Le petit bateau motorisé s’éloigne à l’horizon, sous les applaudissements du groupe de personnes restées à quai malgré la pluie battante. L’orage menace, mais la mer est calme : les pêcheurs de Miramar ont décidé que les conditions météorologiques permettaient le voyage. A bord, 25 passagers, tous des Vénézuéliens, qui ont déboursé quelques centaines de dollars pour être conduits jusqu’à la Colombie. Des embarcations de ce type – des «lanchas», dit-on ici, au Panamá – quittent le port quotidiennement, chargées de migrants sud-américains sur le chemin du retour, après avoir tenté en vain de se rendre aux Etats-Unis pour y trouver une vie meilleure.

Le flux est variable, mais continu. Vingt à trente personnes embarquent chaque jour, parfois beaucoup plus. Quelquefois, quand la mer est trop dangereuse ou que les candidats au voyage capables de payer ne sont pas assez nombreux, personne ne part. Miramar, petit village de pêcheurs situé sur la côte est du Panamá, au large de la mer des Caraïbes, est devenu en l’espace de quelques mois un point de transit majeur d’une nouvelle route migratoire, directement produite par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump. Le pays d’Amérique centrale, jusque-là, était traversé par