L’accord sur l’échange de migrants entre la France et le Royaume-Uni, conclu début juillet lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron à Londres, entre en vigueur ce mardi 5 août. Le ministère britannique de l’Intérieur a confirmé lundi la mise en application de ce dispositif destiné à lutter contre les traversées illégales de la Manche sur des embarcations de fortune.
Ce texte, signé définitivement la semaine dernière par les deux gouvernements et validé par la Commission européenne, prévoit un mécanisme d’échange : les migrants arrivés au Royaume-Uni par « small boat » et dont la demande d’asile est jugée irrecevable pourront être renvoyés en France. En retour, Londres accueillera des migrants depuis la France, après une demande formulée sur une plate-forme en ligne, avec une priorité donnée aux ressortissants de nationalités particulièrement ciblées par les réseaux de passeurs, ainsi qu’aux personnes disposant de liens avec le Royaume-Uni.
Ce dispositif, en vigueur jusqu’en juin 2026, s’inscrit dans la volonté des deux pays de démanteler les filières de passeurs. La ministre britannique de l’Intérieur a salué « une étape importante pour démanteler le modèle économique » des passeurs et en finir avec l’idée que les migrants entrés illégalement au Royaume-Uni ne peuvent être renvoyés.
Un accord jugé trop favorable aux Britanniques
Le Home Office a précisé que les premiers migrants susceptibles d’être transférés vers la France pourraient être placés en détention « dans les prochains jours ». Aucun chiffre n’a cependant été communiqué sur le nombre de personnes concernées par ces échanges.
Les nouveaux arrivants feront l’objet d’un contrôle sécuritaire complet de part et d’autre de la Manche, assurent les autorités. Ce projet a toutefois suscité de vives critiques dans le nord de la France, où des élus jugent l’accord trop favorable aux Britanniques.
L’accord avec le Royaume-Uni va créer une nouvelle filière d’immigration illégale en France.
Avec @NatachaBouchart et le collectif des élus du littoral, en première ligne face à la problématique migratoire, nous demandons à @BrunoRetailleau de refuser cet accord 👇 pic.twitter.com/mYw1PbKCf1
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) July 12, 2025
Des associations de soutien aux migrants dénoncent également un dispositif contraire aux principes du droit international en matière de protection des réfugiés.
Depuis le début de l’année, plus de 25 400 migrants sont arrivés au Royaume-Uni par voie maritime, un chiffre record. Le gouvernement travailliste de Keir Starmer est sous pression pour endiguer ces arrivées, alors que le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage gagne du terrain dans les sondages et que des manifestations hostiles à l’accueil des demandeurs d’asile se multiplient dans le pays.