Et voilà un Italien de plus au Rugby club toulonnais. Ou plutôt, un Italo-Argentin. Vice-capitaine de la Squadra Azzurra, Juan Ignacio Brex, dit « Nacho » (33 ans, 46sélections), arrive dans l’effectif rouge et noir en tant que renfort d’expérience et facilitateur de jeu. Recrue phare de la ligne de trois-quarts cet été, l’ancien centre de Trévise se livre pour la première fois depuis son arrivée.
Pourquoi avoir accepté la proposition de Toulon?
C’est un club que j’ai toujours regardé. Quand je mettais le rugby à la télé, plus jeune, c’était bien souvent Toulon, en particulier durant les années glorieuses, 2013, 2014, 2015… J’adorais. J’ai aussi des amis qui ont joué ici, comme Facundo Isa. Ils m’ont beaucoup parlé du club, qui est historique en France. Pour moi, c’est comme un rêve d’être là. Je ne pensais pas que ce rêve deviendrait réalité. Mais ça s’est fait. Et j’en suis si heureux!
Était-ce le bon moment pour quitter l’Italie?
Après huit ans là-bas, et parce que les choses ont changé dans le club [Trévise, où il évoluait depuis 2017], il était temps pour moi de bouger. J’ai trouvé cette superbe opportunité et, forcément, je l’ai tout de suite saisie.
Entre l’Argentine et l’Italie, vous avez toujours vécu dans une atmosphère très latine…
Je viens d’Argentine donc, pour moi, la passion est cruciale. Et je sais qu’ici, à Toulon, il y en a beaucoup. Pas seulement au sein du club, mais chez les gens à l’extérieur. Ils donnent beaucoup d’amour. C’est ce que j’aime.
Quelles sont vos premières impressions sur la région?
Ça a l’air incroyable. Évidemment, vivre près de la mer avec mes deux enfants, c’est à la fois différent et très bien pour eux. J’ai hâte de voir l’atmosphère lorsque le championnat commencera.
Vous qui avez déjà affronté Toulon à plusieurs reprises, qu’attendez-vous de Mayol?
J’étais venu avec le Benetton et les supporters étaient fous! Ils étaient très bruyants, ils criaient tout le temps. Quand c’est en votre faveur, ce genre de choses vous donne de l’énergie supplémentaire. À Mayol, je m’attends à découvrir beaucoup de gens, de passion et d’énergie. J’ai toujours bataillé dans les meilleures compétitions en Europe, et parfois même en France. Être ici signifie donc énormément. Je viens pour essayer de gagner, d’accomplir quelque chose.
Comment vivez-vous le fait de vous entraîner tout près de vos idoles, Ma’a Nonu et Sergio Parisse?
C’est incroyable! J’essaie de m’améliorer en les regardant ou en les écoutant. Ils ont pratiqué ce sport avant moi. Et donc, il y a fort à parier qu’ils savent plus de choses (rires). C’est pour moi le temps d’écouter et de m’améliorer encore.
Toulon a de plus en plus d’Italiens dans son groupe. Votre proximité avec Gianmarco Lucchesi, Paolo Garbisi et Andrea Masi facilite-t-elle votre intégration?
Complètement. Je suis comme le petit nouveau qui arrive à l’école (rires). Et, avec eux, je peux apprendre plus vite le français, parce que je leur demande tout le temps des choses! Puis, ils connaissent l’équipe, donc je peux aussi me rapprocher des autres plus facilement, plus vite.
Vous avez d’ailleurs déjà une vraie connexion dans le jeu avec Garbisi, votre ouvreur en sélection et ancien partenaire à Trévise…
C’est clair que c’est encore mieux même si, évidemment, il nous reste à être alignés ensemble. Mais Paolo me connaît et je connais Paolo. Il est très passionné et nous avons une excellente connexion sur le terrain. Nous communiquons toujours beaucoup l’un avec l’autre. Bon, maintenant, je vais devoir lui parler en français, mais ça va le faire!
Une éventuelle arrivée de votre complice au centre en équipe nationale, le phénomène Tommaso Menoncello, est beaucoup évoquée à Toulon. Vous qui le considérez comme un petit frère, en avez-vous discuté avec lui?
Oui, on en a parlé. Je lui ai dit que je voulais qu’il vienne jouer avec moi. Pour moi, c’est sans doute un autre rêve que d’être dans la même équipe de Tommy… Encore une fois! Après, il faut avant tout qu’il fasse ce qu’il veut et qu’il soit heureux, car c’est sa carrière. Donc on verra. Mais j’espère qu’il viendra car ça pourrait être incroyable d’avoir Tommy ici.
Son lien avec Andrea Masi
Au pied du Faron, « Nacho » Brex a retrouvé celui qui fut l’un de ses mentors à Trévise. Aujourd’hui entraîneur des arrières du RCT, Andrea Masi a côtoyé l’Argentin d’origine durant ses deux saisons passées dans le staff des Leoni. « Il me connaît très bien. Nous avons longtemps travaillé ensemble et, bien sûr, je voulais de nouveau évoluer avec lui », assure le trois-quarts centre de 33 ans.
De l’autre côté des Alpes, Andrea Masi aurait ainsi contribué à l’évolution du jeu offensif de Brex. Auparavant très porté vers le un contre un, ce dernier endosse désormais davantage le rôle de second « animateur ». Et se fait une joie à l’idée de retrouver le technicien dans le Var: « Évidemment, on avait parlé ensemble de cette possibilité. Je l’ai appelé, il m’a appelé… » Et de plaisanter: « J’espère qu’il a poussé [auprès de la direction] pour que je vienne. Je ne sais pas, mais c’est probable! »
Un petit pépin physique bientôt réglé
Les supporters varois présents lors des deux premiers entraînements publics de l’été ont eu beau chercher, impossible pour eux d’apercevoir l’international italien de 1,89m pour 98kg sur le pré, aux côtés des autres recrues. Le natif de Buenos Aires s’en explique: « J’ai eu un tout petit pépin au quadriceps. Ce n’était même pas vraiment une blessure, mais on m’a arrêté pendant dix jours. Je reviendrai sûrement jeudi [demain] avec l’équipe. » S’il ne pourra peut-être pas s’entraîner « à 100% » tout de suite, il devrait néanmoins être « à fond » à partir de la semaine prochaine.
Il a dit
« Je sais que je suis différent de Leicester [Fainga’anuku]. Il a fait une très bonne saison, mais je ne me compare pas à lui et ne me mets pas de pression sur ça. Je pense que le staff sait ce que je peux apporter à l’équipe, et c’est pour ça qu’on m’a proposé de venir. Je vais essayer d’amener mon expérience, mes aptitudes en défense, et aider l’équipe à jouer un très bon rugby. »