Par

Mathias Souteyrat

Publié le

5 août 2025 à 15h51

Des stérilets, implants… Donald Trump, président des États-Unis, s’apprête à faire détruire, en France, des millions de contraceptifs féminins encore utilisables, destinés à des pays pauvres. La décision a suscité un tollé dont un écho résonne très fortement à Saint-Etienne.

Charles Dallara, adjoint au maire de la ville et surtout petit-fils de Lucien Neuwirth, homme politique qui a légalisé en France la contraception orale (la pilule) en 1967 par une loi qui porte son nom, a décidé d’en appeler publiquement, par deux fois, à Emmanuel Macron.

« Ne laissons pas ce droit des femmes acquis par Lucien Neuwirth, Simone Veil et tant d’autres partir en fumée »

Il écrit sur Facebook : « Ne laissons pas ce droit des femmes acquis par Lucien Neuwirth, Simone Veil et tant d’autres partir en fumée. Monsieur le Président Emmanuel Macron, il est temps d’agir. Je m’adresse à nouveau à vous avec gravité mais aussi avec respect. En tant qu’élu de la République sans volonté partisane, je porte aujourd’hui une alerte qui ne peut rester ignorée plus longtemps. »

La ministre de la Santé affirme ne pouvoir rien faire

« Côté français, nous avons examiné les moyens d’action dont nous disposions, mais malheureusement, il n’existe pas de base juridique permettant une intervention d’une autorité sanitaire européenne et a fortiori de l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) pour récupérer ces dispositifs médicaux », a indiqué le ministère de la Santé, sollicité par l’AFP.

Des propos qui ont fait bondir l’élu stéphanois :

La communication technique trop policée et politiquement hors sol apportée par le ministère de la Santé ne répond absolument pas aux attentes sociétales et humaines mondiales. Dans quelques heures, (peut-être est-il déjà trop tard ? ) sur notre sol, des millions de pilules, implants et stérilets encore parfaitement utilisables seront incinérés.
Ces produits étaient destinés, via l’USAID, à des millions de femmes privées d’accès à la contraception. Des ONG, même l’ONU, ont proposé de les récupérer. En vain. La France, aujourd’hui, ne s’y oppose pas et c’est proprement inentendable. Tout ceci n’est pas cohérent !

Charles Dallara

Le ministère a précisé ne pas avoir d’information sur l’endroit où doivent être incinérés ces contraceptifs, certains médias anglo-saxons ayant évoqué une destruction prévue en France.

Selon plusieurs médias, ces contraceptifs, dont la valeur s’élèverait à près de 10 millions de dollars, devaient être incinérés « à la fin juillet » en France par une entreprise spécialisée dans la destruction des déchets médicaux.

Demande de suspendre en urgence cette destruction par décret

« Il y a 60 ans, mon grand-père obtenait, après un long entretien avec le général De Gaulle, qui était loin d’être acquis d’avance, son feu vert pour légaliser la contraception en France.
Aujourd’hui, c’est à vous que je demande une audience. »

L’élu stéphanois demande :

  • « de suspendre en urgence cette destruction par décret »
  • « de faire honneur à notre tradition humaniste et à notre parole constitutionnelle »

Des politiques et ONG s’insurgent

Interrogé par The Guardian, le département d’État américain a justifié sa décision de les détruire en invoquant la « politique de Mexico ». Il a également mis en avant la question des dates d’expiration des produits – mais selon des informations de presse, les contraceptifs expirent en réalité entre avril 2027 et septembre 2031.

« Je ne vois pas qui en France peut accepter que cela se fasse », avait estimé la numéro un des Verts, Marine Tondelier, sur BFMTV-RMC. « Il faut absolument qu’on sache où ça va être incinéré. »

Plusieurs organisations internationales engagées sur la question de la contraception ont indiqué avoir proposé, sans succès, à l’administration américaine de lui racheter et de reconditionner les stocks de contraceptifs.

La Belgique a fait savoir qu’elle avait engagé des démarches diplomatiques auprès des autorités américaines et dit explorer toutes les « pistes possibles pour éviter la destruction de ces produits ».

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