En envoyant à Moscou son copain promoteur immobilier et partenaire de golf Steve Witkoff, qu’il a promu négociateur, Trump estime offrir une porte de sortie à Poutine. Mais le vieux matou du Kremlin risque de rouler, une nouvelle fois, dans la farine l’envoyé spécial américain. Celui-ci n’a aucune expérience de diplomate, ni « backgroud » à propos de l’arrière-plan du dossier ukrainien. Il ne mesure, surtout, pas assez la capacité de bluff de Poutine, capable de promettre une chose droit dans les yeux et de faire tout son contraire.
La dernière fois, Witkoff, carnet de notes à la main comme un bon élève, a été accueilli par un Poutine au sourire mielleux, qui n’a rien cédé sur l’Ukraine. Les coups de colère de Trump et la menace de ses sous-marins nucléaires tapis au large de la Russie n’impressionnent pas son président, qui ne lâchera jamais les territoires conquis, si ce n’est par la force, et non par des sanctions peu suivies d’effets. Tout au plus cherchera-t-il à en éviter de nouvelles avec des promesses, en continuant à vendre son pétrole sous embargo grâce aux rafiots de sa flotte fantôme qui livrent en douce l’Inde et, surtout, la Chine, fournisseur, malgré ses dénégations, de matériels pour fabriquer des armes.
Avec l’arrivée de Witkoff, l’ancien président Medvedev ne profère plus d’insulte contre les États-Unis et Trump, qui croit souffler le chaud et le froid avec sa force de frappe océanique, alors que Poutine ne croit pas un instant qu’il utilisera, pour des paroles déplacées, cette riposte disproportionnée.
En revanche, Poutine tient à avoir de bonnes relations avec Trump, qu’il sait capable de conclure des accords sur le dos de l’Ukraine et, par conséquent, de l’Europe, que la Russie voit, avec satisfaction, affaiblie grâce au lâchage politique et aux droits de douane imposés par Donald Trump.