Alcool, drogue et manque de sommeil, un cocktail qui met les organismes à rude épreuve chez les fêtards © Adobe Stock
Boire des verres en terrasse à minuit, danser jusqu’au petit matin, zapper la nuit de sommeil… C’est un classique. Mais derrière ces soirées effervescentes se cache une vraie question de santé publique : que provoque, à long terme, ce rythme de vie décalé ?
Selon une étude parue en juin 2024 dans la revue Chronobiology International, les personnes au chronotype « tardif » (qui se couchent et se lèvent très tard) présentent un risque de mortalité plus élevé de 21 %, toutes causes confondues, par rapport aux lève-tôt.
En clair, ce n’est pas la fête qui tue, mais le dérèglement de l’horloge biologique. Les chercheurs évoquent notamment un manque chronique de sommeil, des troubles métaboliques, une alimentation plus déséquilibrée, et une plus grande consommation de tabac et d’alcool chez les noctambules. Des facteurs bien connus pour favoriser les maladies cardiovasculaires ou le diabète de type 2.
Alcool, accidents et comportements à risque : un cocktail parfois mortel
En France, 41 000 décès par an sont liés à l’alcool, rappelle l’Inserm. Et chez les jeunes adultes, ce chiffre est souvent corrélé à des accidents de la route, des comportements violents ou des intoxications aigües.
La fête n’est donc pas le problème. Ce sont les excès répétés et la prise de risques qui, eux, deviennent dangereux.
- Chaque année, plus de 30 % des décès chez les 15-24 ans seraient dus à des causes externes (accidents, suicides, overdoses) selon une étude de l’INSEE réalisée en 2022.
- Environ 1 000 décès par an chez les jeunes seraient liés directement à l’alcool ou aux drogues selon Santé publique France.
- 1 conducteur de 18-24 ans sur 5 impliqué dans un accident mortel aurait consommé de l’alcool selon ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière).
Le « jetlag social » : quand le corps ne suit plus
Les experts appellent ça le “jetlag social” : vivre la nuit, bosser le jour, et dérégler son horloge interne en permanence. Ce phénomène toucherait particulièrement les jeunes actifs et les étudiants. Résultat : fatigue chronique, troubles de l’humeur, prise de poids, hypertension, voire dépression.
Selon l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV), 1 jeune adulte sur 3 dort moins de 6 heures par nuit, bien en dessous des 7 à 9 heures recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Or, le manque de sommeil répété est un facteur de risque avéré de mortalité prématurée, au même titre que le tabac ou la sédentarité.
Faut-il arrêter de faire la fête pour autant ?
Non. La fête ne tue pas. Le problème, c’est ce qu’on y fait et ce qu’on ne fait pas après. Ne pas dormir pendant 48h, prendre la voiture après avoir bu, consommer des drogues, ne jamais récupérer… C’est ce déséquilibre durable qui fatigue le cœur, dérègle les hormones et pèse sur la santé mentale.
Ce que recommandent les spécialistes :
- Dormir au moins 7 heures par nuit, même les lendemains de fête.
- Limiter la consommation d’alcool à 2 verres par jour maximum, pas tous les jours selon les recommandations Santé Publique France.
- Éviter les conduites à risque (voiture, scooter, comportements violents).
- Ne pas banaliser le burn-out social ou les troubles anxieux post-soirée.
Alors, non les jeunes fêtards ne sont pas condamnés à mourir jeunes. Mais ce mode de vie accélère fortement leur métabolisme et notamment le fait de dormir peu. Le sommeil est d’ailleurs reconnu par l’Inserm comme un facteur majeur de santé publique, au même titre que l’alimentation ou l’activité physique. Bref, avec tous ces excès, l’organisme n’est pas vraiment à la fête !
À SAVOIR
Le “birthday effect” montre que les décès accidentels (accidents, suicides, intoxications) augmentent le jour de son anniversaire, souvent à cause d’excès festifs.
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