Trois millions de livres empruntés, au bas mot: lancé en 2019, le service Biblius, une bibliothèque scolaire numérique destinée aux établissements du Québec, vient de franchir un cap important, à peine six ans après son lancement.
Au bout du fil, Chloé Baril, la directrice générale de Bibliopresto, qui englobe Biblius, se dit bien heureuse de constater cet engouement. « Le service a été lancé en 2019, puis est arrivé quelque chose, en 2020, qui a forcé les enfants à se retrouver chez eux, et rendait donc particulièrement nécessaire le fait d’avoir accès à une bibliothèque numérique à distance », mentionne-t-elle.
« Biblius a d’abord eu cet espèce de coup d’accélérateur non prévu; il y avait plusieurs volets à développer. Tout d’abord, améliorer la plateforme sur laquelle les livres numériques sont lus, ainsi que favoriser l’accessibilité des ouvrages », a poursuivi Mme Baril, en précisant que Biblius est tout sauf une copie conforme de PrêtNumérique, une autre bibliothèque numérique gérée par Bibliopresto qui est, elle, destinée au grand public.
« Il y avait aussi le volet consistant à brancher les écoles; depuis l’an dernier, tout le secteur public est branché; la très grande majorité des écoles privées sont branchées, via des portails scolaires. Et toutes les écoles des Premières Nations non conventionnées sont elles aussi branchées. La presque entièreté du réseau scolaire québécois est branchée à Biblius. »
Toujours selon Mme Baril, le troisième volet consiste à faire connaître ce service, et à favoriser son adoption.
« Chez Bibliopresto, nous travaillons sur ces trois volets; on a d’ailleurs vu les fruits de ces efforts. Comme dans d’autres projets similaires, il y a bien souvent un premier 20% (de public, NDLR) relativement facile à aller chercher, appelons-les les enthousiastes. Puis, il y a le 60% « normal », et éventuellement les 20% de « résistance »», dit-elle.
« C’est d’ailleurs dans la tranche de 60% que nous allons chercher des gens qui nous disent « ah, je ne savais pas que ça existait, c’est super, je l’utilise ». On voyait ainsi la courbe de croissance du nombre de prêts, qui ressemblait un peu à celle de PrêtNumérique, à la même étape de son développement. Et tout d’un coup, la courbe de Biblius s’est mise à croître bien plus rapidement. »
La raison de cet engouement? « Beaucoup, beaucoup d’activités de représentation », explique d’abord Chloé Baril.
« La réponse a été bien au-delà de ce que l’on prévoyait et espérait. En fait, on a atteint les deux millions de prêts en septembre 2024, soit en début d’année scolaire – le plus gros des emprunts s’effectue durant les classes, même si Biblius est accessible à l’année. »
Un produit « bien conçu, qui répond à un besoin »
De l’avis de Mme Baril, d’ailleurs, l’équipe de Biblius prévoyait atteindre les trois millions de prêts en septembre de cette année. « Mai [2025] est arrivé et nous nous sommes dit: « Houlà! On commence à frôler le trois millions! » Cette ligne a finalement été franchie quelques jours avant les vacances scolaires; cela signifie que ce produit-là a été bien conçu et qu’il répond à un besoin. »
Une autre raison, derrière ce succès plus rapide qu’anticipé, est qu’au contraire de PrêtNumérique, Biblius ne fonctionne pas à coups d’emprunts individuels; lorsqu’un enseignant sélectionne un livre pour sa classe, c’est l’ensemble de ses élèves qui empruntent le même ouvrage, tous en en même temps.
Encore mieux, les emprunts demeureraient nombreux durant les vacances estivales, mais cette fois sur une base personnelle: « Cela veut dire que l’enfant a pris l’habitude de considérer Biblius comme une bibliothèque numérique scolaire, mais contrairement à une salle dans l’école, le concierge n’a pas fermé les portes. Il est donc possible de continuer à emprunter pendant les vacances », mentionne Chloé Baril.
« Cela semble anodin, mais cela permet de lutter contre la « glissade de l’été », durant laquelle les enfants perdent des connaissances pendant des vacances. »
Tout porte donc à croire que Biblius continuera de voir ses statistiques augmenter rapidement. D’autant plus qu’en ces temps budgétaires incertains, pour le secteur de l’éducation, acheter un exemplaire numérique d’un livre est évidemment moins dispendieux qu’en commander plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de copies physiques.
« Pour nous, c’est essentiel de montrer l’importance de cette bibliothèque partagée – dans laquelle les écoles peuvent piger –, en plus du développement des collections locales, dans les différents établissements, pour prouver que ce n’est pas le numérique qui remplace le physique, mais que ce sont vraiment des produits complémentaires », conclut d’ailleurs Chloé Baril.
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