Les baigneurs sont prévenus: plus aucune goutte d’eau ne sortira des robinets des différentes douches réparties sur les dix plages de Cagnes-sur-Mer.

Une mesure qui fait suite à l’arrêté préfectoral du 28 juillet, qui classe le bassin versant du fleuve la Cagne en alerte sécheresse renforcée et impose par ailleurs un certain nombre de restrictions d’eau (voir encadré).

« On applique strictement l’arrêté. Il faut garantir les usages prioritaires », a réagi Louis Nègre, le maire de la ville, dans nos colonnes

Mais qu’en est-il sur le reste du littoral, notamment à Nice, Cannes et Antibes?

« Deux pressions suffisent pour un bon rinçage »

Ces communes étant classées en alerte sécheresse, non renforcée, la réglementation n’exige pas une fermeture des douches.

Pour autant, s’aligneront-elles sur cette mesure par « solidarité » et « exemplarité », comme en appelle dans un communiqué, notamment à Nice, l’élue d’opposition écologiste niçoise Hélène Granouillac (lire ci-contre)?

À Nice, non concernée par l’alerte sécheresse, les douches de plage continueront à être opérationnelles, nous fait savoir la Ville.

« Les douches de plage sont déjà équipées de dispositifs économes: boutons-poussoirs, pommes de douche à débit réduit, coupure automatique, et interdiction du savon. Elles répondent à un double impératif, l’hygiène élémentaire dans une ville touristique et la consommation responsable. Face aux appels à la fermeture symbolique des douches, je le dis clairement: nous ne céderons pas à une écologie de l’interdiction », indique Christian Estrosi.

Antibes, de son coté, affirme son « choix de maintenir les douches de plage pour des raisons sanitaires élémentaires, notamment en lien avec l’hygiène post-baignade ». Avec toutefois un usage optimisé « pour éviter tout gaspillage ». 

Concrètement, « le débit et le temps d’écoulement ont été fortement réduits, les douches sont actionnées par bouton poussoir, dont la durée a été réglée pour limiter le volume utilisé et tout usage de savon est interdit ».

Apposés sur les douches, des messages de sensibilisation ne manquent pas de rappeler que « deux pressions suffisent pour un bon rinçage ». 

« Ineptie »

Plus à l’Ouest, dans le bassin cannois, le Syndicat mixte des communes alimentées par les canaux de la Siagne et du Loup (SICASIL) (1) « conteste » l’arrêté préfectoral qu’il qualifie d' »ineptie » et juge « incohérent au regard de l’état actuel des ressources en eau, qui demeure largement excédentaire ».

« À titre d’exemple, le débit moyen journalier de la Siagne aval (au pont de Pégomas) s’élève à 1.100 l/s (seuil d’alerte: 800 l/s), celui du Loup (station des Ferrayonnes) atteint 1.014 l/s (seuil d’alerte: 400 l/s), et le lac de Saint-Cassien présente un volume supérieur à 24,5 millions de m³, soit un niveau largement supérieur à la moyenne des années précédentes », avance le syndicat, rappelant les 90 millions d’euros d’investissements réalisés depuis 2001 « afin de sécuriser l’approvisionnement en eau potable du bassin cannois ».

Par conséquent, concernant la Ville de Cannes, « aucune mesure de restriction particulière n’est mise en œuvre à ce stade, en dehors des actions déjà conduites de manière continue ».

À savoir: le nettoyage depuis 2023 des voiries, des stades, des véhicules industriels municipaux ainsi que l’arrosage des espaces verts avec des eaux usées traitées (qui étaient auparavant rejetées en mer), l’utilisation de fontaines publiques en circuit fermé, le nettoyage des rues à haute pression qui permet de réduire de moitié la quantité d’eau utilisée, la mise en place d’un système de goutte-à-goutte pour l’arrosage des espaces verts, l’exploitation des eaux d’exhaure du parking municipal Lamy pour l’arrosage et le choix de plantes méditerranéennes dans les espaces publics peu consommatrices en eau.

1. Le SICASIL est l’autorité organisatrice du service de l’eau potable sur le territoire regroupant les communes suivantes: Cannes, Le Cannet, Mougins, Mandelieu-La-Napoule, Auribeau-sur- Siagne, Pégomas, La Roquette-sur-Siagne, Théoule-sur-Mer et Vallauris-Golfe Juan.


Par « solidarité » et « exemplarité », la conseillère municipale niçoise appelle à l’arrêt de ces installations « aussi longtemps que nécessaire ». Photo Dylan Meiffret.

Arrêt des douches de plage: une élue niçoise en appelle à « une politique d’économie du bon sens »

Élue d’opposition écologiste, membre de la Régie Eau d’Azur, Hélène Granouillac a interpellé dans un communiqué le maire de Nice et président de la métropole Nice Côte d’Azur, Christian Estrosi, sur les douches de plage.

Par « solidarité » et « exemplarité », la conseillère municipale appelle à l’arrêt de ces installations « aussi longtemps que nécessaire ».

« Se défendre d’avoir installé des boutons poussoirs et des pommes de douche économes sur les douches de plage ne peut plus exonérer la 5ème ville de France, tacle l’élue. Il est temps que Nice s’aligne sur une politique d’économie du bon sens. »

Hélène Granouillac défend « une mesure juste et équitable pour la population locale », également « compréhensible par les touristes » car faite « pour le bien commun ».

Le point sur les restrictions
En cas d’alerte sécheresse:

  • Interdiction d’arroser entre 8h à 20h les pelouses, massifs fleuris, espaces verts et jardins potagers.
  • Fermeture des fontaines, sauf celles fonctionnant en circuit fermé.
  • Remplissage et vidange des piscines non collectives interdits (mise à niveau autorisée).
  • Jeux d’eau interdits.
  • Interdiction de laver les engins nautiques, sauf pour les professionnels utilisant du matériel haute pression et un système de recyclage de l’eau.
  • Pour les golfs, interdiction d’arroser de 8h à 20h et 20% de réduction des prélèvements et consommations d’eau.
  • Limitations des programmes pour les centres de lavage automobiles ne disposant pas d’un système de recyclage à plus de 70%.
  • Pour les usagers professionnels, interdiction d’irriguer de 9h à 19h et réduction de -20% des consommations ou prélèvements.
  • Pour les usages industriels, réduction des prélèvements journaliers d’eau et des consommations de -20%.

En cas d’alerte sécheresse renforcée, pour les usages autres qu’agricoles, industriels et artisanaux: