« Le nom de ma mère c’est Pitalugue ! », s’exclame Bérangère Chambord lorsqu’on lui demande si elle est originaire de Marseille. Un patronyme aux sonorités provençales bien marquées donc, synonyme de bateau en argot marseillais. À 9 heures ce matin de juillet, elle est en poste dans son bureau de gestionnaire d’immeubles dans la résidence Michelet-Prado (8e), gérée par le bailleur social Erilia, où elle a rarement le temps de s’arrêter. « Nous avons une heure de permanence dans la journée, mais le reste du temps, nous sommes à droite à gauche. On fait 10 000 pas par jour ! », assure-t-elle.

Employée depuis huit ans sur le site où elle a suivi une formation certifiante, elle est issue du secteur du tourisme. Après un l’obtention d’un BTS puis d’un master dans le domaine, elle s’installe en Corse. Bérangère Chambord travaille sur place dans un village vacances, avant de basculer en agence puis en gestionnaire de location. à son retour à Marseille, elle décide de postuler chez Erilia, confrontée à des postes n’incluant que très peu de contacts sociaux dans le secteur du tourisme marseillais. « La proximité avec les gens m’importe beaucoup. C’est aussi pour ça que j’aime le travail que je fais aujourd’hui. Pour ça et parce que j’ai vraiment la sensation d’être utile, s’enthousiasme-t-elle. Un matin, j’aide une mamie à rentrer chez elle, un autre jour, j’écoute les histoires d’amours des locataires, je suis vraiment en relation quotidienne avec eux ».

Un métier sans journée type

« Polyvalence, empathie et organisation », ce sont les trois mots que Bérangère choisit pour définir son quotidien. D’après elle, impossible de décrire une journée type. « Mon travail, c’est de trouver des solutions aux problèmes que rencontrent les locataires et ils sont de tous types ! Il peut s’agir d’une fuite d’eau, d’un début d’incendie, d’un problème de serrure, du ramassage d’encombrants… », détaille-t-elle. Ce jeudi, pendant sa ronde quotidienne de contrôle dans les garages dont elle est responsable, elle raconte les inondations qu’elle a dû gérer. « Quand tu arrives le matin et que tu vois que les voitures baignent dans l’eau, tu sais que tu vas passer une bonne journée », ironise-t-elle.

Au total, la résidence compte 783 logements, répartis sur quatre bâtiments, et 600 garages. Un périmètre que Bérangère se partage avec deux autres gestionnaires d’immeubles. Sur les plus de 1 600 locataires, 63 % sont âgés de plus de 60 ans. Un public dont l’employée d’Erilia à l’habitude de s’occuper et qu’elle croise souvent dans la « conciergerie », un espace mis en place par le bailleur et géré par l’association Handitoit. Sur place, les habitants séniors peuvent tester des équipements de salle de bain facilitant l’usage quotidien, mais se retrouvent aussi pour jouer aux cartes ou prévoir des activités communes, comme des balades à la mer, des ateliers cuisine ou des projections de films. « C’est vraiment chouette parce que ça permet aux gens de se rencontrer et d’organiser ensuite des sorties communes, indépendamment de nous. C’est utile pour lutter contre l’isolement des personnes âgées, mais nous aimerions parvenir à attirer des jeunes aussi », explique la gérante Handitoit de la conciergerie.

Du social au quotidien

Trouver des solutions à des problèmes variés et parfois plus lourds que d’autres, c’est là toute la complexité de la mission du gestionnaire d’immeubles. Parmi les souvenirs marquants de Bérangère : les trois fois où elle s’est occupée de cas de violences conjugales. « Ce ne sont pas des moments faciles, mais c’est là que mon travail trouve tout son sens, reconnaît-elle. Chaque femme est venue se confier à moi de manière différente et je suis heureuse d’avoir pu les diriger vers les structures et personnes qui pouvaient les aider à sortir de là ».

« Mais j’ai aussi des histoires rigolotes », ajoute-t-elle, évoquant, rieuse, la fois où une locataire a tenté de brancher un câble de connexion gaz à la machine à laver.

Margot Milhaud