Le vélodrome d’hiver, détruit en 1959, fait aujourd’hui place à un ensemble d’immeubles, où se trouve le Jardin mémorial des enfants du Vél’ d’Hiv’, rue Nélaton dans le quartier Grenelle de Paris. Inauguré en juillet 2017, à l’occasion du 75e anniversaire de la Rafle du Vel’ d’Hiv’ par Emmanuel Macron, le jardin rappelle que 4 115 enfants juifs ont été raflés les 16 et 17 juillet 1942, séparés de leurs parents, déportés et exterminés dans le camp d’Auschwitz.
avant
aujourd’hui
Au début du XXe siècle, la compétition cycliste devient un spectacle prisé par la population des villes. D’abord désigné comme « le temple des sports du boulevard de Grenelle », le Vélodrome d’Hiver est érigé en 1909. On l’appelait communément le Vél’ d’Hiv’. Il est construit en charpente métallique ; les gradins sont faits de briques et de béton sur lesquels prennent place 17 000 spectateurs. Ils regardent les coureurs qui parcourent une piste en bois de sapin ovale, avec virages relevés de 250 mètres de développement autour d’une vaste pelouse centrale. La salle est éclairée par une immense verrière de plus de mille ampoules.
Le meeting d’ouverture a lieu le dimanche 13 février 1910. De nombreuses manifestations s’y déroulent, même au cours de la Grande Guerre. En 1913, est créée la célèbre course des Six Jours de Paris ; elle connaît son heure de gloire dans l’entre-deux-guerres ! Les Jeux Olympiques d’été 1924 se déroulent au Vel d’Hiv. À partir de 1926, on élit « la reine de la course cycliste des Six Jours de Paris », à tour de rôle : Edith Piaf, Yvette Horner, etc.
En 1931, le vélodrome devient le Palais des Sports de Grenelle. Outre les courses cyclistes, il accueille des matchs de boxe et d’autres compétitions sportives : du patinage à roulettes, du hockey et du patinage sur glace, du tennis et du basket-ball…
Mais à la mi-juillet 1942 à la demande du Troisième Reich, les autorités françaises utilisent le Palais des Sports de Grenelle comme lieu de transit pour 13 152 personnes juives, dont 4 115 enfants. Les prisonniers sont détenus entassés plusieurs jours, dans des conditions de vie très précaires et sans soins. Victimes de la rafle du Vél d’Hiv’ du 16 et 17 juillet 1942, la plus grande arrestation de Juifs en France de la Seconde Guerre mondiale, les prisonniers sont envoyés vers des camps de transit : de Pithiviers (45), de Beaune-la-Rolande (45) et notamment 5 000 d’entre eux sont véhiculés en autobus vers celui de Drancy (93). Ils sont ensuite déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau en Pologne. Moins d’une centaine d’adultes ont survécu, tous les enfants ont été exterminés…
Après la guerre, on organise au Vélodrome des tournois de boxe avec notamment le boxeur Marcel Cerdan, des épreuves équestres, des défilés de mode et même des courses de taureaux et des corridas. Du 3 au 12 mai 1951, le championnat d’Europe masculin de basket-Ball s’y déroule, ainsi que les championnats de patinage artistique en 1949 et 1952, en 1956 et 1958 ; la troupe sur glace Holiday one Ice fait son apparition dès 1948.
Marcel Cerdan
Au mois d’août 1958, le Vélodrome d’Hiver accueille un centre de rétention pour les Français musulmans d’Algérie, avant sa destruction l’année suivante. Il a été remplacé en 1961 par des bureaux occupés un temps par un service du ministère de l’Intérieur.
le dernier gardien du vélodrome avant sa fermeture
En 1961 le premier grand immeuble s’élève à la place du Vel d’Hiv.
Aujourd’hui, le Jardin mémorial des enfants du Vél’ d’Hiv’ a été construit sur l’emplacement précis de l’entrée de l’ancien vélodrome, au milieu du quartier de Grenelle et de ses hauts et nombreux immeubles. Il est relativement difficile à trouver sauf si on connaît parfaitement l’adresse : 7, rue Nélaton – quartier Grenelle dans le 15e arrondissement à Paris.
Protégé par une clôture métallique, le Jardin mémorial des enfants du Vél’ d’Hiv’ est une pièce végétale entourée d’une treille sur laquelle poussent des plantes grimpantes à fleurs blanches. C’est un lieu de recueillement, qui accueille le mur du souvenir où sont inscrits les noms et les âges de ces jeunes victimes arrêtés par le gouvernement de Vichy complice de l’occupant nazi, et assassinés dans les camps de la mort parce qu’ils étaient juifs.
Ce jardin affiche aussi les photos des enfants et de leur famille ; il est composé de clématites et de plantes vivaces. Le jardin est également ponctué de pierres sculptées de différentes tailles qui rappellent les cailloux blancs déposés sur les tombes juives.
Chaque année, une cérémonie est organisée conjointement par le ministère des Armées et le Conseil représentatif des institutions juives de France, hommage rendu aux 13 152 personnes arrêtées au cours de la rafle du Vél d’Hiv, les 16 et 17 juillet 1942. Cette année, elle s’est déroulée le dimanche 20 juillet.