées de Gaza », suite aux publications antisémites d’une étudiante gazaouie accueillie en France.
Bashar appelle donc tous les jours ses parents qui sont « rassurés » de voir qu’il va bien. Catherine leur envoie régulièrement des vidéos de leur fils, à qui elle apprend ses premiers mots de français. « À Gaza, les gens n’en reviennent pas que Bashar ait pu être évacué en France », révèle Catherine Le Scolan.
Il ne faut pas invisibiliser Bashar, pour qu’il ne soit pas le seul à être sauvé.
Catherine Le Scolan
Médecin généraliste et photographe rennaise
Toujours aussi sensible à la cause palestinienne, la médecin prévoit de retourner en mission à Gaza à la mi-août.
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