Par

Nicolas Zaugra

Publié le

4 août 2025 à 16h45
; mis à jour le 4 août 2025 à 16h54

C’était l’une des ouvertures les plus attendues de l’année à Lyon : le remplacement de « Food Traboule » dans le Vieux-Lyon par un buffet à volonté inspiré de la cuisine lyonnaise et française.

« Les Grands Buffets Lyonnais » ont ouvert à la mi-mai 2025 et le succès a été immédiat : des milliers de réservations les premiers jours à tel point que le service du midi a été stoppé. Le nouveau lieu s’est aussi offert une belle polémique avec les célèbres Grands buffets de Narbonne qui ont dénoncé une copie du nom et une large inspiration du concept même si les gérants lyonnais s’en sont défendus.

Deux mois et demi après l’ouverture, et alors que le service du déjeuner a pu reprendre, nous avons décidé de tester le lieu ce samedi 2 août. Et le résultat est globalement catastrophique. On vous raconte notre expérience. 

« Ici ce n’est pas comme les Grands Buffets de Narbonne »

Notre repas est réservé à 12h, samedi pour le déjeuner. Une petite file d’attente se forme devant l’entrée. Nous rentrons vite dans le restaurant à la façade orange, typique du Vieux-Lyon. Une salariée nous accueille et nous prévient directement : « Ici ce n’est pas comme les Grands Buffets de Narbonne ». Même si les gérants se défendent de toute inspiration, il est vrai que le parallèle est fait par plusieurs clients. Difficile de ne pas y voir une forme d’opportunisme.

Dès l’arrivée, on constate un personnel plutôt souriant et qui fait ce qu’il peut. Mais le manque d’expérience est visible, le personnel n’a pas d’uniforme particulier, certains sont vêtus d’un survêtement. Pas vraiment l’ambiance d’un bouchon lyonnais.

Un verre de vin à 7,50 euros pas servi devant vous

Une table nous est présentée au premier étage dans une grande verrière avec vue sur la célèbre tour rose du Vieux-Lyon. La décoration du précédent lieu n’a pas bougé, tout est conservé à l’identique. Des nappes à carreaux rouges et blanches sont disposées en terrasse et au rez-de-chaussée mais pas à l’étage. 

Quelques minutes plus tard, une serveuse nous représente le concept en quelques mots et nous apporte une carte des boissons. Une pour deux personnes. Les prix présentés sont très élevés : 7 euros un litre d’eau et 7,50 euros pour un verre de Crozes-Hermitage ou de Saint-Véran. Nous prenons deux verres de vin. Nous optons pour un menu à volonté à 39 euros chacun.

Malheureusement, après plus de 15 minutes d’attente, on nous sert nos verres à table sans nous présenter la bouteille. Est-ce du vin en cubi vendu à prix d’or ? Il est en tout cas bien trop chaud et peu goûtu. 

La salle du premier étage des Grands Buffets Lyonnais.
La salle du premier étage des Grands Buffets Lyonnais. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)La nourriture mal présentée, fade et qui semble industrielle

L’apéritif n’est qu’un mauvais avant-goût du repas qui nous attend. Nous descendons au rez-de-chaussée où sont présentées les entrées froides (charcuterie, fromages, saucisson brioché, salades…).

Les aliments sont agencés dans des bacs en inox ou en plastique comme dans une cantine scolaire ou un restaurant autoroutier, au fond de la salle.

Alors qu’on nous a promis une cuisine d’inspiration « locale » et lyonnaise, le buffet à volonté présente des recettes bien éloignées de la région : des crevettes, une salade grecque, une salade de pâtes, un bœuf bourguignon, une salade césar, une escalope de veau à la milanaise, un pavé de thon, des grenouilles… C’est une sorte de gloubi-boulga de plats sans réelle cohérence

L'entrée à base de fromages, de charcuterie et de saucisson brioché ou de pâté en croûte aux Grands Buffets Lyonnais.
L’entrée à base de fromages, de charcuterie et de saucisson brioché ou de pâté en croûte aux Grands Buffets Lyonnais. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)

Pour notre entrée, nous dégustons de la charcuterie (jambon blanc, jambon à la truffe où nous la cherchons encore…).

Les produits sont fades, sans goût et semblent venir d’un supermarché. Le pâté en croûte est sans saveur et le saucisson brioché complètement sec. Quant au fromage, la variété est présente (comté, brie, camembert, Saint-Félicien, bleu, Tome de Savoie…) mais la qualité est standard et les produits ne proviennent probablement pas d’un maître fromager lyonnais.

Les plats chauds pas à la hauteur de la cuisine lyonnaise

Après la mésaventure de l’entrée, nous passons aux plats de résistance. L’œuf en meurette est froid, la sauce que l’on devine industrielle et l’assaisonnement fade. Les ravioles du Dauphiné ne sont pas assez gratinées et crémeuses. Les terminer est un supplice pour nous comme le cochon à la broche (il n’y avait que du gras !) et la quenelle de brochet à la sauce que l’on devine en brique. 

Le pain est décongelé, les traces blanches dans la mie encore présentes peuvent en témoigner. 

Seule consolation, les cuisses de grenouilles bien cuites et assaisonnées. Des cuisses réalisées minute par un personnel plutôt sympathique et souriant.

Les cuisses de grenouilles, le seul plat qui a trouvé satisfaction à nos yeux.
Les cuisses de grenouilles, le seul plat qui a trouvé satisfaction à nos yeux. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)

Pour conclure notre repas, nous allons au bar à dessert situé au rez-de-chaussée. Et sans surprise, ceux proposés n’ont pas vraiment de rapport à la cuisine lyonnaise et sont congelés. La mini-tarte à la praline et celle au citron meringué sont insipides et même la gaufre au sucre est ratée. Bref, on n’osera pas le café à 2,80 euros pour éviter d’alourdir notre note. 

93 euros à deux, une facture difficile à digérer

Avec deux menus à 39 euros et deux verres de vin à 15 euros, l’addition grimpe à 93 euros. Elle est tout aussi difficile à digérer que notre repas. Pour ce prix là, on vous conseille de vous offrir un vrai bouchon lyonnais de qualité dans la ville ou un bistronomique. 

Au-delà de la nourriture de qualité très médiocre, l’ambiance est surréaliste (bande son décalée entre Mylène Farmer et Calogero dans les hauts-parleurs) et l’accueil démarre sur le malentendu des Grands Buffets de Narbonne. Notre note ne dépassera pas le 2/10 et une étoile sur cinq.

Les réponses de la direction sont édifiantes

Après notre repas, nous avons aussi épluché les avis Google. Et s’il y a bien des clients satisfaits, il y a aussi de nombreux mécontents. Les réponses laissées par la direction ont de quoi nous faire tomber de haut. Ironie, moqueries, agacements et mauvaise foi sont légion aux remarques de la clientèle. 

Les réponses des Grands Buffets Lyonnais aux clients mécontents : 

Farid Mezaber, patron des Grands Buffets Lyonnais nous affirmait fin mai que « comme d’habitude, les gens qui sont mécontents se manifestent et ceux qui ont passé un bon moment rentrent simplement chez eux, donc ce n’est pas représentatif. »

Le lieu et le concept ont énormément de potentiel, mais malheureusement le résultat est finalement loin d’être à la hauteur de la bonne cuisine lyonnaise.

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